Plus que deux ans de mandat pour Aoun, après quatre années qui ont vu le Liban sombrer

Le président libanais, Michel Aoun (Photo, AFP)
Le président libanais, Michel Aoun (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 03 novembre 2020

Plus que deux ans de mandat pour Aoun, après quatre années qui ont vu le Liban sombrer

  • Le pourcentage de la population qui souffre d’extrême pauvreté est passé de 8 % en 2019 à 23 % en 2020
  • Un député trouve «honteux» que les partisans du président Aoun évoquent les exploits de son administration

BEYROUTH : Le 31 octobre a marqué les quatre ans du président libanais, Michel Aoun, au pouvoir, et il reste encore deux ans avant la fin de son mandat, alors que le pays ne cesse de s’effondrer. M. Aoun a lui-même récemment averti que le Liban se dirigeait vers l’enfer si un nouveau gouvernement ne pouvait pas être formé pour résoudre les nombreux problèmes du pays.

La livre libanaise s’est effondrée et les conditions de vie se sont détériorées. Le pourcentage de la population qui souffre d’extrême pauvreté est passé de 8 % en 2019 à 23 % en 2020. De plus, une explosion dévastatrice à Beyrouth en août, ainsi que la crise actuelle du coronavirus ont exacerbé les problèmes du pays.

La classe moyenne se rétrécit en raison de la perte des économies bancaires et de l’immigration croissante des familles et des jeunes Libanais, notamment de la communauté chrétienne.

Les appels hebdomadaires du patriarche maronite Béchara Al-Rai pour préserver la neutralité du Liban et la vision derrière l’establishment du pays ne sont pas entendus.

Au Liban, le mandat du président s’articule en trois périodes. La première est généralement une «période en or» pour tout dirigeant. La deuxième se caractérise souvent par un calme et une diminution de la productivité. Les deux dernières années constituent une période difficile, à cause de l'augmentation des conflits politiques et de la concurrence entre les candidats.

Cependant, malgré les critiques sur le mandat Aoun, les loyalistes estiment qu’il a «fait de la faiblesse une force, et qu’il a redonné du prestige à la présidence».

Pour eux, le répertoire des réalisations est vaste : préparation d'un budget annuel après une interruption de douze ans, lutte contre la corruption à travers divers projets de loi, participation du Liban à l’Assemblée des Nations unies, promulgation de la loi sur le droit d'accès à l'information, exploration pétrolière et gazière dans les eaux régionales, sans oublier les solutions au problème des réfugiés syriens.

La nouvelle loi électorale basée sur la représentation proportionnelle est citée parmi les réalisations. Selon ces loyalistes, elle aurait conduit à la représentation des forces politiques et des partis en fonction de leur taille réelle.

Cependant, le député Mohammed al-Hajjar, du bloc du Futur, a déclaré que les quatre années de M. Aoun au pouvoir n’ont pas été à la hauteur des attentes.

«La loi électorale n’a pu être adoptée sans être approuvée par le bloc parlementaire du Futur, car le bloc et le mouvement du Futur sont préoccupés par la tenue d'élections parlementaires», a-t-il confié à Arab News. «Quant au discours sur la lutte contre la corruption, c'est du gros n’importe quoi, car la réalité montre des pratiques horribles. De plus, bien des obstacles ont été placés, et ils nuisent toujours à la formation des gouvernements, en provoquant un vide qui n’est pas dans l’intérêt de l’administration».

Il a affirmé que l’administration n’a pas établi des relations extérieures solides et qu'elle tentait de créer de nouvelles normes qui sont loin de la Constitution.

Le secrétaire général du parti socialiste progressiste, Zafer Nasser, a souligné que les quatre premières du mandat Aoun se sont caractérisées par une instabilité politique et un effondrement économique et social.

«Le processus politique que cette administration pratique invariablement semble ne pas vouloir tirer une leçon des quatre dernières années», dit-il à Arab News. «Les relations du Liban avec les Arabes et l’Occident sont rompues, et Aoun a fait le contraire de ce qu’il avait promis. Il me semble que rien ne changera au cours des deux prochaines années.»

Il y avait une coopération totale au début du mandat d’Aoun, a-t-il ajouté, mais «la malveillance politique» a tout perturbé. «L'administration n'avait pas à lancer des slogans pleins de verve sur la lutte contre la corruption et la réforme, alors qu’en réalité elle pratique le contraire. La réalité sur le terrain est un indicateur d’échec. Dans les deux prochaines années nous allons voir les Libanais suivre le chemin du Golgotha.»

D’après Naufal Daou, membre de l’Assemblée de la souveraineté, il est «honteux» que les partisans du président Aoun évoquent les exploits réalisés par son administration durant les quatre dernières années.

«Il ne reste plus aucun sou, aucune livre, aucun homme, aucun groupe, aucune entreprise et aucune banque au Liban», déplore M. Daou. « Les administrations sont généralement évaluées en fonction de leurs politiques interne, économique et étrangère. La politique étrangère est un désastre et la politique intérieure est pleine de conflits. Quant à la politique économique, c'est un effondrement total.»

Il a mentionné que M. Aoun était arrivé au pouvoir avec un soutien quasi unanime, mais que ce consensus, censé être dans l'intérêt de tout le pays, a été remis au Hezbollah.

Il a ajouté que les règlements et accords sont liés à des quotas sur les portefeuilles et les postes, sans lignes directrices en politiques intérieure et étrangère.

«Le Hezbollah a dit à Aoun : “Vous prenez le siège présidentiel et nous nous dirigeons la politique étrangère et de défense du pays”. Le Premier ministre Saad Hariri lui a dit : “Vous prenez la présidence et je prends le poste de Premier ministre”. Quant aux Forces libanaises, elles ont été d'accord avec lui sur la parité des sièges chrétiens au gouvernement, au parlement et dans l'administration publique».

M. Daou a affirmé qu’il n’était pas nécessaire d’anticiper ce qui attend les Libanais d’ici deux ans. «Aoun, qui dispose de toutes les informations, nous a déjà prévenus que nous nous dirigeons vers l’enfer».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.