Le rôle crucial de l’OCDE en cinq étapes

Le bâtiment de l’OCDE à Paris (Photo, Jean-Loup GAUTREAU/AFP).
Le bâtiment de l’OCDE à Paris (Photo, Jean-Loup GAUTREAU/AFP).
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Publié le Mardi 03 novembre 2020

Le rôle crucial de l’OCDE en cinq étapes

  • L’OCDE a gagné en influence depuis dix ans sur la scène économique internationale, mais son rôle reste méconnu à quelques mois du renouvellement de son secrétaire général
  • Elle a été fondée en 1948 pour administrer le plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe, financé par les États-Unis

PARIS: Du rapport Pisa à la lutte contre l'évasion fiscale en passant par la codification des tracteurs : l’OCDE a gagné en influence depuis dix ans sur la scène économique internationale, mais son rôle reste méconnu à quelques mois du renouvellement de son secrétaire général.

« Moche endormie »

L’Organisation européenne de coopération économique (OECE) a été fondée en 1948 pour administrer le plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe, financé par les États-Unis. 

A la fin des années 50, les dirigeants de l'Ouest, inquiets de l’expansion du communisme, créent un nouvel organe destiné « à promouvoir une croissance économique durable, l’emploi et la prospérité » : l'Organisation de coopération et de développement économiques, née le 30 septembre 1961. 

Le Conseil, présidé par le secrétaire général et constitué des ambassadeurs des 37 pays membres, donne les orientations stratégiques à plus de 300 comités couvrant la quasi-totalité des politiques publiques. Les décisions sont prises par consensus. 

« Avant, c’était un truc poussiéreux, techno, des comités incompréhensibles, de la norme molle qui conduisait nulle part. Ce n'était pas la belle endormie, c'était la moche endormie », témoigne un cadre dirigeant. Tout change, selon lui, avec le Mexicain Angel Gurria, son secrétaire général depuis 2006, dont le mandat arrive à échéance en juin. Dix candidats, dont un proche de Donald Trump et deux ex-commissaires européennes, sont en lice pour succéder à celui qui ambitionnait de faire de l'OCDE « le secrétariat de la mondialisation ». 

Tracteurs

L'OCDE, c'est d'abord une base de données statistiques géante, pour évaluer les politiques publiques et faciliter les échanges entre pays. 

Elle produit quelque 500 rapports par an, qui vont des politiques d'immigration ou d'emploi à la parité en passant par des prévisions économiques classiques, mais édicte aussi des normes internationales (plus de 450 en 60 ans) : son best-seller est ainsi un manuel de codification des tracteurs.

C'est aussi un forum où se rencontrent fonctionnaires, experts et universitaires. Avant la pandémie, le siège de l'OCDE, dans le cossu XVIème arrondissement à Paris, accueillait ainsi près de 200 000 visiteurs par an. 

Un « club de riches » ?

C'est le surnom qu'on lui a donné. De fait, ses 37 membres (dont la Corée, le Japon et Israël) comptent pour 60% du PIB mondial. Mais « c'était 80% il y a 20 ans », affirme le cadre déjà cité. Et l'institution s'ouvre sur le monde émergent : en 2020, la Colombie l'a rejointe en attendant le Costa Rica et peut-être le Brésil, qui est candidat. 

Cette organisation qui incarnait le « consensus de Washington » (l'orthodoxie libérale) a par ailleurs « compris que le sujet des inégalités était crucial », selon cette source. Laurence Boone, sa cheffe économiste depuis peu, y fait très souvent référence.

« En Europe, l'OCDE est perçue comme une organisation libérale, qui est contre le Smic ou qui veut augmenter l’âge de la retraite, mais aux Etats-Unis ou en Australie, on est perçus comme des communistes », ironise un autre cadre. 

Fin du secret bancaire

C'est sa réussite la plus éclatante : les travaux de l'OCDE, mandatée par le G20, ont mis à mal le secret bancaire, en instaurant l'échange automatique d'informations entre les pays pour lutter contre l'évasion fiscale.

Depuis 2009, 84 millions de comptes bancaires sont concernés, ce qui a permis de collecter 102 milliards d'euros de taxes. 

L'OCDE n'a en revanche pas réussi à boucler jusqu'ici un dossier hautement contentieux, bloqué par les Etats-Unis : trouver un mode d'emploi international pour taxer les grandes entreprises du numérique, en particulier américaines. Les « Gafa » sont accusés de jouer avec les divers systèmes fiscaux nationaux pour payer des impôts sans rapport avec leurs gigantesques bénéfices.

Le « CHOC PISA »

Autre chantier très en vue de l'OCDE : le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), un test géant mené tous les trois ans pour comparer les performances des systèmes éducatifs (en 2018, 600 000 élèves de 79 pays ont été évalués).

Les résultats suscitent souvent un intense débat public, en particulier dans les pays les moins bien notés, quand d'autres sont érigés en modèles - ainsi la Finlande, dont le système scolaire se retrouve scruté à la loupe au niveau international.

En Allemagne, la révélation que les résultats des élèves allemands en compréhension écrite et mathématiques étaient inférieurs à la moyenne de l’OCDE avait créé un électrochoc en 2000, et conduit à des investissements massifs dans l'éducation.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.


Alzheimer : la vente d'un traitement pour certains patients est autorisée par Bruxelles

Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
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  • L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA
  • Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis.

BRUXELLES : La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle avait formellement autorisé un traitement destiné à réduire le déclin cognitif chez certaines personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, après le feu vert de l'Agence européenne des médicaments.

L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA « qui a conclu que les bénéfices de ce médicament étaient supérieurs aux risques », a souligné la Commission dans un communiqué.

Fin 2024, le régulateur européen avait recommandé d'accorder une autorisation de mise sur le marché du Leqembi (lécanemab) pour « le traitement des troubles cognitifs légers (troubles de la mémoire et de la pensée) ou de la démence légère dus à la maladie d'Alzheimer (maladie d'Alzheimer au stade précoce) ».

Elle avait précisé que ce feu vert était valable uniquement pour les patients présentant un risque plus faible d'hémorragie cérébrale potentielle, c'est-à-dire ceux qui n'ont « qu'une ou aucune copie du gène ApoE4 », un type de gène connu pour être un facteur de risque important pour la maladie d'Alzheimer.

Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis pour les patients n'ayant pas atteint un stade avancé de la maladie. Il est également commercialisé au Japon et en Chine.

Malgré des décennies de recherche, les scientifiques n'ont pas encore réussi à faire une véritable percée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, qui touche des dizaines de millions de personnes dans le monde. 


Un enfant meurt chaque jour en tentant de franchir la Méditerranée centrale, selon l'Unicef

Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
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  • Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.
  • Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages.

ROME : Selon un rapport publié mardi par l'Unicef, environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.

L'Unicef se fonde sur le fait que parmi les personnes arrivées sur le sol européen par cette voie migratoire, un sur six est un enfant, pour estimer ce chiffre.

Ce chiffre pourrait être sous-estimé, car de nombreux naufrages passent inaperçus, faute de survivants pour témoigner.

Par ailleurs, sept enfants sur dix voyagent seuls, sans leurs parents, selon l'agence onusienne chargée des enfants.

« Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté », indique le rapport, précisant que « plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré ». 

« Les gouvernements doivent protéger les droits et l'intérêt supérieur des enfants (...). Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages : ils accompagnent les enfants lorsqu’ils les traversent », a déclaré Regina De Dominicis, haut responsable de l'Unicef, citée dans le rapport.

L'agence onusienne rappelle que si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile devant entrer en vigueur mi-2026 « peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l'intérêt supérieur de l’enfant ».

L'Unicef appelle également à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en mer pour prendre en compte les besoins spécifiques des enfants. 

« À son arrivée, chaque enfant doit immédiatement bénéficier d'une représentation juridique ainsi que de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais entraîner la détention d'un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi », conclut l'Unicef.