BEYROUTH: La frustration est montée d’un cran au Liban dimanche avec le nouveau gouvernement qui tarde à venir, et les tentatives qui s’enlisent. Les accusations d’obstruction fusent de toutes parts, avec des doigts qui pointent tous vers le Hezbollah, milice pro-iranienne, et son acolyte Gebran Bassil, le chef du Mouvement patriotique libre.
Onze jours après la reprise de fonction de l'ancien Premier ministre Saad Hariri, l’idée de réunir un conseil de technocrates non affiliés à un parti politique semble loin. Aucune date n'a pour le moment été fixée pour rencontrer le président Michel Aoun.
«Il n’est pas sûr que ces partis veuillent vraiment former un gouvernement. On nous parle encore de quotas de parti en ce qui concerne le nombre de ministres et la rotation des portefeuilles », a déclaré Hussein Al-Wajh, le conseiller principal de Hariri, à Arab News.
Dr Mustafa Alloush, célèbre figure de l’organisation politique de Hariri, a déclaré à Arab News: «Le principal obstacle à la formation d’un gouvernement, c’est Gebran Bassil. Il a recommencé ses anciennes revendications».
Hariri a démissionné du poste de Premier ministre en octobre 2019, en pleine vague de manifestations contre la corruption, le gouvernement stérile, et l'effondrement économique. Ses successeurs, Hassan Diab, puis Mustapha Adib, n’ont pu rétablir la stabilité. Le Liban est sans gouvernement depuis septembre.
Répondant à l’initiative du président français Emmanuel Macron, Hariri a proposé de chapeauter un cabinet de technocrates. Son initiative ouvre la voie à un flot d’aide international, ce qui manque cruellement, ainsi qu’à une potentielle opération de sauvetage de la part du Fonds monétaire international.
L’ancien ministre Ahmed Fatfat a déclaré à Arab News: «Le projet de Hariri est de créer un petit gouvernement de spécialistes qui ne ferait ni de remous ni d’ennemis. Mais le Hezbollah soutient Gebran Bassil».
Les chefs de la santé craignent que l'impasse gouvernementale ne compromette la capacité du Liban à lutter contre la propagation du coronavirus. Celui-ci a infecté plus de 80 000 personnes et fait 637 morts. Le ministre de l'Intérieur par intérim, Mohammed Fahmy, a rejeté dimanche une recommandation du Comité national de la santé du gouvernement pour un confinement national, préférant plutôt imposer des restrictions sur 115 villes.
Le chef de l’Ordre des médecins, Sharaf Abu Sharaf, a réclamé «une halte similaire à celle qui a eu lieu en début de pandémie. La capacité des hôpitaux est à sa limite, les établissements tardent à se rétablir, la situation financière est très pauvre. Le secteur médical et infirmier subit les conséquences d’une migration importante hors du Liban. Comment convaincre les gens de rester?»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com