PARIS: Narjess Mizouni a réussi son pari qui est de proposer du «luxe accessible». La fondatrice de Vintage Diet revient pour Arab News en français sur l'identité de sa marque, les difficultés rencontrées ainsi que les projets envisagés.
Une fabrication tunisienne
Pour les fins connaisseurs de la mode tunisienne, le nom de Narjess Mizouni est familier. C'est elle qui a fondé en 2010 le premier blog de mode et beauté en Tunisie. Son parcours est avant tout celui d'une femme passionnée par la mode et qui a su exaucer son rêve d'enfant, celui de créer sa propre marque.
Après des études en management et création des entreprises, Narjess Mizouni a intégré l'école de mode Esmod Tunisie. Elle a également occupé plusieurs postes professionnels, dont ceux de rédactrice de mode et de consultante. «Je voulais plus de liberté. Je voulais me consacrer à mes idées. J'ai constaté que la vente en ligne en Tunisie était un marché nouveau. Malgré les réticences, le confinement a obligé les gens à faire confiance à la vente en ligne. Les habitudes avaient ainsi changé», nous dit-elle.
Savoir saisir une opportunité au bon moment est une chose, choisir de tout concevoir et fabriquer en Tunisie en est une autre. Narjess Mizouni a choisi de prendre un chemin semé d’embûches. «Je ne connaissais pas les ateliers. En tant que femme, je me suis retrouvée face à un monde masculin qui ne m'a pas prise au sérieux», raconte-t-elle. Elle a appris à surmonter ces obstacles grâce à un investissement total et à une meilleure connaissance de l'écosystème de la mode dans son pays.
Une narration pertinente
Vintage Diet est avant tout une invitation à se plonger dans un univers vintage. Toutefois, cet univers est avant tout le reflet des idées de Narjess Mizouni. «Je conçois l'univers vintage comme une femme avec une classe innée qui peut parfois être androgyne et féminine, mais toujours sensuelle, et ce, peu importe son âge. Une femme qui a beaucoup d'assurance et qui aime se faire belle. Une femme qui conçoit le vêtement comme un bien familial qui se lègue de mère en fille.»
Les vêtements de Vintage Diet se vendent uniquement en ligne. C'est un choix délibéré de sa créatrice. Elle a néanmoins comme projet de réaménager son bureau pour en faire un showroom sur rendez-vous. Elle souhaite recréer l’univers de son enfance dans lequel les femmes essayaient les vêtements dans leur appartement. Les clientes de la marque apprécient la versatilité et le confort des vêtements mais aussi l'histoire derrière chaque pièce.
La première collection était ainsi consacrée à l'univers du film La Dolce Vita. «Je ne vends pas un vêtement, je vends un monde. J'aime donner envie d'acheter la pièce avant qu’elle ne soit publiée en ligne», insiste-t-elle. La mise en scène est toujours soignée. Le travail d'équipe avec les mannequins qui sont vite devenus les muses de la marque, comme Hejer Gargouri et Hayet Bellaaj, est remarquable.
Narjess Mizouni souhaite maintenant diversifier et développer sa marque tout en veillant à ne pas sacrifier les ingrédients de son succès.