PRETORIA: Les États-Unis veulent un "véritable partenariat" avec l'Afrique, a annoncé lundi à Pretoria leur secrétaire d'État, Antony Blinken, tout en assurant qu'ils ne cherchent pas à "surpasser" l'influence des autres puissances mondiales sur le continent, Chine et Russie en tête.
"Ce que nous recherchons avant tout, c'est un véritable partenariat entre les États-Unis et l'Afrique. Nous ne voulons pas d'une relation déséquilibrée ou transactionnelle", a déclaré M. Blinken au cours d'un point-presse avec son homologue sud-africaine Naledi Pandor.
"Les États-Unis ne dicteront pas les choix de l'Afrique et personne d'autre ne devrait le faire", a-t-il affirmé un peu plus tard, dans un discours à l'Université de Pretoria. "Le droit de faire ces choix appartient aux Africains seuls".
"Trop souvent, les nations africaines ont été traitées comme des instruments du progrès des autres nations, plutôt que comme les auteurs de leur propre progrès", a-t-il insisté.
Au même moment, Washington dévoilait un document d'orientation annonçant une refonte tous azimuts de sa politique en Afrique subsaharienne, où les Américains entendent contrer la présence russe et chinoise et développer notamment des approches non militaires contre le terrorisme.
Cette nouvelle stratégie, qui reconnaît au passage l'importance démographique croissante de l'Afrique, son poids à l'ONU tout comme ses immenses ressources naturelles et ses opportunités, intervient à un moment où l'accent mis par les États-Unis sur la lutte militaire contre les groupes extrémistes en Afrique est critiqué pour son inefficacité.
"La mauvaise gouvernance, l'exclusion et la corruption inhérentes aux démocraties faibles les rendent plus vulnérables aux mouvements extrémistes, ainsi qu'aux ingérences étrangères", a souligné M. Blinken. "Cela inclut (la société) Wagner soutenue par le Kremlin, qui exploite l'instabilité pour piller les ressources et commet des abus en toute impunité", a-t-il ajouté.
Sa visite à Pretoria, première étape d'une tournée africaine qui doit le mener ces prochains jours à Kinshasa et Kigali, vise à tenter de rapprocher la diplomatie sud-africaine du camp occidental et contrecarrer l'influence russe sur le continent, ont avancé plusieurs experts.
Elle suit de peu la tournée en Afrique fin juillet de son homologue russe Sergueï Lavrov.
«Intimidation condescendante»
Mais lundi, le secrétaire d'État, bilingue anglais-français, a juré que son pays ne considérait pas la région comme le "dernier terrain de jeu dans une compétition entre grandes puissances".
"Ce n'est fondamentalement pas ainsi que nous voyons les choses", a-t-il insisté. "Notre engagement en faveur d'un partenariat renforcé avec l'Afrique ne consiste pas à essayer de surpasser qui que ce soit".
L'attention des États-Unis pour l'Afrique a souvent été reléguée au second plan et le gouvernement américain dit vouloir changer de dynamique.
"Aujourd'hui n'est pas le point culminant de notre partenariat. Mais c'est le début d'un nouveau chapitre. Le président (Joe) Biden est impatient d'accueillir le président (sud-africain Cyril) Ramaphosa à Washington le mois prochain", en amont d'un sommet américano-africain prévu pour le 13 décembre à Washington.
L'Afrique du Sud a adopté, depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février, une position neutre et refusé de se joindre aux appels occidentaux à condamner Moscou.
Sa ministre des Affaires étrangères, Mme Pandor, a sur ce point regretté les discours d'"intimidation condescendante" de plusieurs pays, européens en particulier, à l'égard de l'Afrique du Sud, remerciant Washington de lui avoir fait grâce de ce ton.
Sur l'Ukraine, elle a ajouté : "Nous sommes consternés par la guerre", pas un seul Sud-Africain ne la soutient. Mais elle a évoqué les tensions actuelles à Gaza pour dire : "Nous devrions être tout aussi préoccupés par ce qui arrive au peuple de Palestine que par ce qui arrive au peuple d'Ukraine".
M. Blinken a par ailleurs une nouvelle fois regretté le récent retrait chinois de dialogues bilatéraux cruciaux sur le climat, dans un contexte de tensions autour de Taïwan, une décision "profondément malheureuse" et qui "punit le monde entier", a-t-il souligné au cours du point-presse.
Samedi déjà à Manille, il avait dénoncé la "disproportion totale" de la réaction chinoise.