L'ambassadeur de France en Arabie saoudite salue les liens qui unissent Paris et Riyad

Ludovic Pouille, ambassadeur de France en Arabie Saoudite. (Photo, fournie)
Ludovic Pouille, ambassadeur de France en Arabie Saoudite. (Photo, fournie)
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Publié le Jeudi 14 juillet 2022

L'ambassadeur de France en Arabie saoudite salue les liens qui unissent Paris et Riyad

Ludovic Pouille, ambassadeur de France en Arabie Saoudite. (Photo, fournie)
  • A la veille du 14 juillet, Ludovic Pouille se confie à Arab News sur l'évolution des relations franco-saoudiennes
  • Il fait l'éloge des progrès réalisés au niveau des coopérations sportives et commerciales et des autres relations qui existent entre les deux peuples

RIYAD: Les relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et la France remontent à 1839. Cette année-là, la France inaugurait son premier poste diplomatique dans la péninsule Arabique.

Au fil du temps, les liens entre les deux pays ont évolué et ils se sont étendus à tous les aspects de la coopération bilatérale, qu'il s'agisse d'accords commerciaux, culturels, éducatifs ou politiques.

Pour célébrer le 14-Juillet, Arab News en français s'est entretenu avec l'ambassadeur de France en Arabie saoudite, Ludovic Pouille. Ils ont passé en revue le partenariat stratégique global entre le Royaume et la France et les aspirations du diplomate.

Au sujet de la coopération entre les deux pays en matière de culture, M. Pouille a confié à Arab News en français: «Depuis la signature de l'accord de coopération entre le gouvernement de la France et celui d'Arabie saoudite, lors de la visite du prince héritier, Mohammed ben Salmane, à Paris, en 2018, le projet d'AlUla constitue un moyen de coopération remarquable entre les deux pays sur tous les plans, notamment ceux du tourisme, de la culture et du patrimoine.»

Cette visite a permis aux relations franco-saoudiennes d’évoluer. Elle a donné lieu à un accord bilatéral exemplaire qui portait sur le développement de centres urbains interreliés et d'institutions culturelles et touristiques à AlUla, mais aussi aux alentours du site archéologique de Mada'in Saleh, qui remonte à l’époque des Nabatéens.

«Cette coopération repose historiquement sur l'archéologie. En effet, c'est en 2002 que la première fouille archéologique franco-saoudienne a été menée, par l'archéologue française Laïla Nehmé, à Mada'in Saleh. Nous célébrons cette année le 20e anniversaire de cette coopération, qui a évolué grâce à seize missions archéologiques dans le Royaume initiées conjointement par la France et l'Arabie saoudite», explique M. Pouille. Ce dernier affirme que ce partenariat sera consolidé par la Villa Hégra, un centre culturel consacré à l'art contemporain, qui sera construit prochainement à AlUla.

L'ambassadeur de France en Arabie saoudite se félicite d'avoir participé à l'inauguration, au mois de novembre 2021, d'une filiale de l'Alliance française à AlUla. Selon lui, cette initiative rapprochera les communautés saoudienne et francophone.

La coopération entre les deux pays au niveau culturel et artistique est solide et elle ne cesse de progresser. Ainsi, l'ambassade de France en Arabie saoudite a organisé la 1re édition du Festival de la musique à Diriyah en juin dernier.

«Le concert que donnera le chanteur Mohammed Abdu à Paris le 22 juillet prochain fera découvrir au public français les chansons saoudiennes traditionnelles», souligne-t-il. Ces événements rapprochent les deux peuples, selon l'ambassadeur, et favorisent le dialogue interculturel grâce aux ponts qu'ils établissent entre les deux cultures.

«La France s'est imposée comme un acteur clé dans de nombreux secteurs: le cinéma, la musique, l'art culinaire, les jeux vidéo et l'art du spectacle», précise M. Pouille. «Notre pays souhaite que les Saoudiens découvrent l'excellence et le savoir-faire qu'offrent nos institutions, notamment dans la production d'événements, la présentation d'artistes et de leurs œuvres, les formations et les écoles d'art. Ensemble, nous pourrons réaliser de grands exploits.»

Si la culture se taille la part du lion dans les échanges entre les deux pays, les relations franco-saoudiennes évoluent également dans d'autres secteurs. La coopération entre la France et l'Arabie saoudite dans le domaine du sport avance ainsi à grands pas.

L'ambassadeur de France est fier de soutenir Al-Hilal, l'équipe saoudienne de football. Il confie à Arab News en français que le ministère saoudien des Sports a signé plusieurs accords avec des institutions françaises ces dernières années. Parmi elles, on trouve la Fédération française de football (FFF), l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) et la Fédération française de handball.

En collaboration avec la FFF, de nombreux centres de formation de football pour les jeunes Saoudiens sont en cours de développement dans le Royaume. Et ce n'est pas tout. «Les joueurs français spécialisés dans l'organisation de compétitions sportives font fureur depuis des années en Arabie saoudite», souligne M. Pouille.

«La première chose qui me vient à l'esprit est le Rallye Dakar. En effet, Amaury Sports Organization [ASO] organise cette compétition en Arabie saoudite depuis 2020. Il s'agit là de la plus belle réalisation en matière de coopération sportive. ASO a par ailleurs initié d'autres grands événements, en partenariat avec les autorités saoudiennes. Citons notamment le premier Tour d'Arabie saoudite (2020) en cyclisme, le Rallye Baja dans la province orientale, l'écotrail AlUla et le Marathon de Riyad.  La France possède une solide expérience, qui mérite d'être transmise; c'est un pays qui accorde une grande importance au sport et à l'organisation d'événements internationaux, à l'instar des Jeux olympiques de Paris, en 2024.»

Sur le plan économique, l'Arabie saoudite et la France entretiennent des rapports privilégiés sur le plan historique. Ils ont pris un nouvel essor avec la visite du président Emmanuel Macron dans le Royaume, en 2017.

«En 2020, les investissements français en Arabie saoudite se sont élevés à quelque 3 milliards de dollars [1 dollar = 1 euro], consacrés principalement aux projets liés à l'énergie. Pour leur part, les Saoudiens ont investi à hauteur de 600 millions de dollars en France; ce montant a été consacré principalement à l'hôtellerie et à l'immobilier», précise M. Pouille.

Concernant le commerce, les échanges de marchandises entre la France et l'Arabie saoudite se sont élevés à 6 milliards de dollars en 2021 (+25 % en glissement annuel), selon l'ambassadeur de France. Cette évolution atteste de la vigueur des relations commerciales entre les deux pays. En effet, la France arrive en 8e position dans le classement des pays fournisseurs de marchandise en Arabie saoudite et elle détient une part du marché qui correspond à environ 3,4% du total des importations saoudiennes.

Interrogé sur les perspectives de cette coopération d’ici à cinq ans, M. Pouille se montre très optimiste.

«L'Arabie saoudite s'est engagée dans une série de gigaprojets : Neom, AlUla, le Red Sea Project, Qiddiya, Amala, Diriyah, et bien d'autres projets, dans la capitale et ailleurs dans le pays. Ces projets portent sur le tourisme et le divertissement, les arts et la culture, les énergies renouvelables, les nouvelles technologies et l'innovation», explique-t-il.

«Les entreprises françaises ont signé des partenariats avec des entreprises saoudiennes, notamment dans le cadre du Forum d'affaires franco-saoudien organisé en marge de la visite du président Emmanuel Macron en Arabie saoudite. Ces entreprises sont donc présentes dans ces secteurs qui vont assurément connaître un grand essor dans les années à venir. Le ciel est notre seule limite.»

La communauté française qui vit en Arabie saoudite est active et dynamique. Un grand nombre de ces Français occupent des postes de direction au sein de grandes entreprises françaises ou étrangères qui œuvrent dans les secteurs de l'énergie, de la défense, des transports et du tourisme. Toujours selon l'ambassadeur, le nombre des Français enregistrés dans le Royaume s’élevait à 5 600 en juillet 2022. Cette communauté se répartit entre 2 500 Français qui vivent dans la ville de Riyad et 600 qui habitent la province orientale (Dammam, Khobar et Jubail). 2 500 autres vivent à Djeddah, Médine et La Mecque.

«Je suis heureux de voir que de plus en plus de mes concitoyens choisissent de vivre en Arabie saoudite grâce au grand nombre de projets économiques et culturels mis en place dans le cadre de la Vision 2030 », déclare M. Pouille.

Il précise que la communauté française en Arabie saoudite apprécie la qualité de vie qui lui est offerte; elle peut accéder à des services de qualité (notamment les services numériques) ainsi qu’à des loisirs de plus en plus variés dans un milieu sécurisé.

M. Pouille est convaincu que les familles françaises et francophones seront de plus en plus motivées à vivre en Arabie saoudite: en effet, le Royaume compte trois écoles francophones de renommée internationale à Riyad, Djeddah et Khobar, ainsi que cinq alliances françaises dans le pays.

«L'accès aux établissements médicaux de haut niveau constitue un avantage et la communauté française a notamment apprécié la manière rigoureuse dont les autorités saoudiennes ont géré la pandémie», poursuit-il.

À la fin de l'entretien, l'ambassadeur de France en Arabie saoudite a présenté aux lecteurs ses meilleurs vœux pour la Fête nationale: «En ce 14 juillet, qui marque la fête nationale française, j'invite les Français à être plus nombreux à visiter l'Arabie dans les années à venir. J'encourage les touristes et les investisseurs saoudiens à se rendre à leur tour en France.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


MSF nie les allégations de l’armée israélienne selon lesquelles il existait une «activité terroriste» sur le site d’une attaque meurtrière à Gaza

Sky News a révélé les résultats de son enquête sur cet incident, ce qui a incité l’armée israélienne à mener sa propre «enquête». (MSF)
Sky News a révélé les résultats de son enquête sur cet incident, ce qui a incité l’armée israélienne à mener sa propre «enquête». (MSF)
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  • Deux membres de la famille d’un employé tués et sept autres blessés par l’armée israélienne en février
  • Un obus de char aurait été «tiré directement dans le bâtiment», selon une enquête menée par un organe de presse

DUBAÏ: L’armée israélienne a été accusée d’avoir attaqué intentionnellement et sans provocation un centre d’hébergement de Médecins sans frontières (MSF) qui abritait 64 personnes dans la région d’Al-Mawasi, à Gaza, le 20 février, tuant deux membres de la famille d’un employé et blessant sept autres personnes.

L’attaque a eu lieu malgré le fait que l’armée israélienne a été informée de l’emplacement précis du centre, selon MSF. L’armée a affirmé qu’il existait une «activité terroriste» sur le site, ce que MSF a nié.

Mercredi, Sky News a révélé les résultats de son enquête sur cet incident, ce qui a incité l’armée israélienne à mener sa propre «enquête».

L’organe de presse a déclaré s’être rendu sur place et avoir utilisé des images prises sur le terrain, des techniques «open source» ainsi que des entretiens avec des témoins et des experts en armement pour comprendre comment l’incident s’est déroulé.

Des témoins ont affirmé à Sky News qu’ils avaient entendu des bruits forts qui semblaient provenir de chenilles de chars, tandis que d’autres ont également entendu des coups de feu.

Les preuves recueillies laissent penser que l’attaque a été déclenchée par un obus de char qui a pénétré par une fenêtre. «Il est difficile de tirer des conclusions définitives à partir d’images, mais je pense que les dégâts sont dus à un obus de char tiré directement dans le bâtiment», a expliqué Chris Cobb-Smith, ancien officier d’artillerie de l’armée britannique et directeur de Chiron Resources.

Ce dernier a réfuté toute idée selon laquelle il s’agirait d’une attaque du Hamas. Il a affirmé qu’il n’était «pas au courant de l’existence d’armes à tir direct de ce calibre utilisées par le Hamas» et qu’il était «peu probable qu’un obus de cette taille ait pu être déployé et tiré compte tenu de l’activité de l’armée israélienne dans la région».

Des témoins et des membres de MSF ont déclaré avoir entendu des coups de feu avant que le bâtiment ne soit touché.

Meinie Nicolai, directrice générale de l’organisation humanitaire, s’est rendue sur place peu après l’attaque. Elle a indiqué que des balles avaient été tirées sur la façade du centre.

L’enquête a par ailleurs révélé que le jour de l’attaque, l’armée israélienne a écrit sur sa chaîne Telegram que ses forces opéraient dans le nord, le centre et le sud de la bande de Gaza et qu’elles menaient «des opérations intensives dans l’ouest de Khan Younès». Cependant, elle n’a pas mentionné les environs immédiats du centre d’hébergement.

En outre, le porte-parole en langue arabe de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a publié le même jour une carte d’évacuation de deux quartiers plus au nord, dans la ville de Gaza et ses environs. Cette carte ne couvrait pas la zone où se trouve le centre.

Selon l’enquête, les services d’urgence sont arrivés sur les lieux au moins deux heures et demie après l’attaque pour des raisons de sécurité.

Les blessés ont été transportés à l’hôpital de campagne de l’International Medical Corps à Rafah, a précisé MSF.

«Nous sommes indignés et profondément attristés par ces meurtres», avait commenté Mme Nicolai au mois de février. «Ces meurtres  témoignent de la triste réalité: aucun endroit à Gaza n’est sûr, les promesses de mise en place de zones sûres n’ont pas été tenues et les mécanismes de “déconfliction” ne sont pas fiables», avait-elle ajouté.

L’armée israélienne, qui mène sa propre enquête, a précisé qu’elle avait «tiré sur un bâtiment identifié comme étant le théâtre d’activités terroristes», mais elle n’a fourni aucune preuve.

Dans un communiqué publié mercredi, MSF «réfute toute allégation d’activité terroriste dans les structures gérées par la MSF».

«Le centre était utilisé par le personnel humanitaire et les membres de leurs familles. Il était identifié par un drapeau MSF et les autorités israéliennes étaient informées de son emplacement.»

«Après l’incident, des informations ont été reçues. Elles font état de la mort de deux civils innocents dans la zone. L’armée regrette tout préjudice causé aux civils et fait tout ce qui est en son pouvoir pour opérer de manière précise et exacte», a ajouté l’armée israélienne dans un communiqué.

En vertu du droit international humanitaire, les installations et les unités médicales doivent être respectées et protégées en toutes circonstances.

Oona Hathaway, professeure de droit international à la faculté de droit de Yale, a expliqué à Sky News que les installations médicales sont «présumées être des biens civils et ne doivent pas être prises pour cibles lors d’un conflit armé».

Elle a souligné que si l’armée israélienne prend intentionnellement pour cible un bien civil, cela constitue «potentiellement un crime de guerre».

La semaine dernière, l’armée a mené une opération à l’intérieur et autour de l’hôpital Al-Shifa, affirmant que de hauts responsables du Hamas étaient basés dans cet immense complexe. Des jours de combats intenses ont suivi. L’armée a signalé qu’environ 170 combattants palestiniens avaient été tués et que des centaines d’autres avaient été arrêtés ou interrogés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: quatre accusés condamnés à mort pour l'assassinat de l'opposant Belaïd en 2013

L'avocat tunisien et leader de l'opposition Chokri Belaid (Photo, AFP).
L'avocat tunisien et leader de l'opposition Chokri Belaid (Photo, AFP).
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  • Au total, 23 personnes étaient inculpées pour l'assassinat par balles dans sa voiture devant son domicile le 6 février 2013 de l'avocat de 48 ans, critique virulent du parti islamo-conservateur Ennahdha
  • Après 11 ans d'enquêtes et poursuites judiciaires, le tribunal de première instance de Tunis a également condamné deux accusés à la prison à perpétuité

TUNIS: Quatre accusés jugés en Tunisie pour l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd en 2013 ont été condamnés à mort, dans le tout premier verdict prononcé mercredi dans cette affaire qui avait secoué le pays et provoqué une grave crise politique.

Au total, 23 personnes étaient inculpées pour l'assassinat par balles dans sa voiture devant son domicile le 6 février 2013 de l'avocat de 48 ans, critique virulent du parti islamo-conservateur Ennahdha, à l'époque au pouvoir en Tunisie.

Après 11 ans d'enquêtes et poursuites judiciaires, le tribunal de première instance de Tunis a également condamné deux accusés à la prison à perpétuité, a annoncé à l'aube sur la télévision nationale Aymen Chtiba, procureur général adjoint du pôle judiciaire antiterroriste.

"Justice a été rendue", a estimé le procureur, expliquant la longueur des délibérés, qui ont duré pendant près de 15 heures, par "la nature et le volume" du dossier.

Entouré de manifestants de gauche réunis comme chaque mercredi au centre de Tunis pour réclamer la vérité sur cette affaire, le frère de Chokri Belaïd, Abdelmajid, a salué auprès de l'AFP "une première bataille gagnée dans cette guerre", tout en promettant de poursuivre "sa lutte", notamment contre "la manipulation du dossier".

Les proches de Chokri Belaïd ont à de nombreuses reprises pointé du doigt Ennahdha, accusant notamment le mouvement de s'être montré "indulgent" envers le discours des islamistes extrémistes qui s'était développé à l'époque.

Quelques heures après le verdict, Zouhaier Ben Abdallah, procureur de la République près du tribunal de première instance de Tunis et responsable à ce titre du pôle judiciaire anti-terroriste, a été démis de ses fonctions, sans qu'aucune explication ne soit donnée, ont rapporté les médias.

Ennahdha a estimé dans un communiqué que les condamnations prononcées mercredi "prouvent (son) innocence". Le parti a dénoncé "une volonté de certains courants idéologiques et partis politiques de l'accuser à tort".

"Dans leur communiqué, ils affirment que les coupables ont été trouvés et que le dossier est clos mais ce n'est pas vrai", a rétorqué Abdelmajid Belaïd, assurant qu'il y aurait "bientôt un autre procès d'autres accusés qui étaient en relation directe avec Rached Ghannouchi", chef d'Ennahdha et principale figure de l'opposition, emprisonné depuis plus d'un an.

Moratoire 

Des peines de 2 à 120 ans d'emprisonnement ont aussi été prononcées contre d'autres inculpés tandis que cinq individus ont bénéficié d'un non-lieu.

Si la justice tunisienne prononce régulièrement des condamnations à la peine capitale, notamment dans des affaires de terrorisme, un moratoire est appliqué de facto depuis les dernières exécutions menées en octobre 1991 lorsque trois membres d'Ennahdha avaient été pendus sous le régime du dictateur Zine El Abidine Ben Ali.

Des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI) avaient revendiqué l'assassinat de Chokri Belaïd ainsi que celui, six mois plus tard, du député Mohamed Brahmi, une autre figure de l'opposition de gauche.

Les autorités tunisiennes avaient annoncé en février 2014 la mort de Kamel Gadhgadhi, considéré comme le principal auteur de l'assassinat de Chokri Belaïd, pendant une opération antiterroriste.

Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi s'opposaient à la politique d'Ennahdha, qui a dominé le Parlement et le gouvernement après la révolution tunisienne de 2011 jusqu'à un coup de force de l'actuel président Kais Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.

Les deux assassinats avaient constitué un tournant pour la Tunisie, berceau du Printemps arabe alors en pleine transition démocratique, en provoquant des manifestations et une crise politique au terme de laquelle Ennahdha avait dû céder le pouvoir à un gouvernement de technocrates en 2014.

En juin 2022, le président Kais Saied, qui considère l'assassinat des deux "martyrs" comme une cause nationale, avait ordonné la révocation de dizaines de magistrats soupçonnant certains d'avoir entravé l'enquête, faisant écho aux récriminations des familles et de la défense des deux opposants.

Ennahdha a toujours nié toute implication et après les assassinats, avait classé comme organisation terroriste le mouvement salafiste jihadiste Ansar al-Charia, toléré dans le pays depuis la chute de Ben Ali.

A l'époque, la Tunisie avait également connu un essor des groupes jihadistes avec des milliers d'islamistes partis combattre en Syrie, Irak et Libye.

Des attentats avaient également fait des dizaines de morts, dont près de 60 touristes tués en 2015 au musée du Bardo à Tunis et dans la station balnéaire de Sousse.


Israël: la conscription des ultra-orthodoxes secoue le gouvernement Netanyahu

Les membres d’un groupe juif ultra-orthodoxe se préparent à jouer sur la tombe du rabbin Shimon Bar Yochai au mont Meron, dans le nord d’Israël, le 9 mai 2023 (Photo, AFP).
Les membres d’un groupe juif ultra-orthodoxe se préparent à jouer sur la tombe du rabbin Shimon Bar Yochai au mont Meron, dans le nord d’Israël, le 9 mai 2023 (Photo, AFP).
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  • Compte tenu de la sensibilité de cette question qui a rouvert une fracture profonde dans le pays, la coalition gouvernementale dirigée par M. Netanyahu n'est pas parvenue à un accord
  • La Cour suprême, saisie de plusieurs appels exigeant une conscription immédiate des ultra-orthodoxes

JÉRUSALEM: Le gouvernement israélien est engagé jeudi dans une course contre la montre pour trouver un compromis et répondre à la Cour suprême sur la conscription des ultra-orthodoxes, un dossier épineux pour la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

La Cour suprême, saisie de plusieurs appels exigeant une conscription immédiate des ultra-orthodoxes, afin de respecter les lois sur l'égalité entre les citoyens, avait donné jusqu'à mercredi au gouvernement pour formuler une proposition détaillée de projet de loi.

En Israël, le service militaire est obligatoire, mais les juifs ultra-orthodoxes ("haredim" en hébreu) peuvent échapper à la conscription s'ils consacrent leur temps à étudier les textes sacrés du judaïsme, une exemption instaurée à la création de l'Etat d'Israël en 1948 et qui n'a jamais été changée depuis.

Compte tenu de la sensibilité de cette question qui a rouvert une fracture profonde dans le pays, la coalition gouvernementale dirigée par M. Netanyahu n'est pas parvenue à un accord en raison de l'opposition des partis ultra-orthodoxes qui ne veulent pas entendre parler de conscription.

La demande du gouvernement de bénéficier de quelques heures supplémentaires, jusqu'à 12H00 GMT jeudi, pour remettre sa réponse à la Cour suprême, semble indiquer que les différentes parties cherchent à trouver un compromis.

La procureure générale Gali Baharav-Miara, dont le rôle est de conseiller le gouvernement sur les questions juridiques et de le représenter devant les juridictions judiciaires, a jeté un pavé dans la mare mercredi soir en annonçant que le gouvernement aurait l'obligation de procéder à la conscription des ultra-orthodoxes à partir du 1er avril en raison d'un vide juridique.

Au moment où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza depuis bientôt six mois, cette exemption est de plus en plus critiquée au sein de la société, dont une partie estime que les juifs ultra-orthodoxes devraient comme les autres apporter leur contribution à la sécurité du pays et faire leur service militaire.

La coalition gouvernementale de M. Netanyahu repose largement sur l'alliance avec les deux grands partis ultra-orthodoxes, Shass et Judaïsme unifié de la Torah, farouchement opposés à la conscription des haredim. Leur défection ferait tomber la coalition.

Défi d'un ministre 

En mai 2023, le gouvernement a voté pour les écoles talmudiques (yeshivot) un budget sans précédent de près d'un milliard d'euros (3,7 milliards de shekels).

Ces derniers avaient soutenu le projet controversé de réforme judiciaire de Benjamin Netanyahu en échange de son soutien à un projet de loi qui devait être discuté au Parlement avant la guerre sur la poursuite du report de la conscription pour les ultra-orthodoxes.

Mais fin février, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, avait défié son Premier ministre en annonçant une réforme du service militaire visant à inclure les haredim, et exigé que l'ensemble du gouvernement la soutienne.

Le service militaire (32 mois pour les hommes et deux ans pour les femmes) est obligatoire pour les jeunes israéliens mais la quasi-totalité des ultra-orthodoxes y échappe, grâce à un accord offrant aux jeunes hommes étudiant à plein temps dans des écoles talmudiques de reporter chaque année leur service militaire. Les jeunes femmes religieuses en sont elles automatiquement exemptées.

Depuis l'invalidation par la Cour suprême israélienne en 2012 de la loi Tal, permettant la tenue de cet accord, les exonérations se sont poursuivies, régies par des accords entre les gouvernements successifs et les partis ultra-orthodoxes.

Les ultra-orthodoxes représentent environ 14% de la population juive d'Israël, selon l'Institut israélien pour la démocratie (IDI), soit près de 1,3 million de personnes.

Environ 66.000 hommes ultra-orthodoxes en âge de servir bénéficient de ce report, selon un chiffre de l'armée.

En 1948, ce report permettait à une élite de 400 jeunes de préserver le monde des études des textes sacrés en grande partie décimé pendant la Shoah.

La plupart des haredim réclament le maintien de cette exemption pour tous les étudiants, jugeant l'armée incompatible avec leurs valeurs.