«La question mémorielle, une priorité pour Macron», estime Hasni Abidi

La question mémorielle fait partie des priorités du président Macron depuis son premier quinquennat (Photo, AFP).
La question mémorielle fait partie des priorités du président Macron depuis son premier quinquennat (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 26 août 2022

«La question mémorielle, une priorité pour Macron», estime Hasni Abidi

  • Hasni Abidi, politologue algéro-suisse, spécialiste du monde arabe, enseigne au Global Studies Institute à l'université de Genève ainsi qu’à Sciences Po Paris
  • «Le président Macron part de l’idée qu’il vaut mieux investir sur les questions qui ne sont pas clivantes pour faire ensuite avancer les questions délicates»

PARIS: À l’occasion de la visite du présent français en Algérie, nous avons rencontré Hasni Abidi. Ce politologue algéro-suisse, spécialiste du monde arabe, enseigne au Global Studies Institute à l'université de Genève ainsi qu’à Sciences Po Paris. Il dirige par ailleurs le Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam).

Le président Emmanuel Macron décrit sa visite en Algérie comme une «visite de travail et d’amitié». Pour Hasni Abidi : «Cette première visite du second quinquennat est importante dans la politique française et elle représente une véritable opportunité, à la fois pour la France et pour l’Algérie. Emmanuel Macron a eu le temps de réviser et de retenir les leçons sur les limites de sa gestion du dossier algérien lors de son premier mandat. Ce dernier s’est terminé par une brouille entre Alger et Paris après les déclarations malheureuses du président français.»

Le politologue ajoute que nombre d’éléments font de cette visite un événement important dans l’agenda présidentiel français: sa durée – trois jours –, la forte délégation qui l’accompagne – et sa diversité –, une conjoncture internationale très vulnérable, mais aussi son timing. En effet, le président se rend en Algérie l’année où ce pays célèbre le 60e anniversaire de son indépendance et des accords d’Évian.

Pour Hasni Abidi «La politique extérieure est le miroir de la politique intérieure» (Photo fournie).

En plus des discussions politiques, le programme de la visite est centré sur la jeunesse. Dans le cadre de la coopération économique entre les deux pays, une rencontre est prévue avec de jeunes entrepreneurs et des fondateurs de start-up. «C’est un paradigme dans l’approche du président français, qui a déjà organisé un sommet consacré à la jeunesse et un Sommet des deux rives, à Marseille. Emmanuel Macron a voulu insister sur la présence des représentants de la société civile, parce qu’il veut orienter sa politique bilatérale et sa politique internationale vers de nouvelles perspectives en prenant en considération les forces vives et, surtout, la jeunesse. Il souhaite dépassionner le débat et jeter de nouvelles passerelles entre la France et ses partenaires en Afrique, ainsi que dans le monde arabe», nous déclare Hasni Abidi.

Concernant les questions techniques, la coopération et l’environnement, M. Abidi nous explique que le président français part de l’idée qu’il vaut mieux investir sur les questions qui ne sont pas clivantes pour faire ensuite avancer les questions délicates. Une telle approche permet de prendre soin des relations bilatérales.

La visite de certains lieux symboliques de l’histoire franco-algérienne, comme le cimetière européen, chrétien et juif de Saint-Eugène; la Grande Mosquée d’Alger; Santa Cruz; ou encore la maison natale d’Yves Saint Laurent, à Oran, représente-t-elle un moyen d’évoquer les questions mémorielles de façon plus subtile? À cette question, le politologue nous répond que la question mémorielle fait partie des priorités du président Macron depuis son premier quinquennat, voire depuis sa première campagne électorale, lorsqu’il a accordé à une chaîne de télévision algérienne cette fameuse interview au cours de laquelle il a déclaré: «La colonisation est un crime contre l’humanité.»

Le politologue ajoute que le président a raison de revenir sur la question mémorielle, sur les points convergents, ceux qui unissent les deux peuples, mettant en exergue l’histoire commune plutôt que les questions divergentes. «La relation franco-algérienne est singulière, forte et très ancienne. La visite de ces sites historiques et symboliques, dont certains sont situés au-delà de la capitale algérienne, est également une manière de dire que les relations franco-algériennes sont profondes. Certes, elles sont orientées vers l’avenir, mais elles possèdent des fondations anciennes importantes. Le président français veut surtout faire oublier les déclarations selon lesquelles la nation algérienne n’aurait pas existé avant 1830», soutient Hasni Abidi.

À notre question sur le fait que la France pourrait revenir sur les accords du 27 décembre 1968, dans le cadre des accords d’Évian, et qui ont été amendés à trois reprises – la dernière en juillet 2001 –, notamment en ce qui concerne la politique des visas, M. Abidi nous répond que la question de la mobilité n’est pas franco-algérienne. Elle relève de la relation entre l’Algérie et la France, mais aussi avec tous les pays du Maghreb, et au-delà. «Il est difficile d’avoir un régime spécial consacré à l’Algérie. En revanche, les accords que vous citez sont inscrits et ils datent des accords d’Évian; il est difficile pour les autorités françaises de revenir sur certains acquis.»

Il faut rappeler, ajoute-t-il, que cette visite est la première depuis longtemps – depuis le voyage avorté de l’ancien Premier ministre Jean Castex à Alger dans le cadre du comité intergouvernemental entre les deux pays. «Le grand paradoxe de la relation algéro-française, c’est qu’il n’existe pas de pourparlers, ni de négociations, ni de visites régulières de ministres. Il ne faut pas attendre un miracle de cette rencontre, même si elle va permettre d’ouvrir une nouvelle page des relations franco-algériennes et de mettre sur la table tous les dossiers et tous les contentieux. Toutefois, cela ne se fera pas en trois jours, mais plutôt dans la durée.»

Le président Macron aurait souhaité aller plus loin dans l’apaisement des relations franco-algériennes, mais il en a été empêché par les positions des partis d’opposition français, qu’ils soient de droite ou d’extrême droite. Pour le politologue, la politique extérieure est le miroir de la politique intérieure. «Le président Macron ne peut s’affranchir d’une manière aisée des contraintes de la politique interne, notamment avec la force électorale et politique de plusieurs millions de personnes qui sont liées d’une façon ou d’une autre par l’histoire de l’Algérie. Néanmoins, le président entame son second mandat. Il n’a plus la crainte d’un autre mandat. C’est une occasion pour lui de se libérer et de faire des gestes qui sont recommandés dans le rapport de Benjamin Stora, destiné à construire une relation basée sur le respect mutuel, qui souligne que la question de la mémoire doit être basée sur la vérité.»

Le sujet de la mémoire est une question d’histoire, nous explique M. Abidi, qui permet de connaître les responsabilités du système colonialiste. «Il ne s’agit pas de demander des excuses du président français, qui est lui-même né après l’indépendance de l’Algérie. Emmanuel Macron a d’ailleurs indiqué que les crimes commis en Algérie constituent une question franco-française et que les Français doivent regarder leur histoire en face.»


Les forces de sécurité syriennes commencent à se déployer dans la province de Sweida : ministère de l'Intérieur

Les forces de sécurité syriennes marchent dans une rue après la reprise des affrontements entre les troupes gouvernementales syriennes et les combattants druzes locaux dans la ville méridionale de Sweida, le 16 juillet 2025. (Reuters)
Les forces de sécurité syriennes marchent dans une rue après la reprise des affrontements entre les troupes gouvernementales syriennes et les combattants druzes locaux dans la ville méridionale de Sweida, le 16 juillet 2025. (Reuters)
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  • Israël et la Syrie se sont mis d'accord sur un cessez-le-feu, a déclaré vendredi l'envoyé américain en Turquie, après plusieurs jours d'effusion de sang dans la région majoritairement druze, qui a fait plus de 300 morts
  • "Les forces de sécurité intérieure ont commencé à se déployer dans la province de Sweida (...) dans le but de protéger les civils et de mettre fin au chaos", a déclaré le porte-parole du ministère, Noureddine Al-Baba


BEYROUTH/JERUSALEM/DAMAS: Les forces de sécurité syriennes ont commencé à se déployer dans la province de Sweida, à majorité druze, où les violences sectaires ont fait plus de 700 morts, a déclaré samedi le ministère de l'Intérieur.

"Les forces de sécurité intérieure ont commencé à se déployer dans la province de Sweida (...) dans le but de protéger les civils et de mettre fin au chaos", a déclaré le porte-parole du ministère, Noureddine Al-Baba, dans un communiqué publié sur Telegram.

Israël et la Syrie se sont mis d'accord sur un cessez-le-feu, a déclaré vendredi l'envoyé américain en Turquie, après plusieurs jours d'effusion de sang dans la région majoritairement druze, qui a fait plus de 300 morts.

L'armée israélienne a déclaré samedi que des dizaines de citoyens israéliens avaient franchi la frontière avec la Syrie pour se rendre à Majdal Shams, un village druze situé sur les hauteurs du Golan occupées par Israël. L'armée israélienne a déclaré que les citoyens israéliens avaient eu recours à la violence contre les forces israéliennes qui tentaient de disperser un rassemblement dans la région au cours de la nuit.

Mercredi, Israël a lancé des frappes aériennes à Damas et a touché les forces gouvernementales dans le sud, exigeant leur retrait et affirmant qu'il visait à protéger les Druzes syriens, qui font partie d'une minorité peu nombreuse mais influente qui compte également des membres au Liban et en Israël.

"Nous appelons les Druzes, les Bédouins et les Sunnites à déposer leurs armes et à construire, avec d'autres minorités, une identité syrienne nouvelle et unie", a déclaré Tom Barrack, l'ambassadeur des États-Unis en Turquie, dans un message publié sur X.

M. Barrack a indiqué qu'Israël et la Syrie avaient accepté le cessez-le-feu soutenu par la Turquie, la Jordanie et les pays voisins.

L'ambassade d'Israël à Washington et le consulat de Syrie au Canada n'ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires.

La province syrienne de Sweida est en proie depuis près d'une semaine à des violences déclenchées par des affrontements entre des combattants bédouins et des factions druzes.

Plus tôt dans la journée de vendredi, un responsable israélien a déclaré qu'Israël avait accepté d'accorder aux forces syriennes un accès limité à la région de Sweida, dans le sud de la Syrie, pour les deux prochains jours.

La présidence syrienne a déclaré vendredi en fin de journée que les autorités allaient déployer dans le sud une force chargée de mettre fin aux affrontements, en coordination avec les mesures politiques et sécuritaires visant à rétablir la stabilité et à empêcher le retour de la violence.

En début de semaine, Damas a envoyé des troupes gouvernementales pour mettre fin aux combats, mais celles-ci ont été accusées d'avoir commis des violations généralisées à l'encontre des Druzes et ont été touchées par des frappes israéliennes avant de se retirer dans le cadre d'une trêve conclue mercredi.

Israël a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'autoriserait pas les troupes syriennes à se déployer dans le sud du pays, mais vendredi, il a indiqué qu'il leur accorderait une brève période pour mettre fin aux nouveaux affrontements dans cette région.

"Compte tenu de l'instabilité persistante dans le sud-ouest de la Syrie, Israël a accepté d'autoriser une entrée limitée des forces de sécurité intérieure (syriennes) dans le district de Sweida au cours des 48 prochaines heures", a déclaré à la presse le responsable, qui a refusé d'être nommé.

Décrivant les nouveaux dirigeants syriens comme des militants à peine déguisés, Israël s'est engagé à protéger la communauté druze de la région contre les attaques, encouragé par les appels de la propre minorité druze d'Israël.

Il a mené d'autres frappes sur Sweida dans les premières heures de la journée de vendredi.

Les États-Unis sont intervenus pour aider à garantir la trêve entre les forces gouvernementales et les combattants druzes, et la Maison Blanche a déclaré jeudi qu'elle semblait tenir.

Le dirigeant syrien Ahmed al-Sharaa, qui s'est efforcé d'établir des liens plus étroits avec les États-Unis, a accusé Israël d'essayer de fracturer la Syrie et a promis de protéger sa minorité druze.

Les journalistes de Reuters ont vu un convoi d'unités du ministère syrien de l'Intérieur arrêté sur une route de la province de Daraa, qui se trouve directement à l'est de Sweida. Une source de sécurité a déclaré à Reuters que les forces attendaient un dernier feu vert pour entrer dans Sweida.

Mais des milliers de combattants bédouins continuaient d'affluer à Sweida vendredi, selon les journalistes de Reuters, ce qui fait craindre aux habitants que la violence ne se poursuive sans relâche.

Le Réseau syrien pour les droits de l'homme a déclaré avoir recensé 321 morts dans les combats depuis dimanche, parmi lesquels des membres du personnel médical, des femmes et des enfants. Il a ajouté qu'il s'agissait d'exécutions sur le terrain par toutes les parties.

Le ministre syrien des situations d'urgence a déclaré que plus de 500 blessés avaient été soignés et que des centaines de familles avaient été évacuées de la ville.


Des combattants tribaux et bédouins traversent le village d'al-Dur dans le gouvernorat de Sweida, dans le sud de la Syrie, alors qu'ils se mobilisent dans le cadre d'affrontements avec des hommes armés druzes, le 18 juillet 2025. (AFP)
Rien du tout

Les affrontements se sont poursuivis dans le nord et l'ouest de la province de Sweida, selon des habitants et Ryan Marouf, directeur du média local Sweida24.

Les habitants ont déclaré qu'ils avaient peu de nourriture et d'eau, et que l'électricité avait été coupée dans la ville pendant plusieurs jours.

"Depuis quatre jours, il n'y a pas d'électricité, pas de carburant, pas de nourriture, pas de boisson, rien du tout", a déclaré Mudar, un habitant de Sweida âgé de 28 ans, qui a demandé à n'être identifié que par son prénom par crainte de représailles.

"Les affrontements n'ont pas cessé", a-t-il ajouté, précisant que "nous ne pouvons pas obtenir facilement des informations parce qu'il n'y a pratiquement pas de couverture Internet ou téléphonique".

Le chef du bureau des droits de l'homme de l'ONU a exhorté les autorités intérimaires syriennes à rendre des comptes pour ce qu'il a déclaré être des rapports crédibles de violations généralisées des droits pendant les combats, y compris des exécutions sommaires et des enlèvements, a déclaré le bureau dans un communiqué.

Au moins 13 personnes ont été tuées illégalement lors d'un incident enregistré mardi, lorsque des affiliés des autorités intérimaires ont ouvert le feu lors d'une réunion de famille, a déclaré le HCDH. Six hommes ont été sommairement exécutés près de leur domicile le même jour. L'agence des Nations unies pour les réfugiés a exhorté vendredi toutes les parties à autoriser l'accès de l'aide humanitaire, qui, selon elle, a été limité par les violences. La profonde méfiance d'Israël à l'égard des nouveaux dirigeants islamistes de la Syrie semble être en désaccord avec les États-Unis, qui ont déclaré qu'ils ne soutenaient pas les récentes frappes israéliennes sur la Syrie.


L’armée libanaise met en garde contre une répression sécuritaire à la suite des affrontements à Soueida, en Syrie

Des soldats de l'armée libanaise montent la garde à Nabatieh, dans le sud du Liban, le 24 mai 2025. (Photo d'archives de l'AFP)
Des soldats de l'armée libanaise montent la garde à Nabatieh, dans le sud du Liban, le 24 mai 2025. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • L’armée affirme qu’« aucune atteinte à la paix civile ne sera tolérée », sur fond de craintes d’un élargissement des tensions
  • Le leader spirituel druze, le cheikh Sami Abi Al-Mona, appelle « chacun à rejeter toute tendance à la division »

BEYROUTH : L’armée libanaise a déclaré vendredi qu’elle « ne permettra aucune atteinte à la sécurité ni à la paix civile », alors que les tensions croissantes en République arabe syrienne voisine font craindre une propagation de l’instabilité au Liban.

Dans un communiqué, l’armée a ajouté que « surmonter cette phase nécessite l’unité et la solidarité des Libanais, la prise de conscience de la gravité de la situation et de leurs responsabilités, et l’abstention de toute action pouvant avoir des conséquences involontaires sur la sécurité du pays ».

Des villes et villages du Mont Liban, majoritairement druzes, ont été le théâtre ces derniers jours de tentatives de blocage de routes et d’agressions contre des travailleurs syriens, en réaction aux affrontements renouvelés à Sweida, en Syrie.

Le président Joseph Aoun a présidé vendredi une réunion des responsables de la sécurité.

Une source militaire a confié au journal Arab News que « les services de sécurité, les forces armées et les services de renseignement font preuve d’une extrême vigilance pour déjouer toute tentative de sédition au Liban ».

Le Premier ministre Nawaf Salam s’est entretenu avec le cheikh druze Sami Abi Al-Mona et a salué son « rôle responsable dans l’apaisement des tensions, la prévention des conflits et la préservation de la paix civile au Liban », selon un communiqué du bureau du Premier ministre.

Le communiqué précise que les deux parties ont souligné que « les événements se déroulant hors des frontières libanaises ne doivent pas être une source d’incitation intérieure ».

Une réunion extraordinaire du Conseil religieux druze au Liban s’est conclue par un appel de l’ancien chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, à un « cessez-le-feu immédiat à Sweida en vue d’un dialogue direct entre l’État syrien et les acteurs locaux ».

Joumblatt a ajouté que « Jabal Al-Arab fait partie intégrante de la Syrie ».

Il a condamné les attaques israéliennes contre la Syrie et le Liban, et appelé à la « formation d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les crimes commis contre les habitants de Sweida et les Bédouins ».

Le cheikh Al-Mona a déclaré la « pleine solidarité du conseil avec notre peuple à Sweida, ainsi qu’avec les blessés et les victimes des récents événements tragiques ».

Il a appelé « tous à rejeter toute tendance à la division » et a souligné « la nécessité de respecter l’accord de cessez-le-feu signé il y a deux jours ».

Al-Mona a dénoncé « l’attaque contre les sunnites », qu’il a qualifiée de réaction.

« Le conseil ne justifie ni n’accepte ce genre d’actes, quelles qu’en soient les raisons », a-t-il affirmé.

Il a rejeté toute ingérence israélienne dans les affaires syriennes et a exhorté la communauté internationale à ouvrir une enquête transparente sur les événements et à traduire les responsables en justice. Il a également affirmé son refus de « la propagation des conflits confessionnels au Liban ».

Le Grand mufti de la République libanaise, le cheikh Abdel Latif Derian, plus haute autorité religieuse sunnite, a contacté le cheikh Al-Mona. Les deux parties ont affirmé leur « rejet total de toute dérive vers des discours incendiaires ou toute couverture d’actes provocateurs susceptibles d’enflammer les tensions confessionnelles et de donner une image déformée des relations entre les deux communautés ».

Ils ont appelé à « éviter de tomber dans le piège de la discorde » et ont insisté sur leur « rejet de toute intervention ou agression étrangère qui porterait atteinte à l’unité ayant toujours caractérisé la relation historique entre les deux confessions ».

Enfin, ils ont lancé un appel à « l’État syrien, aux cheikhs religieux de Jabal Al-Arab, aux autorités religieuses, aux figures spirituelles et aux tribus afin qu’ils œuvrent sérieusement et efficacement à un arrêt immédiat des violences en cours et à l’expulsion des extrémistes qui, volontairement ou non, participent à la mise en œuvre de plans suspects ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Syrie et Israël s'accordent sur un cessez-le-feu, combats à l'entrée de Soueida

Des personnes portent une personne blessée lors des récents affrontements dans la province syrienne de Sweida, suite à de nouveaux combats entre des combattants bédouins et des hommes armés druzes, le 18 juillet 2025. (REUTERS)
Des personnes portent une personne blessée lors des récents affrontements dans la province syrienne de Sweida, suite à de nouveaux combats entre des combattants bédouins et des hommes armés druzes, le 18 juillet 2025. (REUTERS)
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  • Le gouvernement syrien et Israël se sont accordés vendredi soir sur un cessez-le-feu sous l'égide des Etats-Unis, mais des affrontements opposent toujours des combattants tribaux et druzes à l'entrée de Soueida
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh "ont accepté un cessez-le-feu", a annoncé l'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack, deux jours après des bombardements israéliens sur Damas

DAMAS: Le gouvernement syrien et Israël se sont accordés vendredi soir sur un cessez-le-feu sous l'égide des Etats-Unis, mais des affrontements opposent toujours des combattants tribaux et druzes à l'entrée de Soueida, dans le sud de la Syrie, où des violences ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis près d'une semaine.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh "ont accepté un cessez-le-feu", a annoncé l'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack, deux jours après des bombardements israéliens sur Damas.

"Nous appelons les druzes, les bédouins et les sunnites à déposer les armes, et, ensemble, avec les autres minorités, à construire une identité syrienne nouvelle et unie, dans la paix et la prospérité avec ses voisins", a écrit M. Barrack sur le réseau social X.

La présidence syrienne a affirmé vendredi travailler à l'envoi d'une "force spéciale" dans la région à majorité druze de Soueida, d'où elle avait retiré ses soldats la veille sous la pression d'Israël.

Depuis dimanche, les affrontements entre groupes druzes et tribus bédouines locales, aux relations tendues depuis des années, y ont fait au moins 638 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'hôpital gouvernemental de Soueida, le seul de la ville qui fonctionne encore, a accueilli "plus de 400 corps depuis lundi matin", parmi lesquels "des femmes, des enfants et des personnes âgées", a dit à l'AFP le médecin Omar Obeid.

- "Une fosse commune" -

"Ce n'est plus un hôpital, c'est une fosse commune", a déclaré à un correspondant de l'AFP Rouba, membre du personnel de l'hôpital qui ne veut pas donner son nom de famille.

Ces violences fragilisent encore plus le pouvoir d'Ahmad al-Chareh qui, à la tête d'une coalition de groupes rebelles islamistes, avait renversé le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.

Dans un communiqué vendredi soir, la présidence a exhorté "toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier la raison", tout en affirmant travailler "à l'envoi d'une force spéciale pour mettre fin aux affrontements".

Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l'ordre, avait déjà déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L'OSDH, des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d'avoir combattu au côté des bédouins et d'avoir commis des exactions.

Les forces gouvernementales s'étaient retirées jeudi de la ville, après des menaces et des bombardements d'Israël qui a dit vouloir protéger la minorité druze, M. Chareh affirmant sa volonté d'éviter une "guerre ouverte" avec Israël.

Un cessez-le-feu a été conclu entre les parties syriennes, mais la présidence a accusé jeudi les combattants druzes de l'avoir violé.

Vendredi matin, des combattants de tribus arabes sunnites, qui ont afflué de différentes régions syriennes pour prêter main forte aux bédouins, s'étaient massés autour de Soueida, selon des correspondants de l'AFP sur place.

Et vendredi soir, quelque 200 de ces combattants ont été vus par l'AFP échangeant des tirs d'armes automatiques à l'entrée ouest de la ville avec les groupes druzes positionnés à l'intérieur.

- "Plus de lait pour les nourrissons" -

L'OSDH a confirmé des combats dans ce secteur, ajoutant que "des bombardements visaient des quartiers de la ville".

Un chef tribal, Anas Al-Enad, a affirmé au correspondant de l'AFP près du village druze de Walgha être venu avec ses hommes de la région de Hama (centre) "en réponse aux appels à l'aide des bédouins".

Le correspondant de l'AFP a vu des maisons, des commerces et des voitures brûlés à Walgha, désormais sous contrôle des forces tribales et des bédouins.

Selon l'OSDH, "les combattants tribaux sont encouragés et soutenus par les autorités syriennes qui ne peuvent plus se déployer à Soueida en raison des menaces d'Israël".

Près de 80.000 personnes ont été déplacées en raison des violences, s'est alarmée l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Dans Soueida privée d'eau et d'électricité et où les communications sont coupées, "la situation est catastrophique. Il n'y a même plus de lait pour nourrissons", a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef du site local Suwayda 24, Rayan Maarouf.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit "profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation humanitaire" dans la région.

"Les gens manquent de tout. Les hôpitaux ont de plus en plus de mal à soigner les blessés et les malades", a déclaré Stephan Sakalian, chef de la délégation du CICR en Syrie.

Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700.000 personnes. Cette minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam est aussi implantée au Liban et en Israël.