NEW YORK : Rien ne va plus entre la Maison Blanche et l'immunologiste Anthony Fauci, coordinateur de la lutte contre les maladies infectieuses aux Etats-Unis, cette opposition s'étant étalée au grand jour samedi et dimanche.
Le respecté expert a critiqué la stratégie du gouvernement Trump pour gérer la résurgence du coronavirus, ce qui lui a valu une contre-attaque de la Maison Blanche, qui l'accuse de vouloir fragiliser le président-candidat.
Longtemps conseiller le plus en vue du chef de l'Etat sur la pandémie, le Dr Fauci a estimé dans un entretien au Washington Post, publié samedi, que les Etats-Unis ne pourraient pas être « plus mal positionnés » pour faire face à l'accélération du nombre de cas de Covid-19.
« Nous allons souffrir », a prévenu celui qui est aussi directeur de l'Institut des maladies infectieuses. « La situation n'est pas bonne ».
Il a indiqué que Donald Trump ne prenait plus ses conseils et lui préférait désormais le neuroradiologiste Scott Atlas, favorable à une large réouverture de la société américaine plutôt qu'à un renforcement des mesures de prévention.
« D'un seul coup, ils ne voulaient plus écouter notre message, parce qu'il ne correspondait pas à ce qu'ils voulaient faire », affirme celui qui dit ne plus avoir parlé au président depuis plusieurs semaines.
Anthony Fauci a noté une différence nette entre l'approche de la Maison Blanche et celle du candidat démocrate Joe Biden, qui « prend au sérieux (la pandémie) d'un point de vue de santé publique ».
Membre de l'équipe de communication de la Maison Blanche, Judd Deere a jugé « inacceptables » les propos du Dr Fauci.
Pour lui, le médecin « fait entorse à tous les usages (...) en choisissant, trois jours avant une élection, de faire de la politique ».
Scott Atlas, très contesté par la communauté scientifique et de santé publique, a de son côté dû s'excuser pour avoir donné une interview à la chaîne d'Etat russe RT, considérée par de nombreux Etats occidentaux comme une arme de propagande de la Russie à l'étranger.
Washington avait imposé au groupe RT de s'enregistrer il y a trois ans en tant qu' « agent de l'étranger », le considérant un organe du Kremlin, lui-même régulièrement suspecté par les renseignements américains de manoeuvres visant à déstabiliser l'élection présidentielle aux Etats-Unis.
« Je regrette avoir donné cette interview et je m'excuse de m'être laissé abuser. Je m'excuse tout particulièrement auprès des services de renseignement », a tweeté M. Atlas.
Les Etats-Unis ont enregistré vendredi un record de nouveaux cas de coronavirus en 24 heures, à plus de 94.000, et près de 1.000 décès pour cette seule journée.
Mi-octobre, lors d'une conférence téléphonique, Donald Trump avait qualifié Anthony Fauci de « désastre » et l'avait inclus dans un groupe de scientifiques partisans d'une approche prudente de la pandémie, « des idiots », selon le président.