AL-MOUKALLA: Un travailleur humanitaire yéménite enlevé par les Houthis depuis cinq ans a perdu la vie alors qu'il était détenu par la milice soutenue par l'Iran, a déclaré mercredi un groupe local de défense des droits de l'homme.
Interrogé par Arab News, Ichraq al-Maqtari, porte-parole du Comité national chargé d'enquêter sur les allégations de violations des droits de l'homme, a indiqué que les Houthis avaient appelé la femme de Yasser Mohammed al-Junaid, 45 ans, disparu en 2017 dans la ville de Khokha située sur la mer Rouge, pour lui dire de se rendre à Sanaa afin de récupérer le corps de son mari.
Al-Junaid, qui enseignait l'anglais et travaillait avec des organisations humanitaires locales, a été enlevé dans les rues de Khokha alors que la ville était sous le contrôle des Houthis. Il a ensuite été emmené dans un centre de détention dans la ville de Zabid à Hodeïda, a précisé Ichraq.
Lorsque les Houthis ont nié avoir enlevé Al-Junaid et ont prétendu ne pas savoir où il se trouvait, la femme de la victime a signalé l'incident aux groupes de défense des droits locaux, dont le Comité national.
«L'année dernière, elle pleurait, exigeait qu'on lui dise où se trouvait son mari et demandait que l'on poursuive les coupables en justice», a poursuivi Ichraq.
Les militants yéménites ont réclamé que le corps d'Al-Junaid soit examiné par un médecin légiste pour que la cause de sa mort soit déterminée. Ils pensent qu'il a été soumis aux mêmes tortures que celles subies par des dizaines d'autres détenus décédés dans les prisons des Houthis.
Depuis que la milice a pris le pouvoir en 2014, des milliers de Yéménites, y compris des journalistes, des politiciens, des agents de sécurité, des militaires et des civils ont été emprisonnés.
Le Comité national estime qu'au moins 300 Yéménites ont été enlevés par les Houthis et que leurs familles n'ont aucune idée de ce qui leur est arrivé.
«Les familles des personnes enlevées veulent savoir ce qu'il est advenu de leurs proches, s'ils sont morts ou vivants. Il vaut mieux connaître la vérité, aussi amère soit-elle, plutôt que de vivre dans de faux espoirs», a affirmé Ichraq.
Son organisation est actuellement à la recherche de deux Yéménites qui ont disparu après avoir été enlevés par les Houthis en 2015, aux premiers jours de l'expansion militaire du groupe à travers le Yémen.
Choukaib Alam, père de quatre enfants, a été enlevé à Aden en mai 2015 alors qu'il rentrait chez lui en voiture après avoir fait des courses. Les Houthis l'ont accusé de transporter du matériel destiné aux combattants de la ville.
On a dit à la famille d'Alam qu'il était détenu à la base militaire d'Al-Anad à Lahj qui était alors sous le contrôle de la milice, mais il n'y a pas eu d'autres informations à son sujet depuis que les Houthis ont été chassés de la base en août 2015.
Abdou Saeed al-Oudaini, également père de quatre enfants, a été porté disparu en avril 2015 après avoir été enlevé par les Houthis à Taïz. On a dit à sa famille qu'il était détenu dans un centre de détention situé dans le complexe résidentiel d'Al-Saleh à Taïz, mais les Houthis ont nié savoir où il se trouvait.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com