Les survivants de l'explosion du port ont perdu confiance dans l'enquête menée par le Liban

L’explosion massive qui a frappé le port de Beyrouth il y a deux ans a causé des pénuries de produits essentiels qui continuent jusqu’à ce jour (Photo, AFP).
L’explosion massive qui a frappé le port de Beyrouth il y a deux ans a causé des pénuries de produits essentiels qui continuent jusqu’à ce jour (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 04 août 2022

Les survivants de l'explosion du port ont perdu confiance dans l'enquête menée par le Liban

  • Désespérées et démoralisées, les familles des victimes se tournent vers les tribunaux étrangers
  • De nombreuses personnes s'opposent au projet du gouvernement de démolir les silos à grains du port avant la fin de l'enquête

DUBAÏ: Deux ans plus tôt, le 4 août 2020, Ghassan Hasrouty est entré dans son bureau au port de Beyrouth, où il occupait un poste stable depuis trente-huit ans. Il n’est pas rentré chez lui ce jour-là.

À 18h07, heure locale, des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium stockées de manière dangereuse ont pris feu dans l’entrepôt 12 où Hasrouty travaillait. Lui et plusieurs de ses collègues ont été tués sur le coup.

La troisième plus grande explosion non nucléaire jamais enregistrée dans l’histoire a ravagé le port et un quartier entier de la capitale libanaise.

Au moins 220 personnes ont été tuées, plus de 7 000 blessées, et une ville déjà en proie à une crise économique et politique a été paralysée sous un nuage de fumée rose.

«L’enquête sur l’explosion du port sera transparente. Elle prendra cinq jours, et tous les responsables impliqués devront rendre des comptes», avait promis Mohammed Fahmi, ministre libanais de l’Intérieur à l’époque, après l’explosion.

Pourtant, deux ans plus tard, alors que les familles souffrent toujours de la perte de leurs maisons, de leurs commerces et de leurs proches, l’enquête officielle de l’État libanais stagne.

Le 31 juillet, une partie des silos à grains du port, désormais sinistrement emblématiques, s’est effondrée, projetant un nuage de poussière sur la capitale et ravivant les souvenirs traumatisants de l’explosion.

Le gouvernement libanais a récemment approuvé des plans pour la démolition contrôlée des silos, qui ont été gravement endommagés mais ont miraculeusement survécu à l’explosion de 2020, bien qu’ils aient subi une grande partie de sa force.

Nombreux sont ceux qui attribuent la responsabilité de l’explosion et de ses conséquences à la corruption et à la mauvaise gestion au sein du gouvernement libanais (Photo, AFP).

Cette décision a suscité l’indignation des habitants de Beyrouth et des groupes de soutien aux victimes, qui ont demandé que les silos soient conservés jusqu’à la conclusion d’une enquête complète et sérieuse sur l’explosion.

Nombreux sont ceux qui attribuent la responsabilité de l’explosion et de ses conséquences à la corruption et à la mauvaise gestion au sein du gouvernement libanais.

Avec un statu quo qui remonte à l’époque de la guerre civile de 1975 à 1990, et qui rend les personnes au pouvoir effectivement intouchables, l’enquête s’est transformée en un véritable jeu d’accusation qui passe d’un président de tribunal à un autre.

Ainsi, les politiciens assurent l’impunité totale de responsables qui sont depuis longtemps recherchés pour être interrogés, arrêtés et poursuivis.

Les responsables potentiellement impliqués dans l’explosion ont déposé plus de 25 requêtes demandant la révocation du juge Tarek Bitar et d’autres personnes chargées de superviser l’enquête.

Des soutiens du Hezbollah et du mouvement Amal brûlent des portraits du juge Bitar (Photo, AFP).

Le juge Bitar avait accusé quatre anciens hauts responsables de négligence intentionnelle ayant entraîné la mort de centaines de personnes dans l’explosion.

En réponse, certains suspects ont déposé des plaintes contre le juge, ce qui a conduit à la suspension quasi-totale de l’enquête en décembre 2021. Deux d’entre eux, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zaaiter, viennent d’être réélus comme députés.

«Après avoir vu la réaction des autorités après l’explosion, je sais que le chemin de la justice va être long. Deux ans après l’incident, l’État corrompu ne fait que bloquer les enquêtes et échapper à la justice», déclare Tatiana Hasrouty, la fille de Ghassan, à Arab News.

«Cette corruption est bien ancrée et s’est manifestée de manière flagrante lorsque le directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Othman, a été observé en présence de Ghazi Zaaiter et d’Ali Hassan Khalil, deux hommes contre lesquels il était censé émettre des mandats d’arrêt, mais a préféré ne rien faire», regrette-t-elle.

«Mon père mérite mieux que cela, et nous, en tant que sa famille, en tant que citoyens libanais, et en tant que personnes touchées par l’explosion, nous méritons de savoir qui a commis ce crime et pourquoi. Je ne souhaite cela à personne. Personne ne mérite de vivre ce genre de douleur.»

Désespérés et démoralisés, les survivants et les familles des victimes ont recours à des tribunaux étrangers pour obtenir justice.

De concert avec des organisations locales et internationales, ils ont appelé le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à présenter, lors de sa prochaine session en septembre, une résolution visant à créer une «mission d’enquête» indépendante et impartiale pour faire la lumière sur cette affaire.

On espère qu’une telle enquête permettra de documenter les faits, d’évaluer les séquelles, de déterminer les causes profondes de l’explosion et d’établir les responsabilités individuelles.

«Nous travaillons sur cette demande avec les victimes et les survivants depuis septembre 2020», indique à Arab News Antonia Mulvey, directrice exécutive de Legal Action Worldwide et mandataire de plusieurs survivants de l’explosion.

«Bien qu’une enquête nationale soit préférable, nous comprenons que le système libanais présente d’importantes lacunes et qu’il est incapable de révéler la vérité quand cela implique de tenir tête à des membres importants du gouvernement.»

«Si la résolution est adoptée, les membres de l’ONU peuvent être déployés pour une mission d’un an, assortie d’un délai, afin de soutenir et de faciliter l’enquête criminelle. La seule chose qui bloque l’adoption de la résolution est la France et nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi.»

Mulvey estime que les déclarations du président français, Emmanuel Macron, et sa visite au Liban à la suite de l'explosion sont paradoxalement devenues un obstacle à l'administration de la justice.

Après être arrivé au Liban deux jours seulement après l'explosion, Macron a déclaré qu'«une enquête internationale, ouverte et transparente est nécessaire afin d’éviter que les choses restent cachées et que le doute s'installe».

Beaucoup espéraient que cet appel marquait un changement par rapport à la politique française traditionnelle de soutien à la classe politique libanaise. Mais ils craignent désormais que «la feuille de route» de Macron en matière de réformes n'ait donné une bouée de sauvetage aux politiciens.

Les critiques des actions françaises au Conseil des droits de l'homme de l'ONU affirment qu'elles contrastent fortement avec les engagements pris par Macron envers les victimes de l'explosion du port.

Selon Mulvey, la situation est intolérable car la lenteur de la justice aggrave le chagrin des survivants et des familles des victimes.

«Cent vingt survivants et victimes me décrivent comment chaque jour est synonyme de torture pour eux. Ils ne peuvent pas aller de l'avant mais n'ont pas d'autre choix, en particulier ceux qui ont perdu leurs enfants», a-t-elle révélé.

Des manifestants brandissent des portraits de proche tués dans l'explosion (Photo, AFP).

«La commémoration  qui arrive ne fait pas une grande différence quand chaque jour est difficile. Nous avons des allégations contre de hauts responsables du gouvernement et de la sécurité. Nous devons garder espoir et nous battre pour cela. Si nous ne le faisons pas, nous serons toujours confrontés à la même situation dans vingt ou trente ans.»

Un autre procès a été intenté dans l'État américain du Texas par neuf plaignants libano-américains et des parents de victimes de l'explosion.

L'action en justice, lancée par la fondation suisse Accountability Now, vise à obtenir 245,95 millions d’euros de dédommagement. Elle a été intentée contre des entreprises américano-norvégiennes, telles que TGS, qui sont soupçonnées d'avoir participé à l'acheminement des matières explosives vers le port.

«Cette action en justice permettra de contourner le musellement du système judiciaire libanais», a déclaré à Arab News Zena Wakim, co-conseillère des plaignants et présidente du conseil d'administration d’Accountability Now.

«Grâce au puissant outil de la découverte, les victimes dévoileront le réseau de corruption qui a rendu l'explosion possible. Les politiciens ont déposé des demandes de révocation contre les juges qui auraient pu statuer sur leurs motions de rejet. Ils ont déposé une plainte contre l'État libanais pour négligence grave du juge Bitar», gelant ainsi la procédure.

Le président Emmanuel Macron s'était rendu sur le site de l'explosion peu après les faits (Photo, AFP).

Wakim a ajouté: «Bien que les victimes aient toutes reconnu la nécessité de donner une chance au système judiciaire libanais, elles sont maintenant arrivées à la conclusion que la justice ne sera jamais rendue au Liban. La justice doit être recherchée ailleurs, dans toute autre juridiction possible, par tous les moyens juridiques disponibles.»

Le mépris dont font preuve les autorités libanaises à l'égard des survivants et des familles des victimes ne se manifeste pas seulement dans les efforts déployés pour entraver l'enquête. Hasrouty se souvient de la lutte pour retrouver le corps de son père qui a duré près de deux semaines après l'explosion.

Après plusieurs jours, l'armée libanaise a mis fin aux recherches pour retrouver les dépouilles de Ghassan Hasrouty et des autres personnes perdues dans les décombres.

Des personnes blessées par l'explosion, dans un hôpital de Beyrouth (Photo, AFP).

«Personne ne parlait d'eux, les personnes qui travaillaient dans les silos. Les autorités ne voulaient pas les rechercher jusqu'à ce que nous fassions pression sur elles», a déclaré Tatiana Hasrouty à Arab News.

«Mon frère a reçu des cartes des collègues de mon père qui ont survécu, et ils ont travaillé jour après jour pour essayer de localiser les corps.

«Nous allions tous les jours au port pour attendre des nouvelles et nous visitions tous les hôpitaux. Le 18 août, mon frère a reçu le seul appel officiel disant que son ADN correspondait à un corps qui avait été retrouvé. Mon père et six de ses collègues se trouvaient sous les décombres des silos.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban : le Hezbollah accuse Israël de « centaines de violations » de la trêve

Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
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  • Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.
  • « J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

BEYROUTH : Le chef du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, a accusé  samedi Israël de « centaines de violations » de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre et averti de nouveau que sa formation pourrait « perdre patience ».

Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.

« J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

« Nous avons fait preuve de patience à l'égard de ces violations pour donner une chance à l'État libanais, qui est responsable de cet accord, ainsi qu'aux parrains internationaux, mais il ne faut pas tester notre patience », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu stipule que l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays, d'où l'armée israélienne doit se retirer dans un délai de 60 jours, soit jusqu'au 26 janvier.

Sorti affaibli de la guerre, le Hezbollah doit, lui, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne.

Vendredi, M. Guterres, qui s'est rendu auprès des Casques bleus dans le sud, a affirmé que l'« occupation » de cette région par Israël et ses opérations militaires devaient « cesser ».

Il a révélé que les soldats de maintien de la paix avaient découvert « plus de 100 caches d'armes appartenant au Hezbollah ou à d'autres groupes armés depuis le 27 novembre », jour de l'entrée en vigueur de la trêve.

Le chef du Hezbollah, qui avait des réserves sur la nomination de M. Salam, un juriste international respecté, a averti que « personne ne peut nous exclure de la participation politique effective dans le pays ».


Gaza : le cessez-le-feu est prévu pour entrer en vigueur dimanche à 06 h 30 GMT

Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
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  • « Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, le porte-parole qatari .
  • « Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

DOHA : Le cessez-le-feu entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël dans la bande de Gaza entrera en vigueur dimanche à 04 h 30 GMT, a indiqué samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays médiateur.

« Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères.

« Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu, annoncé mercredi par le Qatar et les États-Unis, autre pays médiateur, prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

En échange, Israël va relâcher 737 prisonniers palestiniens, selon le ministère israélien de la Justice, qui a précisé que leur libération n'interviendrait pas avant 16 heures dimanche (14 heures GMT).


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.