BEYROUTH: Des citoyens en colère ont pris d'assaut mercredi des boulangeries et des pâtisseries au Liban, alors que la crise alimentaire s'aggrave dans le pays.
De longues files d'attente se sont formées devant de nombreux magasins, les habitants attendant impatiemment, sous une chaleur accablante, des paquets de pain subventionnés. Comme les stocks et les esprits s'épuisaient, de nombreuses personnes ont choisi d'acheter d'autres produits de boulangerie, dont certains coûtent 40 000 livres libanaises (1,47 euro) pour 10 fines miches.
D'autres ont évacué leurs frustrations sur les réseaux sociaux, accusant les politiciens et les boulangeries d'être responsables du problème, tout en dénonçant les organisations mafieuses qui vendent la farine subventionnée sur le marché noir et la font passer en contrebande en Syrie.
Dans certains endroits, l’armée a dû intervenir pour faire sortir les manifestants des magasins et désamorcer les disputes entre les clients qui faisaient la queue.
Le ministre libanais de l'Économie, Amine Salam, a assuré que près de «49 000 tonnes de blé devraient arriver au Liban d'ici la fin de la semaine. Espérons que les navires arriveront plus rapidement. La crise est le résultat du vol de farine dans notre pays.»
«Une cellule de crise dirigée par le ministère de l'Économie sera formée et un nouveau mécanisme sera mis en place afin de distribuer équitablement le blé et la farine et de poursuivre ceux qui créent cette crise.»
L'incapacité du Liban à obtenir des dollars américains pour continuer à subventionner les médicaments, le blé et le carburant, a entraîné mercredi une hausse du prix de l'essence de 14 000 livres libanaises pour atteindre 617 000 livres libanaises (23,63 euros selon Sayrafa, le taux de change de la Banque du Liban) pour 20 litres.
Georges Brax, membre du syndicat des propriétaires de stations-service, a révélé: «La banque centrale assurait 100% des dollars américains nécessaires à l'importation de carburant auparavant, selon le taux de sa plate-forme Sayrafa. Aujourd'hui, elle n'en fournit que 85%. Les 15% restants doivent être obtenus sur la base du taux du marché noir.»
Pour Fadi Abou Chakra, un représentant du syndicat des distributeurs de carburant et des stations-service au Liban, «nous ne faisons que reculer. Si la question n'est pas résolue, je ne sais pas où nous pourrions aller.»
Lors de sa réunion de mercredi, un comité ministériel mis en place pour faire face aux répercussions de la crise financière sur les établissements publics et dirigé par le Premier ministre intérimaire, Najib Mikati, a réitéré ses recommandations précédentes visant à satisfaire les revendications des employés du secteur public, en grève depuis plus d'un mois, en attendant l'approbation du budget 2022 et en évitant toute charge sur le trésor public.
Le comité a approuvé l'octroi d'une aide financière supplémentaire équivalente à la valeur d'un salaire complet et d'une indemnité journalière de transport de 95 000 livres (3,64 euros selon Sayrafa), à condition que les employés soient présents au travail un nombre minimum de jours par semaine.
Les membres ont également convenu d’octroyer 4 000 milliards de livres (153,17 millions d’euros) pour couvrir les frais d'hospitalisation et les frais médicaux des forces militaires, des employés du ministère de la Santé et de la Coopérative des fonctionnaires, ainsi que 200 milliards de livres (7,66 millions d’euros) pour le Fonds national de sécurité sociale et une contribution de 50 milliards de livres (1,91 millions d’euros) à l'Université libanaise.
Les fonctionnaires qui ne se présentaient pas au travail, sans justification, pendant une période de quinze jours, ont été avertis qu'ils seraient «considérés comme démissionnaires».
Le ministre intérimaire des Finances, Youssef Khalil, a expliqué: «La proposition prévoit une allocation forfaitaire quotidienne de productivité pour les employés et les travailleurs de la fonction publique, comprise entre 150 000 livres libanaises (5,74 euros) et 350 000 livres (13,4 euros) par jour, à condition que le bénéficiaire soit présent au moins trois jours par semaine, chaque semaine pendant les heures de travail officielles.»
«Le ministère a élaboré un décret à cet égard, l'a signé et l'a transféré au Premier ministre pour qu'il entre en vigueur», a-t-il ajouté.
Pendant ce temps-là, l'ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea, a exhorté les dirigeants du pays à organiser l’élection présidentielle dans les délais impartis et à poursuivre les réformes qui satisferont la Banque mondiale et répondront aux exigences du Fonds monétaire international.
Elle a souligné l'importance de garantir de l’énergie et de l’électricité moins chères et plus propres pour les écoles, les hôpitaux et les usines.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com