L'Arabie saoudite et les États-Unis «partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère»

Joe Biden et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont tenu une réunion vendredi (Photo, SPA).
Joe Biden et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont tenu une réunion vendredi (Photo, SPA).
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Publié le Samedi 16 juillet 2022

L'Arabie saoudite et les États-Unis «partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère»

  • Les États-Unis ont fait l'éloge de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, saluant «le projet de réformes économiques et sociales»
  • Les deux pays ont souligné leurs engagements sur les questions auxquelles sont confrontés divers pays arabes et islamiques, notamment la Palestine

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont affirmé que les deux pays partagent une vision pour un Moyen-Orient stable et prospère, selon un communiqué conjoint, après que le président américain Joe Biden a rencontré les dirigeants saoudiens, vendredi.

Le «partenariat américano-saoudien a été un élément fondamental pour la sécurité régionale pendant des décennies et a démontré que les deux pays partagent la vision d'une région plus sûre, plus stable et plus prospère, interconnectée avec le monde », a indiqué le communiqué publié par l'agence de presse saoudienne tôt samedi.

Le document a mis en évidence divers domaines de coopération entre les deux alliés, allant de la sécurité énergétique à l'exploration spatiale. Dans le domaine de la défense, Biden a réaffirmé l'engagement des États-Unis à l'égard de la sécurité et de la défense territoriale de l'Arabie saoudite, et à «faciliter la capacité du Royaume à obtenir les moyens nécessaires pour défendre son peuple et son territoire contre les menaces extérieures».

Le communiqué précise que les troupes américaines vont confier l'île de Tiran aux autorités compétentes, ouvrant ainsi la voie à son développement. En outre, le survol de l'espace aérien du Royaume a été étendu vendredi, ce dont les États-Unis se sont félicités.

Les États-Unis ont fait l'éloge de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, saluant «le projet de réformes économiques et sociales transformatrices, ainsi que les efforts déployés pour accroître la participation économique des femmes et promouvoir le dialogue interconfessionnel».

Les deux pays ont également souligné leurs engagements sur les questions auxquelles sont confrontés divers pays arabes et islamiques, notamment la Palestine, la Syrie, le Liban et l'Afghanistan.

Texte intégral du communiqué :

Communiqué conjoint entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis d'Amérique

L'invitation du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane Ben Abdulaziz Al-Saud, le Président Joseph R. Biden a effectué une visite officielle au Royaume d'Arabie saoudite les 15 et 16 juillet 2022. Suite à la rencontre avec le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saud, le président Biden et Son Altesse Royale le prince héritier Mohammed ben Salmane Al-Saud, vice-Premier ministre, ont tenu une réunion officielle à laquelle ont participé de hauts responsables des deux pays.

Les participants ont passé en revue les priorités communes aux deux pays constituant le socle sur lequel est fondé le partenariat entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis.

À l'issue de cette rencontre, les deux partenaires ont publié ce communiqué décrivant le partenariat stratégique entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis au cours des prochaines décennies dans le but de faire progresser leurs intérêts mutuels et de faire avancer une vision commune pour un monde plus pacifique, plus sûr, plus prospère et plus stable au Moyen-Orient.

Partenariat stratégique

Les participants ont passé en revue les relations historiques et le partenariat noué entre le Royaume d'Arabie saoudite et les États-Unis d'Amérique qui datent d’il y a près de huit décennies après la rencontre entre le roi Abdulaziz Al-Saud et le président Franklin D. Roosevelt à bord du USS Quincy.

Les deux parties ont, par ailleurs, souligné l'importance de continuer à renforcer leur partenariat stratégique pour servir les intérêts des peuples du Royaume d'Arabie saoudite et des États-Unis. Les deux partenaires ont également souligné le rôle central que ce partenariat historique a joué dans la promotion de la stabilité et de la prospérité régionales en mettant en avant le fait que le partenariat américano-saoudien était la pierre angulaire de la sécurité régionale depuis des décennies. À la suite de cette rencontre, les deux parties ont affirmé que les deux pays partagent la vision d'une région plus sûre, stable et prospère et ouverte sur le monde.

Les deux parties ont exprimé leur volonté de résoudre les différends politiques par des moyens pacifiques et diplomatiques en mettant en place un soutien économique et financier aux pays de la région qui en ont le plus besoin, afin d’atténuer les crises humanitaires grâce à un soutien économique et financier. Ils ont, par ailleurs, conformément au droit international, réaffirmé l'importance du respect des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale.

Les deux partenaires ont, aussi, souligné la nécessité de soutenir les gouvernements de la région confrontés aux menaces terroristes ou de groupes armés soutenus par des puissances étrangères.

Les deux parties ont mis en avant les liens historiques entre les peuples du Royaume d'Arabie saoudite et des États-Unis, se félicitant, à cet égard, de l'extension de la validité des visas d'affaires et de tourisme à 10 ans pour favoriser la coopération économique et renforcer des liens toujours plus étroits entre les deux pays.

Les deux partenaires ont ensuite examiné la coopération bilatérale et les réalisations communes dans les domaines suivants :

Sécurité énergétique et coopération climatique

Les deux parties ont souligné l’importance d’une coopération stratégique en matière d’économie et d’investissement, en particulier à la lumière de la crise actuelle en Ukraine et de ses conséquences, et ont réaffirmé leur engagement à l’égard d’un marché mondial stable de l’énergie. Les États-Unis ont salué l’engagement de l’Arabie saoudite à soutenir l’équilibre des marchés pétroliers mondiaux en vue d’une croissance économique durable. Les deux parties ont décidé de se consulter régulièrement en ce qui concerne les marchés mondiaux de l’énergie, à court et à long terme, ainsi que de travailler ensemble en tant que partenaires stratégiques sur les initiatives de transition climatique et énergétique, reconnaissant le rôle de premier plan de l’Arabie saoudite dans l’avenir de l’énergie.

Les États-Unis ont salué l’Initiative verte saoudienne et l’Initiative verte du Moyen-Orient, et se sont félicités de la participation de l’Arabie saoudite au Forum des grandes économies sur l'énergie et le climat, son adhésion au Pacte mondial sur le méthane, son statut de membre fondateur du Forum des producteurs Net-Zero, et l’annonce de son intention de couvrir 50% de sa production d’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030.

Les deux parties se sont félicitées de la finalisation d’un cadre de partenariat pour la promotion de l’énergie propre, avec des investissements substantiels dans la transition vers l’énergie propre et la lutte contre les changements climatiques. Elles ont également mis l’accent sur l’énergie renouvelable, l’hydrogène propre, le développement des capacités humaines dans le domaine de l’énergie nucléaire, et la coopération dans les aspects liés à la réglementation nucléaire, l’utilisation du captage et de la séquestration du carbone, le développement de matériaux durables, ainsi que sur d’autres initiatives dans le cadre de l’économie circulaire du carbone, où l’Arabie saoudite compte jouer un rôle de leader mondial.

Le Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements

Les deux parties ont souligné que la transition énergétique et la sécurité nationale des deux pays nécessitent des chaînes d’approvisionnement stables et diversifiées. Les États-Unis ont salué à cet égard le soutien de l’Arabie saoudite au Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements, que le président Biden a annoncé au Sommet du G7 le 26 juin 2022. Grâce à ce partenariat historique, les États-Unis et l’Arabie saoudite visent à investir stratégiquement dans des projets qui soutiennent la connectivité numérique, la durabilité de la chaîne d’approvisionnement, et la sécurité climatique et énergétique axée sur les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Sécurité et défense

Le président Biden a fermement affirmé l’engagement continu des États-Unis à soutenir la sécurité et la défense territoriale de l’Arabie saoudite, et à faciliter la capacité du Royaume à acquérir les moyens nécessaires pour défendre son peuple et son territoire contre les menaces extérieures.

Les deux parties ont souligné la nécessité de mettre fin à l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures d’autres pays, à son soutien au terrorisme par l’intermédiaire de ses mandataires armés, et à ses efforts pour déstabiliser la sécurité et la stabilité de la région. Le royaume d’Arabie saoudite et les États-Unis ont rappelé la nécessité d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

Les deux parties ont souligné l’importance de préserver la libre circulation des marchandises à travers les voies navigables internationales stratégiques comme Bab al-Mandab et le détroit d’Hormuz. Elles se sont félicitées de la nouvelle Force opérationnelle combinée 153, qui se concentre sur le passage Bab al-Mandab de la mer Rouge et la lutte contre le trafic illicite au Yémen. Elles ont également salué la prise de commandement par l’Arabie saoudite de la Force opérationnelle combinée 150, qui consolide les objectifs communs de sécurité maritime dans le golfe d’Oman et le nord de la mer d’Arabie.

Afin d’améliorer et de rationaliser l’échange d’informations dans le domaine maritime, la coopération entre les Forces navales royales saoudiennes et la Force opérationnelle combinée 153 sera renforcée dans le centre de coordination en réseau régional dirigé depuis le quartier général de la Cinquième Flotte américaine à Bahreïn. Les États-Unis ont également mis l’accent sur la coopération croissante entre les Forces navales royales saoudiennes et la Force opérationnelle 59 de la Cinquième Flotte américaine, qui dirige une flotte croissante de navires de surface de pointe sans pilotes intégrés, et qui utilise l’intelligence artificielle pour améliorer la sécurité maritime et la connaissance du domaine à l’appui de la sécurité régionale.

 

L’Irak

Le président souligne le rôle de premier plan joué par le royaume d’Arabie saoudite dans le renforcement des relations avec l’Irak et les accords historiques qui seront signés en marge du sommet sur la sécurité et le développement de Djeddah le 16 juillet 2022. Ils permettront de relier les réseaux électriques de l’Arabie saoudite et des pays du Conseil de coopération du Golfe au réseau irakien, afin de fournir à l’Irak et à son peuple des sources d’électricité nouvelles et diversifiées.

La Palestine

En ce qui concerne les enjeux israélo-palestiniens, les deux parties soulignent leur engagement durable en faveur d’une solution à deux États, grâce à laquelle un État palestinien souverain et contigu vivrait côte à côte dans la paix et la sécurité avec Israël. Cela apparaît comme le seul moyen de résoudre la question palestinienne conformément aux normes internationalement reconnues et à l’Initiative de paix arabe. Les dirigeants font part de leur détermination à coordonner étroitement leurs efforts pour encourager les parties à témoigner – au moyen de politiques et d’actions – de leur engagement en faveur d’une solution à deux États. Les États-Unis et l’Arabie saoudite encouragent tous les efforts qui contribuent à parvenir à une paix juste et globale dans la région.

La Syrie

Les deux parties réitèrent leur engagement à préserver l’unité, la stabilité et l’intégrité territoriale de la Syrie et expriment leur soutien aux efforts déployés par l’émissaire spécial du Secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution politique au conflit, conforme à la formule décrite dans la résolution 2254 (en date de 2015) du Conseil de sécurité des Nations unies. Elles insistent, en même temps, sur la nécessité d’empêcher une reprise de la violence, de maintenir les cessez-le-feu établis et de permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à tous les Syriens dans le besoin.

Le Liban

Les deux parties réaffirment leur soutien continu à la souveraineté, à la sécurité et à la stabilité du Liban, ainsi que leur soutien aux Forces armées libanaises qui protègent ses frontières et résistent aux menaces des groupes extrémistes violents et terroristes. Elles notent également l’importance de former un gouvernement libanais et de mettre en œuvre des réformes politiques et économiques structurelles globales pour s’assurer que le Liban surmonte sa crise politique et économique et qu’il ne devienne pas un point de départ pour les terroristes, le trafic de drogue ou d’autres activités criminelles qui menacent la stabilité et la sécurité de la région.

Elles soulignent par ailleurs l’importance de l’autorité du gouvernement sur tout le territoire libanais, y compris en ce qui concerne le respect des dispositions des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’accord de Taëf. Il pourra ainsi exercer sa pleine souveraineté, de manière à ce qu’il n’y ait pas d’armes sans le consentement du gouvernement libanais ou d’une autorité autre que le gouvernement libanais.

L’Ukraine

Les deux parties affirment qu’un ordre fondé sur des règles est au cœur même de la sécurité internationale, mettant en lumière l’importance du respect du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale. Elles réaffirment les principes énoncés dans la résolution ES-11/1 de l’Assemblée générale des Nations unies du 2 mars 2022, approuvée par tous les membres du CCG.

Les dirigeants renouvellent leur engagement à fournir une aide essentielle au peuple ukrainien et à assurer l’exportation sans entrave de produits céréaliers et de blé pour atténuer les crises alimentaires mondiales qui menacent d’avoir une incidence aiguë sur un certain nombre de pays du Moyen-Orient et de l’Afrique.

Le Soudan

Les deux parties insistent sur l’importance du dialogue entre les parties soudanaises et de la relance du processus politique. Elles saluent les efforts déployés par la mission des Nations unies pour soutenir le retour aux principes d’une solution politique au Soudan et expriment leur satisfaction quant au rôle actif du Quad pour le Soudan, souhaitant paix et prospérité au pays et à son peuple.

La Libye

Les deux parties témoignent de leur soutien au peuple libyen au moment où il s’engage dans le processus politique négocié par l’ONU pour préparer les élections présidentielles et parlementaires dès que possible. Elles expriment leur plein soutien à l’accord de cessez-le-feu libyen conclu le 23 octobre 2020 et à l’appel libyen pour le départ définitif et imminent des forces étrangères, des combattants étrangers et des mercenaires, conformément à la résolution 2570 (en date de 2021) du Conseil de sécurité des Nations unies.

L’Afghanistan

Les deux parties insistent sur la nécessité de soutenir la sécurité de l’Afghanistan et de faire face à la menace posée par les terroristes basés dans le pays. Elles soulignent par ailleurs l’importance de continuer à acheminer l’aide humanitaire vers l’Afghanistan. Elles veulent répondre aux besoins du peuple afghan et promouvoir ses droits, y compris les droits des filles à l’éducation et à jouir du meilleur état de santé possible et, pour les femmes, le droit au travail.

Le contreterrorisme

Les deux parties font part de leur volonté de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

 
Elles expriment leur engagement continu à contrer Al-Qaïda et Daech, à endiguer le flux de combattants étrangers, à faire face à la propagande extrémiste violente et à couper tout financement au terrorisme.

Les deux parties saluent les efforts conjoints par l’intermédiaire du Centre de ciblage du financement d’activités terroristes, basé au royaume d’Arabie saoudite. Elles passent en revue le succès exceptionnel de la Coalition mondiale pour vaincre Daech, établie à Djeddah en 2014, et soulignent la nécessité pour cette coalition de déployer des efforts à long terme et pluriannuels pour renvoyer à la fois les combattants de Daech et les dizaines de milliers de membres de la famille de Daech du nord-est de la Syrie vers leur pays d’origine. Elles se félicitent de la prochaine réunion ministérielle de la Coalition mondiale pour vaincre Daech qui se tiendra en Arabie saoudite au début de 2023.

Conclusion

Les deux parties ont décidé d’élargir et de renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines abordés lors de cette réunion, avant que le prochain dialogue stratégique annuel entre l’Arabie saoudite et les États-Unis ne se tienne au Royaume plus tard cette année. Ce communiqué de Djeddah devrait constituer la base du plan de travail à venir pour consolider et renforcer le partenariat stratégique entre les deux pays.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


L’Égypte exhorte toutes les parties à exercer davantage de pression pour mettre fin au conflit à Gaza

De la fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a touché des bâtiments situés près du mur séparant l’Égypte et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le lundi 6 mai 2024. (Photo AP)
De la fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a touché des bâtiments situés près du mur séparant l’Égypte et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le lundi 6 mai 2024. (Photo AP)
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  • Le président Abdel Fattah al-Sissi salue les progrès réalisés lors des récents pourparlers
  • Le Caire avertit Israël que l’attaque de Rafah menace plus d’un million de personnes à Gaza

LE CAIRE: Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué les progrès réalisés lundi lors des pourparlers de paix visant à conclure une trêve dans la guerre menée par Israël à Gaza.

M. Al-Sissi a déclaré suivre «de près les développements positifs relatifs aux négociations en cours pour parvenir à une trêve globale dans la bande de Gaza».

Il a appelé toutes les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord qui mettra fin à la tragédie humaine du peuple palestinien et finalisera l’échange d’otages et de prisonniers.

Le Hamas a accepté lundi une proposition de cessez-le-feu sous la médiation de l’Égypte et du Qatar. Les démarches diplomatiques à fort enjeu et les manœuvres militaires ont fait naître une légère lueur d’espoir concernant la conclusion d’un accord. En effet, un accord pourrait au moins permettre de marquer une pause dans cette guerre qui dure depuis sept mois et qui a ravagé la bande de Gaza.

Un conflit entre l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens dirigés par le Hamas se déroule principalement à l’intérieur et autour de la bande de Gaza depuis le 7 octobre. La guerre a commencé lorsque le Hamas a lancé une attaque surprise sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, tuant environ 1 200 personnes et prenant 150 otages.

Les frappes israéliennes ultérieures contre Gaza ont contraint environ 80% des 2,3 millions d’habitants du territoire à fuir et elles ont causé des destructions massives d’appartements, d’hôpitaux, de mosquées et d’écoles dans plusieurs villes.

Selon les autorités sanitaires locales, le nombre de Palestiniens morts à Gaza s’élève à plus de 34 500.

Par ailleurs, le ministère égyptien des Affaires étrangères a rappelé qu’il avait mis en garde contre les dangers d’une éventuelle opération militaire israélienne dans la région de Rafah, à Gaza, «étant donné que cette escalade entraîne de graves dangers humanitaires qui menacent plus d’un million de Palestiniens résidant dans cette région».

Le ministère a appelé Israël à faire preuve de «la plus grande retenue» et à «s’abstenir de toute nouvelle escalade à ce moment extrêmement critique des négociations de cessez-le-feu, afin d’épargner la vie des civils palestiniens qui subissent une catastrophe humanitaire sans précédent depuis le début de la guerre».

Il a assuré que l’Égypte continuait à discuter avec toutes les parties pour éviter que la situation ne se détériore.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a évoqué la situation à Rafah avec son homologue émirati, le cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyane, lors d’un appel téléphonique.

Les deux ministres ont échangé sur la possibilité que l’armée israélienne mène une opération militaire dans la ville assiégée.

M. Choukri a réitéré sa mise en garde contre les dangers d’une escalade militaire israélienne à Rafah, qui est considérée comme la dernière zone relativement sûre de la bande de Gaza et le refuge de plus d’un million de Palestiniens.

Les ministres égyptien et émirati ont insisté sur l’urgence de parvenir à un accord de trêve qui permette l’échange d’otages et de détenus et garantisse un cessez-le-feu permanent.

Ils sont convenus de poursuivre les négociations avec les différentes parties afin d’éviter que le conflit ne s’étende à d’autres pays de la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza : près de 60% des bâtiments endommagés ou détruits

Une vue générale montre la destruction dans la zone entourant l'hôpital Al-Shifa de Gaza après le retrait de l'armée israélienne du complexe abritant l'hôpital le 1er avril 2024 (AFP)
Une vue générale montre la destruction dans la zone entourant l'hôpital Al-Shifa de Gaza après le retrait de l'armée israélienne du complexe abritant l'hôpital le 1er avril 2024 (AFP)
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  • D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160 000 en tout
  • Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600 000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.

PARIS: Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien il y a sept mois, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, des destructions d'une ampleur "énorme et sans précédent" dans la bande de Gaza.

La ville de Gaza aux trois quarts détruite

D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160.000 en tout. Et c'est au cours des deux/trois premiers mois du conflit que les destructions ont été les plus importantes, précise à l'AFP Corey Scher.

Depuis le 7 octobre et l'attaque sans précédent menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes, l'armée israélienne pilonne sans relâche ce territoire exigu de 365 km2 et densément construit.

L'offensive israélienne a fait jusqu'à présent 34.789 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien assiégé par Israël. A 70% des femmes et des enfants, précise l'ONU.

Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600.000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.

A la lisière sud du territoire, Rafah --devenue un refuge pour 1,4 million de Palestiniens, habitants et déplacés, selon les derniers chiffres de l'ONU-- est pour l'instant la ville la moins détruite (avec 33,9% de bâtiments touchés) mais l'armée israélienne y a déployé des chars mardi et l'a bombardée.

Cinq hôpitaux totalement détruits

Les hôpitaux sont souvent pris pour cible par l'armée israélienne, qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains. Le plus grand, celui d'al-Chifa dans la ville de Gaza, a été visé par une opération de l'armée israélienne. L'OMS a indiqué début avril qu'il avait été réduit à une "coquille vide" jonchée de dépouilles humaines.

Au cours des six premières semaines de la guerre, "60% des établissements de santé ont été déclarés endommagés ou détruits", détaille à l'AFP l'universitaire Corey Scher.

Aujourd'hui, cinq d'entre eux sont complètement détruits (selon des données OpenStreetMap, du ministère de la Santé du Hamas via l'Ocha, le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU, et de l'Unosat, le centre satellitaire des Nations unies, compilées par l'AFP) et 28% fonctionnent partiellement, selon l'ONU.

Plus de 70% des écoles endommagées

Les bâtiments scolaires, qui servent de refuge aux déplacés notamment ceux sur lesquels flottent le drapeau bleu de l'ONU, payent également un lourd tribut : l'Unicef comptabilise, au 25 avril, 408 écoles endommagées (soit au moins 72,5% des 563 établissements qu'il a répertoriés). Parmi elles, 53 ont été totalement détruites et 274 directement touchées.

L'ONU estime que les deux tiers des établissements auront besoin d'une reconstruction complète ou de travaux de réhabilitation importants pour être à nouveau fonctionnels.

Pour les lieux de cultes, en combinant des données de l'Unosat et de OpenStreetMap, il ressort que 61,5% des mosquées ont été endommagées ou détruites.

Dresde

Une étude militaire américaine datant de 1954 reprise par le Financial Times indique que le bombardement de Dresde en 1945 avait endommagé 59% des bâtiments de la ville allemande. Un niveau de destruction largement dépassé dans le nord de la bande de Gaza. Et ce n'est que quarante ans plus tard, que la "Frauenkirche", l'église emblème de la ville, a vu sa reconstruction entamée, faute de financement. Le Havre, rasé à 85%, est la ville française la plus touchée à l'époque.

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit depuis plus de deux ans, il y avait, fin avril, plus de débris et de gravats à déblayer à Gaza que dans le pays attaqué par la Russie, selon un responsable de l'ONU. L'organisation a estimé début mai à entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction à Gaza. "L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent", a-t-elle affirmé.

"Le rythme des destructions enregistrées ne ressemble à rien de ce que nous avons étudié auparavant, il est beaucoup plus rapide et plus important", analyse Corey Scher.

 

 

 


L'ONU interdite d'accès au point de passage de Rafah par les autorités israéliennes

Une pancarte accueille ceux qui arrivent à Gaza, avant d'être démolie par un véhicule militaire israélien, alors qu'Israël revendique le contrôle du poste frontière de Rafah dans la bande de Gaza lors de son conflit avec le groupe islamiste palestinien Hamas (Photo, Reuters).
Une pancarte accueille ceux qui arrivent à Gaza, avant d'être démolie par un véhicule militaire israélien, alors qu'Israël revendique le contrôle du poste frontière de Rafah dans la bande de Gaza lors de son conflit avec le groupe islamiste palestinien Hamas (Photo, Reuters).
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  • Quant au point de passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza et récemment rouvert par Israël, toute l'aide qui pourrait y passer doit être soumise au contrôle des autorités israéliennes à Kerem Shalom
  • L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte

GENEVE: L'ONU s'est vue interdire par Israël l'accès au point de passage de Rafah dans la bande de Gaza, a-t-elle indiqué mardi, soulignant que l'aide ne pouvait plus entrer dans le territoire palestinien, y compris le diesel indispensable pour l'aide humanitaire.

"Nous n'avons actuellement aucune présence physique au point de passage de Rafah car le Cogat (organisme israélien chargé de coordonner la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupées, NDLR) nous a refusé l'accès à cette zone", qui est le principal point de passage de l'aide humanitaire, a déclaré Jens Laerke, le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), lors d'un point de presse régulier à Genève.

"On nous a dit qu'il n'y aurait pas de passage de personnel ou de marchandises dans les deux sens pour le moment... Pour combien de temps ? Je n'en sais rien", a-t-il ajouté.

"Cela a un impact considérable", a-t-il souligné. Aucune aide ne peut plus entrer non plus par le point de passage de Kerem Shalom fermé depuis dimanche par l'armée israélienne après des tirs de roquette.

"Actuellement les deux principales artères pour acheminer l'aide à Gaza sont bloquées. Ce matin est l'un des plus sombres de ce cauchemar qui dure depuis sept mois", a-t-il poursuivi. Si le carburant est bloqué, "ce serait une manière très efficace d'enterrer l'opération humanitaire", a jugé le porte-parole.

Quant au point de passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza et récemment rouvert par Israël, toute l'aide qui pourrait y passer doit être soumise au contrôle des autorités israéliennes à Kerem Shalom, a indiqué un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), James Elder, lors du point de presse. Kerem Shalom étant "fermé", rien ne peut être contrôlé, a-t-il dit.

L'ONU bientôt à court de carburant 

Israël a lancé une vaste opération militaire contre le Hamas dans la bande de Gaza après l'attaque massive du mouvement islamique sur le territoire israélien le 7 octobre.

L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte, et affirmé mener une opération de "contreterrorisme" dans "des zones spécifiques" de l'est de Rafah.

L'ONU est d'autant plus préoccupée qu'il n'y a pas de réserves importantes d'aide dans Gaza: toute celle qui entrait jusqu'à présent a été immédiatement distribuée.

Pour le carburant, selon M. Laerke, il n'entre que par Rafah, la réserve "est pour l'ensemble" de l'opération humanitaire à Gaza et est "très, très courte, environ une journée (...) principalement de diesel, pour faire fonctionner les camions et les générateurs".

A ses côtés, une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Harris, a confirmé que le point de passage de Rafah est fermé depuis lundi sans exception: "Pas de personnel entrant ou sortant, pas d'évacuations, rien. Et je crois savoir qu'il en va de même aujourd'hui".

«Pire qu'à Rafah»

Pour le porte-parole de l'Unicef, il est "difficile de voir comment les agences d'aide peuvent éviter la famine dans la bande de Gaza si cette porte est fermée pendant une longue période".

L'armée israélienne (IDF) a largué des tracts appelant les habitants à évacuer "vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi", à une dizaine de kilomètres de Rafah.

"Les IDF ont facilité" à al-Mawasi "la construction d'hôpitaux de campagne, de tentes" ainsi que l'arrivée d'eau, de nourriture et de matériel médical, a assuré un porte-parole de l'armée, Nadav Shoshani, lors d'un briefing mardi.

"La situation dans les zones où les gens ont reçu l'ordre de se rendre est incroyablement pire qu'à Rafah", a souligné le porte-parole de l'Unicef. Des habitants et des organisations humanitaires y décrivent des secteurs déjà surpeuplés ou détruits par la guerre tandis que Rafah abrite le dernier grand hôpital de Gaza, l'hôpital européen, qui, selon M. Elder, "est l'une des dernières bouées de sauvetage pour les civils".