A Téhéran, le tapis tissé à la main fait sa révolution

Les gens passent devant une exposition de tapis modernes en laine d'Azerbaïdjan avec des motifs géométriques traditionnels datant du XVIIe siècle lors de la 29e exposition de tapis faits à la main à Téhéran, la capitale iranienne, le 26 août 2022. (Photo, AFP)
Les gens passent devant une exposition de tapis modernes en laine d'Azerbaïdjan avec des motifs géométriques traditionnels datant du XVIIe siècle lors de la 29e exposition de tapis faits à la main à Téhéran, la capitale iranienne, le 26 août 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 29 août 2022

A Téhéran, le tapis tissé à la main fait sa révolution

Les gens passent devant une exposition de tapis modernes en laine d'Azerbaïdjan avec des motifs géométriques traditionnels datant du XVIIe siècle lors de la 29e exposition de tapis faits à la main à Téhéran, la capitale iranienne, le 26 août 2022. (Photo, AFP)
  • Après deux ans de pause en raison de la pandémie, l'exposition de tapis de Téhéran a repris cette semaine avec quelque 400 exposants venus de tout le pays
  • Le tapis persan le plus ancien qui a été conservé à 2 400 ans et est exposé au musée de l'Ermitage, en Russie. Mais c'est à l'époque safavide (16è-18è siècle) que l'art du tapis persan connaîtra son apogée

TÉHÉRAN: Le tapis iranien fait main, un art millénaire, connaît une petite révolution: face à une compétition internationale de plus en plus rude, les oeuvres traditionnelles aux motifs floraux sont délaissées au profit de créations aux figures géométriques modernes, plus petites, et surtout moins onéreuses. 

Après deux ans de pause en raison de la pandémie, l'exposition de tapis de Téhéran a repris cette semaine avec quelque 400 exposants venus de tout le pays, alors qu'à l'étranger l'Inde, la Chine ou encore la Turquie rognent des parts de marché considérables aux Shiraz, Tabriz, Qom ou Ispahan. 

Mais Ahad Azimzadeh, qui se présente comme « le plus grand exportateur de tapis persans au monde », est convaincu du bouleversement inéluctable qui se produit dans cet artisanat multiséculaire. 

« Une révolution est en cours », assure cet homme de 65 ans. 

« Bien sûr, les tapis traditionnels ont leur clientèle, mais l'avenir appartient aux tapis modernes faits main », dit-il devant un tissage de 3 m2, représentant 102 personnalités mondialement connues comme Charlie Chaplin, Staline ou Einstein. 

Il a fallu cinq ans pour réaliser cette oeuvre qu'il vend à près de 90 000 euros. 

A titre de comparaison: un Tabriz de 2 000 m2 est affiché à près de 120 millions d'euros et un Kashan en soie vieux de 170 ans est en vente pour environ 160 000 euros. 

Le tapis persan le plus ancien qui a été conservé à 2 400 ans et est exposé au musée de l'Ermitage, en Russie. Mais c'est à l'époque safavide (16è-18è siècle) que l'art du tapis persan connaîtra son apogée. 

« Les motifs classiques du tapis iranien sont millénaires, mais aujourd'hui il y a une forte demande pour les formes contemporaines, plus adéquates pour des maisons modernes », dit-il. « Les couleurs sont claires, et les dimensions plus petites. C'est ce que désire la nouvelle génération. » 

« Changement des mentalités » 

Dans son stand, pourtant, ce sont les tapis traditionnels qui dominent. « Nous allons progressivement les remiser. L'an prochain, 70% des tapis exposés seront modernes », ajoute ce self made man, qui a commencé à tisser à l'âge de sept ans avant de se lancer dans le commerce de tapis à Ispahan à 14 ans. 

Le tapis iranien reste fortement apprécié des connaisseurs, mais ses ventes ont connu une chute vertigineuse en 30 ans, le pays ayant été devancé notamment par l'Inde et la Chine. 

« En 1994, le montant des ventes de tapis iraniens à l'étranger s'élevait à 1,7 milliard de dollars et représentait 40% de nos exportations non pétrolières », affirme Ahmad Karimi Esfahani, chef de l'Union des fabricants et exportateurs de tapis faits main. 

Mais en 2021-2022, les ventes n'atteignent plus que 64 millions de dollars, selon le Centre national du tapis en Iran. 

« Les sanctions ont sûrement eu un impact, mais la baisse s'explique surtout par la grande diversité de tapis sur le marché et le changement des mentalités et des goûts des nouvelles générations », explique M. Karimi. 

« De nos jours, les gens perçoivent le tapis comme un bien de consommation à mettre devant la porte, tandis que dans le passé, c'était un investissement, et le tapis représentait un capital pour le futur. Il a perdu son statut d'objet d'art », se désole-t-il. 

« Une mode »  

Troisième génération de négociants, Abbas Arsin a créé il y a 25 ans ce qu'il appelle le « tapis transitionnel ». 

Cela consiste à faire pâlir les couleurs trop vives des pièces aux motifs traditionnels, en les frottant et les exposant au soleil. 

« Quand j'ai commencé avec cette technique, mon père et mon frère aîné ne comprenaient pas ce que je faisais. Mais quand j'ai exposé mes premières pièces et que la clientèle était au rendez-vous, ils m'ont dit de ne faire que cela », raconte en souriant cet homme de 40 ans. 

Selon lui, l'Inde, le Pakistan, la Turquie ou la Chine ont devancé l'Iran sur le marché international du tapis, car « nous, Iraniens, avions moins de relations avec le reste du monde. Nous n'avons pas vu les changements s'opérer ». 

Cette révolution ne fait toutefois pas unanimité à cette 29ème édition de l'exposition annuelle du tapis à Téhéran. 

Mehdi Jamshidi, directeur de ventes de d'Iran Carpet Company, dont le slogan est « Marchez dans un jardin persan! », affirme que la compagnie a « commencé à fabriquer des tapis aux motifs modernes il y a un an, mais cela ne représente que 5% de notre production ». 

« Je ne pense que nous irons au-delà », assure ce cadre de 42 ans. « Les tapis modernes ne remplaceront jamais les traditionnels enracinés dans notre culture et nos régions ». 

« Il s'agit d'une mode et comme chaque mode elle disparaîtra », assène de son côté Hamid Sayahfar, négociant de tapis de 54 ans qui vit entre Téhéran et Toronto. Les pièces modernes sont « peut-être bien pour décorer les bureaux mais pas pour un espace de vie. » 


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
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  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.


Message of Love: un concert évènement à Dubaï au profit du Liban

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  • Avec les prestations de Tania Kassis, Joseph Attieh, DJ Rodge, Michel Fadel et Anthony Touma, le concert présentera une panoplie de succès populaires tels que « Lebnan Rah Yerja3 »
  • Le présentateur Wissam Breidy sera également de la partie, dans le cadre d'une apparition spéciale

DUBAI: Message of Love, en collaboration avec One Lebanon, est un concert qui rassemble des stars libanaises pour une soirée mémorable de musique dédiée au Liban.
Avec les prestations de Tania Kassis, Joseph Attieh, DJ Rodge, Michel Fadel et Anthony Touma, le concert présentera une panoplie de succès populaires tels que « Lebnan Rah Yerja3 », « Watani », « Elle s'appelait Beirut » et « Waynik Beirut », ainsi que des chansons libanaises qui réchauffent le cœur et qui trouveront un écho profond auprès du public.

Le présentateur Wissam Breidy sera également de la partie, dans le cadre d'une apparition spéciale.

 


Spike Lee présidera le jury du Festival international du film de la mer Rouge

Le cinéaste Spike Lee, lauréat d'un Oscar et connu pour des films comme "Malcom X" et "BlacKkKlansman", présidera cette année le jury de la compétition des longs métrages du Festival international du film de la mer Rouge. (AFP)
Le cinéaste Spike Lee, lauréat d'un Oscar et connu pour des films comme "Malcom X" et "BlacKkKlansman", présidera cette année le jury de la compétition des longs métrages du Festival international du film de la mer Rouge. (AFP)
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  • Le cinéaste Spike Lee, connu pour des films comme "Malcom X" et "BlacKkKlansman", présidera cette année le jury de la compétition des longs métrages du Festival international du film de la mer Rouge
  • La quatrième édition du festival aura lieu à Djeddah, en Arabie saoudite, du 5 au 14 décembre, dans la vieille ville de Djeddah, Al Balad

DUBAÏ: Le cinéaste Spike Lee, connu pour des films comme "Malcom X" et "BlacKkKlansman", présidera cette année le jury de la compétition des longs métrages du Festival international du film de la mer Rouge.

La quatrième édition du festival aura lieu à Djeddah, en Arabie saoudite, du 5 au 14 décembre, dans la vieille ville de Djeddah, Al Balad.

La compétition Red Sea: Features présentera les plus grandes réalisations d'un large éventail de cinéastes de la région arabe, d'Asie et d'Afrique. Seize longs métrages ont été sélectionnés pour présenter les œuvres les plus convaincantes, uniques et impressionnantes de l'année écoulée. Les gagnants seront sélectionnés par Lee et le reste du jury pour recevoir les très convoités Yusr Awards.

En 2023, le Yusr d'or du meilleur long métrage a été décerné à "In Flames", réalisé par Zarrar Khan.

Lee participera également au volet In Conversation du festival, qui accueille des sommités du secteur venues du monde entier pour partager leurs points de vue et avoir des discussions constructives sur leurs pratiques, leurs passions et leurs histoires.

Jomana Al Rashid, présidente de la Red Sea Film Foundation, a déclaré dans un communiqué: "En vue de notre quatrième édition, nous sommes honorés d'accueillir le légendaire Spike Lee en tant que président du jury du festival cette année. Spike est un réalisateur pionnier dont l'œuvre emblématique a eu un impact durable sur le cinéma en tant que média et sur la culture en général. Son énergie, sa perspicacité et son engagement sincère en faveur de la créativité et des nouvelles voix font de lui le candidat idéal pour diriger notre jury cette année - nous avons hâte qu'il s'engage avec les talents naissants de notre compétition".
 
Lee a ajouté: "Ayant eu la chance d'expérimenter directement l'incroyable réalisation de films, l'atmosphère et la créativité du Festival international du film de la mer Rouge en 2022, c'est un privilège de revenir cette année en tant que président du jury. En plus de créer un creuset où les cultures se rassemblent pour célébrer notre importante forme d'art, il est vital de continuer à mettre en avant les jeunes cinéastes émergents qui trouvent leur voix dans l'industrie, et il est passionnant de voir des réalisateurs débutants de toute la région arabe, d'Asie et d'Afrique dans le cadre de la compétition de cette année. J'ai hâte de me plonger dans le programme et de prendre des décisions qui, j'en suis sûr, seront très difficiles à prendre aux côtés des éminents membres du jury".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com