Vincent Lemire, lauréat du Grand Prix des journées de l’Histoire de l’IMA

L’IMA est l’une des rares institutions française, soutenue et financée par de nombreux pays arabes et du Maghreb (Photo, Twitter).
L’IMA est l’une des rares institutions française, soutenue et financée par de nombreux pays arabes et du Maghreb (Photo, Twitter).
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Publié le Lundi 11 juillet 2022

Vincent Lemire, lauréat du Grand Prix des journées de l’Histoire de l’IMA

  • L’auteur raconte le sort tragique du quartier maghrébin de Jérusalem, édifié au XIIe siècle au pied du mur des Lamentations, et détruit à l’issue de la guerre des Six-Jours en 1967
  • Les recherches de Vincent Lemire révèlent que les organisations des mouvements sionistes cherchaient à acquérir le quartier maghrébin dès la fin du XIXe siècle

PARIS: Ce prix, parrainé par l’académie du royaume du Maroc et le président du jury, Henry Laurens, récompense un travail contribuant au progrès de la recherche sur l’Histoire du monde arabe. «C’est une fierté particulière que de recevoir ce prix, car il est remis par un jury scientifique et académique, coordonné par l’Institut du monde arabe (IMA) qui est une institution prestigieuse et transnationale. L’IMA est l’une des rares institutions française, soutenue et financée par de nombreux pays arabes et du Maghreb», souligne Vincent Lemire.

Vincent Lemire (Photo, fournie).
Vincent Lemire (Photo, fournie).

Le quartier maghrébin de Jérusalem

L’auteur raconte le sort tragique du quartier maghrébin de Jérusalem, édifié au XIIe siècle au pied du mur des Lamentations, et détruit à l’issue de la guerre des Six-Jours en 1967. S’appuyant sur les recherches les plus récentes et de nombreuses sources inédites telles que les archives inédites de la municipalité de Jérusalem, d’Istanbul, de Genève, de Rabat et de Nantes, l’historien lève le voile sur une histoire inconnue. «Le livre commence par un mystère sur l’histoire complètement inconnue de ce quartier qui a pourtant existé pendant des siècles.» Il précise que, côté israélien, cette histoire oblitérée n’est pas une surprise.

Ce prix, parrainé par l’académie du royaume du Maroc et le président du jury, Henry Laurens, récompense un travail contribuant au progrès de la recherche sur l’Histoire du monde arabe (Photo, fournie).
Ce prix, parrainé par l’académie du royaume du Maroc et le président du jury, Henry Laurens, récompense un travail contribuant au progrès de la recherche sur l’Histoire du monde arabe (Photo, fournie).

Au cœur des Lieux saints de Jérusalem

Fondé par Saladin, ce quartier très dense dont les habitants avaient des noms de familles comme Al-Maghribi, Al-Jazaïri («d’Algérie»), Al-Tounsi («de Tunisie»), Al-Fassi («de Fès»), étaient, en tant que ressortissants du Maghreb colonial de l’époque, de nationalité française et porteurs d’une identité maghrébine très forte.

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«Au pied du mur est un livre qui raconte une histoire transnationale qui rappelle que les frontières n’ont pas été aussi importantes qu’aujourd’hui. Les liens entre les pays du Maghreb étaient très forts; il s’agissait d’une entité en soi, où les gens circulaient. Ce n’est malheureusement plus le cas désormais, avec des conflits importants entre le Maroc et l’Algérie. Au-delà du Maghreb, le monde islamique méditerranéen était beaucoup plus ouvert et poreux; les familles se déplaçaient, que ce soit pour des raisons religieuses ou économiques. Tout cela est devenu plus difficile, en raison des frontières ou de questions géopolitiques.»

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À quelques mètres de l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa, le quartier maghrébin était composé de cent trente-cinq maisons où vivaient près d’un millier de personnes. «Ce quartier est une fondation pieuse islamique, un waqf destiné à loger, à nourrir et à soigner des pèlerins originaires du Maghreb, en route vers La Mecque», explique Vincent Lemire. À l’époque, les pèlerinages du Hajj prenaient plusieurs mois et se faisaient à pied et/ou par bateaux. Pour atteindre La Mecque, il fallait passer par Hébron et Jérusalem, la ville des patriarches et des prophètes où on se met en état de sainteté en revêtant les habits blancs.

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«Pour des raisons de maladies ou de veuvage, de nombreux pèlerins ont décidé de s’y installer et de mourir dans la Ville sainte (…). Du XIIe siècle jusqu’aux années 1960, ce quartier, situé au cœur des Lieux saints, est devenu l’un des quartiers singuliers de Jérusalem qu’on a toujours appelé “le quartier maghrébin”», raconte l’auteur.

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Un quartier convoité

Les recherches de Vincent Lemire révèlent que les organisations des mouvements sionistes cherchaient à acquérir le quartier maghrébin dès la fin du XIXe siècle, pour agrandir l’espace étroit de prières du mur des Lamentations, qui ne permettrait pas d’organiser des prières collectives. «Les recherches prouvent que des tentatives d’achat ont été menées, qui n’ont pas abouti, car ce quartier appartenait à une fondation religieuse, donc inaliénable et inaccessible sur le plan juridique», souligne Vincent Lemire.

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L’occasion se présente à l’issue de la guerre des Six-Jours au cours de laquelle l’armée israélienne finira par le détruire. «La destruction du quartier s’est déroulée dans la nuit du samedi 10 au dimanche 11 juin 1967, à quelques heures à peine du cessez-le-feu», explique l’auteur. Elle fut brutale et rapide.

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Que sont devenues les familles après la destruction du quartier? Selon l’historien, s’appuyant sur des documents d’archives de la ville de Jérusalem, ces familles, qui ont obtenu des compensations, évaluées en deçà des valeurs immobilières de l’époque, ont été relogées chez les familles des quartiers avoisinants comme Silwan, Shuafat ou encore Jéricho.

 


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com