« Ibrahim 10 », djihadiste itinérant d'un Sahel sans frontière

Le procès, qui doit se poursuivre mercredi, est une nouvelle étape dans le parcours sinueux de ce jihadiste décrit comme très audacieux, insaisissable et toujours en mouvement par le spécialiste mauritanien du jihadisme Isselmou Ould Salihi.(AFP)
Le procès, qui doit se poursuivre mercredi, est une nouvelle étape dans le parcours sinueux de ce jihadiste décrit comme très audacieux, insaisissable et toujours en mouvement par le spécialiste mauritanien du jihadisme Isselmou Ould Salihi.(AFP)
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Publié le Mardi 27 octobre 2020

« Ibrahim 10 », djihadiste itinérant d'un Sahel sans frontière

  • Extrait de sa cellule, il a été amené mardi matin devant la Cour spéciale antiterroriste siégeant dans la capitale malienne
  • En 2006, « Ibrahim 10 », dont on ignore l'origine du surnom, rejoint les camps d'entraînement du chef jihadiste algérien dans le Sahara

BAMAKO :  Principal accusé dans le procès des attentats qui ont ensanglanté Bamako en 2015, le Mauritanien « Ibrahim 10 », qui a comparu pour la première fois mardi, est un acteur majeur du jihad sahélien, proche de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar.

Extrait de sa cellule, il a été amené mardi matin devant la Cour spéciale antiterroriste siégeant dans la capitale malienne. Vêtu d'un boubou gris, les cheveux crépus et la barbe fournie, il a écouté sans broncher les faits qui lui sont reprochés.

Le procès, qui doit se poursuivre mercredi, est une nouvelle étape dans le parcours sinueux de ce djihadiste décrit comme très audacieux, insaisissable et toujours en mouvement par le spécialiste mauritanien du djihadisme Isselmou Ould Salihi.

De son vrai nom Fawaz Ould Ahmed (ou Ahmeida), cet homme au physique de colosse né à Nouakchott à la fin des années 1970 a commencé sa vie dans le commerce.

Il s'est radicalisé après l'intervention américaine en Irak en 2003, « comme cela a été le cas pour beaucoup de jeunes au Sahel à cette époque », selon le journaliste Lemine Ould Salem, auteur d'un livre sur Mokhtar Belmokhtar.

En 2006, « Ibrahim 10 », dont on ignore l'origine du surnom, rejoint les camps d'entraînement du chef djihadiste algérien dans le Sahara.

Après une formation au maniement des armes, il participe fin 2008 à l'enlèvement de deux diplomates canadiens au Niger. Un coup d'éclat qui sera « hautement apprécié » par sa hiérarchie. "Félicité" par les grands noms du jihad régional, il prend de l'importance.

« Par la suite, j'ai été désigné par le +Vieux+ (Belmokhtar) pour faire des va-et-vient entre lui et le Burkina Faso » de Blaise Compaoré, à l'époque médiateur dans la libération d'otages au Sahel, dira-t-il aux enquêteurs maliens après son arrestation en 2016.

Listes d'achats

Dans ses auditions, il relate ses voyages entre Ouagadougou et les campements djihadistes dans le désert, parfois en voiture, parfois en hélicoptère, toujours en compagnie, affirme-t-il, de l'homme d'affaires mauritanien Moustapha Ould Limam Chafi, connu pour son rôle dans la libération d'otages occidentaux au Sahel.

Il raconte qu'il en « profitait » pour « faire des achats pour les frères »dans le désert: caméras, ordinateurs, cartes mémoire...

Et donne des détails sur le « pacte » de non-agression conclu, selon ses dires,  entre le Burkina Faso et le groupe de Belmokhtar à la fin des années 2000. Relativement préservé des attaques djihadistes sous M. Compaoré, le pays a depuis été entraîné dans la spirale meurtrière du djihadisme sahélien.

Aux enquêteurs, « Ibrahim 10 » dit s'être rendu au Sénégal en 2011, en repérage pour un projet d'attentat finalement annulé contre l'ambassade d'Israël, puis s'être installé en Côte d'Ivoire en 2012, où il épouse une Ivoirienne et devient père de famille.

Il est arrêté quelques mois plus tard en possession d'armes. Jugé et condamné en 2013 à Abidjan à 10 ans de prison ferme, il sera libéré après 10 mois, « sans doute après avoir parlé », selon une source judiciaire malienne.

Il rend alors visite à Belmokhtar en 2014 en Libye, puis rentre au Mali, « via le Tchad et le Niger », ramenant avec lui des explosifs, des sandales et un iPad pour ses compagnons. Il reste quelque temps dans le désert.

Puis il descend à Bamako, où il commet le 7 mars 2015 l'un de ses principaux faits d'armes: en pleine nuit, il entre dans un bar-restaurant de la capitale, La Terrasse, sort de son sac un fusil d'assaut et tue cinq personnes, selon les enquêteurs.

L'homme s'évanouit ensuite dans la nature, mais refait parler de lui quelque mois plus tard: successivement, l'attaque de l'hôtel Byblos à Sévaré (centre) fait 13 morts en août, puis 20 personnes, dont 14 étrangers, sont tuées à l'hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre.

Dans les deux cas, le prévenu n'aurait pas été présent mais se serait occupé de l'organisation: recrutement des assaillants, repérage, location de véhicules, armes...

Le 21 avril 2016, la sécurité d'Etat malienne l'arrête à Bamako, où il était arrivé une dizaine de jours auparavant, pour préparer de nouveaux attentats, affirmait à l'époque une source proche de l'enquête.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.