TRIPOLI: Le gouvernement libyen basé à Tripoli a annoncé mercredi la nomination d'un nouveau patron à la tête de la Compagnie nationale de Pétrole (NOC), chargée du secteur énergétique dans ce pays en proie au chaos.
Selon un décret du 7 juillet rendu public mercredi, Farhat Bengdara et quatre autre membres composent désormais le "conseil d'administration de la Compagnie nationale de pétrole". M. Bengdara succède à Mustafa Sanalla, en fonction depuis 2014.
Il n'est cependant pas certain que cette décision soit suivie d'effet dans ce pays d'Afrique où décisions, lois et décrets n'ont aucune force.
Un comité ad-hoc qui devait organiser mercredi la passation a dû reporter ses travaux face à la réticence des employés.
Mercredi soir, M. Sanalla a confirmé qu'il ne céderait pas son portefeuille. "Cette institution appartient à tous les Libyens, et non à toi", a-t-il lancé dans une intervention vidéo en direct en s'adressant au chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah.
"Le mandat de ton gouvernement a expiré", a-t-il poursuivi, en insistant sur le caractère "technique" et apolitique de la compagnie.
Dotée des réserves les plus abondantes d'Afrique, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, minée par les divisions entre l'Est et l'Ouest du pays.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis mars: l'un basé à Tripoli et dirigé par Abdelhamid Dbeibah depuis 2021 et un autre conduit par Fathi Bachagha et soutenu par le camp du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est.
Six champs et terminaux pétroliers ont été fermés de force mi-avril par des groupes proches du camp de l'Est, réclamant le transfert du pouvoir à M. Bachagha ainsi qu'une "répartition équitable" des recettes pétrolières.
Le secteur névralgique de l'énergie fait aussi l'objet de tensions entre M. Sanalla et le ministre du Pétrole du gouvernement Dbeibah, Mohamad Aoun.
Depuis sa prise de fonction, M. Sanalla s'est imposé comme un interlocuteur de choix des partenaires étrangers, parmi lesquels des "majors".
Farhat Bengdara, 57 ans, a été gouverneur de la Banque centrale libyenne de 2006 à 2011, avant de rejoindre les rangs de la révolte en 2011.
Réputé proche des Émirats arabes unis, qui soutiennent le camp de l'Est, il a occupé en 2015 et 2016 la fonction de conseiller financier du cabinet parallèle basé dans l'Est.
Alors que le pétrole est au cœur des rivalités politiques, sa désignation serait le fruit d'un arrangement entre le gouvernement de Tripoli et le maréchal Haftar, selon des observateurs.
M. Sanalla a accusé les Emirats arabes unis d'être impliqués dans la décision de le remplacer.