Elections US: vols et dégradations de pancartes rythment le sprint final entre Trump et Biden

Un partisan de Donald Trump fabrique une pancarte au nom de son candidat (Photo, Thomas URBAIN/AFP).
Un partisan de Donald Trump fabrique une pancarte au nom de son candidat (Photo, Thomas URBAIN/AFP).
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Publié le Samedi 31 octobre 2020

Elections US: vols et dégradations de pancartes rythment le sprint final entre Trump et Biden

  • Aux quatre coins du pays, des pancartes sont volées ou dégradées à un rythme inédit
  • Dans cette région, Steve Cickay, un bénévole démocrate, estime qu'entre « 2 et 3 000 panneaux » portant le nom de Joe Biden « ont été volés ou endommagés »

NEWTOWN, Etats-Unis: Caractéristiques des campagnes électorales aux Etats-Unis, les millions de pancartes qui fleurissent sur les pelouses américaines sont aujourd'hui régulièrement prises pour cible, symbole d'un climat politique électrique.

Après deux vols consécutifs d'un panneau pour le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden - au bord d'une route près de Newtown, dans le sud-est de la Pennsylvanie - Gayle Share-Raab a changé de braquet et couvert une nouvelle pancarte de vaseline et de paillettes, pour la rendre glissante et marquer un éventuel voleur. Sans succès.

Jack Worthington lui en avait assez de voir ses grands panneaux Trump en plastique disparaître un peu partout. Il a choisi de construire ses propres pancartes, en contreplaqué cette fois, avec vis et renforcements. Elles sont toujours là, pour l'instant.

Aux quatre coins du pays, des pancartes sont volées ou dégradées à un rythme inédit. Le phénomène revient à chaque campagne, mais s'est accéléré en 2016, avant de décoller cette année. « Je n'avais jamais vu ça de ma vie », assure Gayle Share-Raab.

Outre la vaseline, les trucs et astuces pour dissuader les importuns - attacher le panneau avec une ficelle couleur gazon, l'enduire de gel coiffant, miel, voire crotte de chien, ou l'entourer de barbelés - n'ont qu'un effet limité.

Dans cette région, Steve Cickay, un bénévole démocrate, estime qu'entre « 2 et 3 000 panneaux » portant le nom de Joe Biden « ont été volés ou endommagés ».

Sur les 4 000 petits écriteaux appelant à voter Donald Trump qu'il a installés, Jack Worthingon estime lui en avoir perdu le quart.

Quand les plus grands sont endommagés, il parvient parfois à les réparer, comme cette pancarte « Trump Pence », transformée en un slogan obscène (« Trump Penis »), sur le terrain d'une cultivatrice républicaine de 96 ans, Ruth Wright.

« Quand c'est peint par-dessus, on les laisse pour montrer à tout le monde ce que font ces gens », explique Jack Worthington. « Nous, on ne joue pas à ça. »

« Aucun des (panneaux) démocrates ne disparaît parce que les républicains ont foi en la loi et l'ordre », renchérit son père, Jim Worthington, fondateur de l'association People4Trump.

« Ils sont censés être les champions de la loi et de l'ordre, et pourtant ils encouragent à enfreindre la loi » en volant des pancartes, rétorque Steve Cickay.

La police de Newtown indique n'avoir procédé à aucune interpellation, même si elle reçoit plusieurs plaintes par semaine.

« Ils savent que s'ils poursuivent ces gens-là, ils vont avoir l'air de prendre parti », suggère Jim Worthington. « Donc ils préfèrent ne pas intervenir. »

A en croire les images de vidéosurveillance recueillies par des particuliers, les voleurs sont souvent des messieurs Tout-le-monde, en shorts et baskets, mal ou pas équipés, agissant plus par impulsion que de façon préméditée.

« Course à l'armement »

Dans son atelier, Jack Worthington prépare quelques pancartes supplémentaires, qu'il plantera jusqu'au jour de l'élection, mardi, dans ce comté de Bucks qui est l'un des plus indécis de Pennsylvanie, Etat-clé du scrutin présidentiel.

Ici, Hillary Clinton ne l'a emporté en 2016 que d'une courte tête (0,8 point d'écart), et l'élu du comté à la Chambre des représentants est républicain.

Pour des élections locales, les pancartes sont d'une efficacité avérée pour faire connaître un candidat. En revanche, quand les noms sont déjà reconnus, il s'agit davantage de faire passer un message.

« Les supporters de Trump se sentent montrés du doigt et ostracisés », explique Jim Worthington. « Donc quand les pancartes sont là, ça leur donne de l'énergie. »

« Quand vous voyez des panneaux Trump, ça vous donne envie de voir (des pancartes) de votre candidat », décrit, elle, Gayle Share-Raab.

Le résultat, c'est « une course à l'armement », résume Steve Cickay. « D'une certaine façon, c'est un gâchis d'argent », dit-il, les panneaux les plus petits étant facturés entre 2 et 4 dollars chacun.

Chaque camp présente vols et dégradations comme une stratégie délibérée de l'autre.

« Ils veulent créer l'illusion qu'il n'y a pas beaucoup de monde derrière Biden dans notre comté », accuse Steve Cickay.

Les pourfendeurs d'écriteaux Trump « essayent vraiment d'intimider les électeurs », rétorque Jim Worthington, qui n'exclut pas que les partisans de Joe Biden, pour pouvoir accuser les pro-Trump, « endommagent leurs propres panneaux ».


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.