Mardi, Liz Cheney a subi une défaite écrasante aux primaires républicaines du Wyoming face à sa rivale républicaine et avocate générale Harriet Hageman, soutenue par l’ancien président Donald Trump. Cependant, les Arabes américains doivent faire abstraction de cette guerre interne au sein du parti républicain pour voir la véritable menace que Cheney représente pour les musulmans et les droits des Palestiniens.
Fille de l’ancien vice-président Dick Cheney, elle a voté en faveur de Trump dans plus de 90% des cas pendant la présidence de celui-ci. Toutefois, cette alliance s’est effondrée après que Trump a perdu l’élection présidentielle de 2020 contre Joe Biden. Cheney faisait partie des 10 membres républicains du Congrès qui ont voté pour la destitution de Trump après l’élection. Elle a ensuite coprésidé l’enquête de la Chambre sur le rôle présumé de Trump dans les violentes manifestations du Capitole le 6 janvier 2021.
Mais bien avant que cet épisode ne se déroule, Cheney s’était déjà forgé une réputation durement acquise comme une des membres du Congrès les plus virulentes contre les Arabes et les Palestiniens. Elle a utilisé les Palestiniens comme une arme pour attaquer ses adversaires démocrates, qui, ironiquement, ont essayé de soutenir sa candidature à la réélection après qu’elle s’est retournée contre Trump.
Après avoir pris ses distances avec Trump, Cheney s’est tournée vers les démocrates et l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) pour tenter de consolider sa candidature à la réélection. L’AIPAC est un groupe de pression qui a dépensé des millions de dollars pour soutenir les candidats qui adhèrent fortement à son programme pro-israélien, y compris Cheney.
Lors d’une réunion avec les membres de l’AIPAC ce mois-ci, Liz Cheney a réitéré son soutien à Israël. Après cela, elle a écrit sur Twitter: «Mon soutien à une relation forte entre les États-Unis et Israël et au droit d’Israël à se défendre ne faiblira jamais.» Avec le soutien de l’AIPAC, Cheney a levé environ 15 millions de dollars américains (1 dollar américain = 0,99 euro) pour sa candidature à la réélection, tandis que Hageman a levé 4,4 millions de dollars.
L’année dernière, l’ancien représentant républicain Justin Amash, qui est palestino-américain, a accusé Cheney d’être une hypocrite, car elle a eu quatre ans pour s’exprimer contre les politiques de Trump, mais ne l’a jamais fait. Amash, qui a quitté le Parti républicain en 2019, a exhorté ses anciens collègues à ne pas se laisser prendre par ses discours soudains et intéressés critiquant Trump.
En 2011, Cheney a critiqué le président Barack Obama pour avoir tendu la main au monde islamique dans son discours au Caire en 2009. Elle a reproché à Obama de «calomnier la nation». Pendant une décennie, les assauts de Cheney contre les musulmans et les Palestiniens se sont intensifiés et elle a souvent été accusée d’encourager l’islamophobie.
Cheney a mené de nombreuses actions visant à saper le soutien aux Palestiniens au Congrès, notamment en diffusant une lettre signée par 109 députés républicains en juin 2020, qui exhortait Israël à annexer la Cisjordanie. Israël a fini par suspendre définitivement l’annexion prévue afin de gagner le soutien des Accords d’Abraham.
Certains pourraient se demander pourquoi Cheney, qui s’est prononcée contre le rôle présumé de Trump dans l’orchestration de la violence au Capitole, n’a apparemment jamais remis en question les actions de son propre père, qui a menti sur les armes de destruction massive pour pousser l’Amérique à envahir l’Irak en 2003.
Si de nombreux démocrates, y compris des Arabes, sympathisent avec Cheney, oubliant le rôle de son père en Irak et ses précédents discours antipalestiniens, beaucoup ont vu clair dans son hypocrisie.
«Cheney s’est forgé une réputation durement acquise comme une des membres du Congrès les plus virulentes contre les Arabes et les Palestiniens.»
Ray Hanania
James Zogby, président de l’Arab American Institute, a écrit sur Twitter dans les heures qui ont précédé la défaite de Liz Cheney, alors que celle-ci faisait appel aux démocrates pour un soutien de dernière minute: «Je suis peut-être un démocrate atypique, mais je ne peux pas soutenir #LizCheney. J’ai fait face à ses absurdités de néoconservatrice dures à cuire pendant la période de l’après-11 septembre et de la guerre en Irak, qui a eu des conséquences désastreuses pour beaucoup, et j’ai débattu de ses attaques calomnieuses après le discours d’Obama au Caire. Sa vendetta contre Trump ne m’influence pas.»
Abed Ayoub, directeur juridique de l’American-Arab Anti-Discrimination Committee, a également écrit sur Twitter: «Ce soir, nombreux sont ceux qui tenteront de faire passer Liz Cheney pour une bonne personne. Certaines de ces tentatives viendront des démocrates. Elle n’est pas une victime. Elle n’a pas les mains propres. Tenir tête à Trump est louable mais elle a voté pour ses politiques plus de 90% des fois. Elle n’est pas une héroïne. Elle se livre à la politicaillerie.»
Les Arabes américains ne doivent pas se laisser influencer par l’hypocrisie de Liz Cheney. Sa destitution ne fera pas taire son islamophobie ou sa voix antipalestinienne, mais elle pourrait contribuer à réduire le nombre de discours antipalestiniens au Congrès.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et un chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Vous pouvez le joindre sur son site Internet personnel à l'adresse: www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com