Inde : l'impression à la planche, «le grand trésor» d'une créatrice de textiles

Brigitte Singh étend sur son bureau un carré d'étoffe moghol du XVIIe siècle, orné d'un grand pavot rouge. (Photo, AFP)
Brigitte Singh étend sur son bureau un carré d'étoffe moghol du XVIIe siècle, orné d'un grand pavot rouge. (Photo, AFP)
Dans l'imprimerie, six ouvriers œuvrent sur de longues tables, recouvertes de 24 couches de tissu pour ne pas endommager les planches avec lesquelles ils tamponnent la toile de coton. Fermement mais avec délicatesse, ils n'impriment pas plus de 40 mètres de tissus par jour. (Photo, AFP)
Dans l'imprimerie, six ouvriers œuvrent sur de longues tables, recouvertes de 24 couches de tissu pour ne pas endommager les planches avec lesquelles ils tamponnent la toile de coton. Fermement mais avec délicatesse, ils n'impriment pas plus de 40 mètres de tissus par jour. (Photo, AFP)
Dans l'imprimerie, six ouvriers œuvrent sur de longues tables, recouvertes de 24 couches de tissu pour ne pas endommager les planches avec lesquelles ils tamponnent la toile de coton. Fermement mais avec délicatesse, ils n'impriment pas plus de 40 mètres de tissus par jour. (Photo, AFP)
Dans l'imprimerie, six ouvriers œuvrent sur de longues tables, recouvertes de 24 couches de tissu pour ne pas endommager les planches avec lesquelles ils tamponnent la toile de coton. Fermement mais avec délicatesse, ils n'impriment pas plus de 40 mètres de tissus par jour. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 30 août 2022

Inde : l'impression à la planche, «le grand trésor» d'une créatrice de textiles

Brigitte Singh étend sur son bureau un carré d'étoffe moghol du XVIIe siècle, orné d'un grand pavot rouge. (Photo, AFP)
Dans l'imprimerie, six ouvriers œuvrent sur de longues tables, recouvertes de 24 couches de tissu pour ne pas endommager les planches avec lesquelles ils tamponnent la toile de coton. Fermement mais avec délicatesse, ils n'impriment pas plus de 40 mètres de tissus par jour. (Photo, AFP)
Dans l'imprimerie, six ouvriers œuvrent sur de longues tables, recouvertes de 24 couches de tissu pour ne pas endommager les planches avec lesquelles ils tamponnent la toile de coton. Fermement mais avec délicatesse, ils n'impriment pas plus de 40 mètres de tissus par jour. (Photo, AFP)
  • Cette Indienne d'origine française, naturalisée en 2002, puise son inspiration dans le riche patrimoine du pays, avec une prédilection pour le raffinement des motifs anciens moghols
  • Etudiante aux Arts décoratifs de Paris, elle débarquait avec l'intention de se former à la peinture miniature

AMBER: Brigitte Singh étend sur son bureau un carré d'étoffe moghol du XVIIe siècle, orné d'un grand pavot rouge. Ce motif, qui ne cesse d'inspirer la créatrice de textiles imprimés à la planche, installée depuis quarante ans au Rajasthan,, est un des fleurons de son atelier au savoir-faire traditionnel. 

Cette Indienne d'origine française, naturalisée en 2002, puise son inspiration dans le riche patrimoine du pays, avec une prédilection pour le raffinement des motifs anciens moghols. 

« J'ai été la première à offrir une renaissance à ce genre de dessins moghols », déclare la créatrice de 67 ans, décorée de la Légion d'honneur en 2015. 

« L’impression à la planche est une très ancienne tradition, impossible à dater, née quelque part entre l'Inde, la Chine et le Tibet », poursuit-elle. Jaipur, où elle a atterri en 1980 à l'âge de 25 ans, « en est le dernier bastion d’importance ». 

Etudiante aux Arts décoratifs de Paris, elle débarquait avec l'intention de se former à la peinture miniature. 

« Je rêvais d'en faire à Ispahan, mais les ayatollahs étaient arrivés en Iran, ou à Hérat, mais les Soviétiques étaient arrivés en Afghanistan », dit-elle, « je suis arrivée à Jaipur par défaut ». 

« Potion magique »  

Quelques mois plus tard, elle est présentée à un aristocrate, également féru de miniature, apparenté au Maharajah du Rajasthan. Ils se marient en 1982. 

En quête de papier traditionnel pour sa peinture, elle découvre des ateliers d’impression à la planche. « Je suis tombée dans la potion magique, sans retour possible ». 

« Je me suis essayée à la technique en imprimant des foulards, juste pour faire des cadeaux, en m'inspirant de petits motifs du XVIIIe siècle », raconte-t-elle 

Deux ans plus tard, de passage à Londres, elle en offre à des amis, amateurs éclairés de textiles indiens. Ils la poussent à les montrer à Colefax and Fowler, célèbre maison de décoration anglaise. 

« Et avant d’avoir décidé quoi que ce soit, je suis rentrée en Inde avec une commande de tissus imprimés ». 

Elle a travaillé pendant vingt ans avec « une famille d'imprimeurs » à Jaipur avant de faire bâtir, à une dizaine de kilomètres de là, à Amber, sa propre imprimerie traditionnelle. 

Son beau-père, grand collectionneur de miniatures du Rajasthan, lui avait offert l'étoffe au « grand pavot, probablement imprimée pour Shah Jahan », l'empereur moghol auquel l'Inde doit le Taj Mahal, dit-elle. 

« Confort de l'âme »  

« A l'époque, le pavot était cultivé au Rajasthan (...) les artisans et les artistes s'inspiraient de ce qu'ils voyaient autour d'eux » dit-elle, expliquant pourquoi le pavot était un ornement si répandu. 

La réédition de ce motif ancien, « repris tel quel », lui a valu un immense succès auprès des fins connaisseurs des arts textiles du monde entier et de sa clientèle indienne, anglaise et japonaise. 

Sa dernière création imprimée de son « grand pavot » est un manteau de coton matelassé d'inspiration moghole, appelé « Atamsukh », signifiant « confort de l'âme », et destiné à un prince du Koweït. 

Un exemplaire datant de 2014 figure dans les collections du Victoria & Albert Museum à Londres. Le Metropolitan Art Museum de New York possède un caleçon signé Brigitte Singh. 

« Je prends toutes les libertés du monde avec les motifs et les couleurs », admet-elle dans son atelier à dessin, « je ne suis pas historienne ! » 

Elle travaille au pinceau pour donner des dessins très précis à son sculpteur Rajesh Kumar qui les grave sur les planches en bois servant à l'impression. 

« Sophistication de la simplicité »  

Il reproduit ses motifs, d'une exigeante finesse, à l'identique, pour chaque couleur. 

« Le motif des fleurs de pavot, par exemple, a cinq couleurs, j'ai donc dû graver cinq planches », explique-t-il dans l'atelier, « il m'a fallu vingt jours ». 

« Nous avons besoin d'un sculpteur remarquable, d'un oeil très sérieux », souligne la créatrice, « la planche sculptée, c'est la clé ! Cet outil a la sophistication de la simplicité ». 

Dans l'imprimerie, six ouvriers œuvrent sur de longues tables, recouvertes de 24 couches de tissu pour ne pas endommager les planches avec lesquelles ils tamponnent la toile de coton. Fermement mais avec délicatesse, ils n'impriment pas plus de 40 mètres de tissus par jour. 

« Chaque couleur doit être superposée, l'une après l'autre, avec exactitude », déclare Matin Anwar Khan, chef de l'atelier et maître coloriste, « plusieurs jours d'essais sont nécessaires pour composer des couleurs justes et uniformes ». 

Une fois « les sauces » approuvées, les gestes des imprimeurs se livrent, d'une table à l'autre, à leur invariable chorégraphie. 

« Ils ont des mains intelligentes », observe Brigitte Singh. « L'important est de garder ce savoir-faire en vie. Plus précieux que le produit, le savoir-faire est le grand trésor ». 


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).