Un «gang» houthi pille une station de radio à Sanaa, faisant fi d’une décision de justice

Un militant houthi porte une arme lors d’un rassemblement qui vise à mobiliser davantage de combattants au sein de la milice houthie, à Sanaa, au Yémen, le jeudi 20 février 2020. (AP)
Un militant houthi porte une arme lors d’un rassemblement qui vise à mobiliser davantage de combattants au sein de la milice houthie, à Sanaa, au Yémen, le jeudi 20 février 2020. (AP)
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Publié le Mardi 12 juillet 2022

Un «gang» houthi pille une station de radio à Sanaa, faisant fi d’une décision de justice

  • Majili al-Samadi, directeur de la radio Voice of Yemen, déclare sur Facebook que des hommes armés sont entrés de force dans son bureau
  • Des journalistes locaux affirment que la milice a cherché à réduire au silence les stations de radio indépendantes

AL-MOUKALLA: Lundi dernier, des Houthis armés ont fait irruption dans une station de radio communautaire qui diffuse de la musique et d’autres programmes à Sanaa. Ils ont pillé du matériel de diffusion, faisant totalement abstraction d’une décision de justice qui avait autorisé la radio de reprendre ses activités.

Majili al-Samadi, directeur de la radio Voice of Yemen, a affirmé sur Facebook que des hommes armés sont entrés de force dans son bureau et ont saisi du matériel, malgré un verdict du Tribunal spécialisé de la presse et des publications qui ordonne aux Houthis de lui permettre de reprendre ses émissions.

«Je lance avant tout un appel humanitaire et je m’adresse à tous les journalistes, individus, juristes, militants, médias, organismes de défense des droits de l’homme, institutions officielles et communautaires du pays et partout dans le monde pour les inciter à condamner l’agression flagrante menée par les forces affiliées au ministère de l’Information de la milice houthie», a dénoncé M. Al-Samadi.
 

EN BREF

Depuis qu’ils se sont emparés du pouvoir, à la fin de l’année 2014, les Houthis ont fermé des dizaines d’établissements médiatiques, enlevé de nombreux journalistes et forcé de nombreux autres à fuir le pays ou à vivre dans des zones contrôlées par le gouvernement.

Les Houthis ont d’abord fermé Yemen Voice et cinq autres stations de radio privées à Sanaa pour avoir poursuivi leur diffusion sans renouveler leurs licences. Mais des journalistes locaux affirment que, en réalité, la milice a cherché à réduire au silence les stations de radio indépendantes et à les soumettre à leur contrôle après que les médias ont refusé de diffuser des chants sectaires qui lui rendent hommage.

D'autres observateurs ont déclaré que ces derniers raids surviennent au moment où la milice intensifie sa campagne morale, prenant pour cibles les chanteurs, les artistes et les militantes.

La radio Voice of Yemen est connue pour diffuser des chansons yéménites anciennes et actuelles.

Contrairement aux propriétaires d’autres stations de radio, M. Al-Samadi a fait appel contre l’entrée par effraction des Houthis devant un tribunal spécialisé dans la gestion des attaques contre les établissements médiatiques.

Malgré un verdict qui ordonnait aux Houthis d’autoriser la reprise des programmes de la station, la milice a pris d’assaut le média et elle a pillé le matériel, quelques jours seulement après que M. Al-Samadi et d’autres militants de Sanaa l’avaient rouvert.

Dans une série de publications en ligne où il laisse éclater sa colère, M. Al-Samadi a reproché aux Houthis d’avoir ignoré la décision du tribunal et il a lancé un nouvel appel aux hautes autorités houthies, appelant les militants à le soutenir.

«Sanaa est une ville dirigée par des milices: c’est ainsi que je perçois la situation après l’attaque, le vol, le pillage des équipements de la radio Voice of Yemen et leur irrespect du système judiciaire», a-t-il lancé.

Indignés par l’attaque, un certain nombre de journalistes et de militants de Sanaa ont publié une pétition commune condamnant le «comportement brutal» des pilleurs et exigeant que les Houthis les traduisent en justice.

Entre-temps, des journalistes, des responsables et des militants yéménites qui vivent dans des zones contrôlées par le gouvernement ou qui sont en exil après avoir fui la répression des Houthis accusent la milice de harceler les médias et de chercher à utiliser les médias privés restés à Sanaa pour diffuser leur propagande sectaire.

«L’irruption dans les bureaux de Voice of Yemen nous ramène à l’époque où la ville de Sanaa était assiégée et où les médias étaient la première cible de la milice houthie. Nous nous souvenons tous du moment où la télévision officielle yéménite a été bombardée au moyen de toutes sortes d’armes lourdes, alors qu’elle était remplie de collègues», affirme Abdel Basset al-Qaedi, sous-secrétaire au ministère yéménite de l’Information.

Depuis qu’ils se sont emparés du pouvoir, à la fin de l’année 2014, les Houthis ont fermé des dizaines d’établissements médiatiques, enlevé de nombreux journalistes et forcé de nombreux autres à fuir le pays ou à vivre dans des zones contrôlées par le gouvernement.

Quatre journalistes enlevés par les Houthis à Sanaa en 2015 encourent la peine de mort.

«À Sanaa, qui est placée sous le contrôle de la milice houthie, il n’y a pas de médias, pas de presse, pas de société civile, pas de magazines, pas d’études. À Sanaa, il est impossible de voir la lumière au bout du tunnel», s’indigne Riyad al-Dubai, un militant yéménite des droits de l’homme, sur Twitter.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).