Le Caire et Téhéran oeuvrent à un rapprochement

Le Caire et Téhéran oeuvrent à un "développement des relations bilatérales" en vue d'un rapprochement, a indiqué mercredi la diplomatie égyptienne dans un communiqué, alors que l'Iran est engagé dans un processus d'apaisement régional avec plusieurs pays arabes. (AFP).
Le Caire et Téhéran oeuvrent à un "développement des relations bilatérales" en vue d'un rapprochement, a indiqué mercredi la diplomatie égyptienne dans un communiqué, alors que l'Iran est engagé dans un processus d'apaisement régional avec plusieurs pays arabes. (AFP).
Publié le Mercredi 05 juin 2024

Le Caire et Téhéran oeuvrent à un rapprochement

  • Le Caire et Téhéran oeuvrent à un "développement des relations bilatérales" en vue d'un rapprochement, a indiqué mercredi la diplomatie égyptienne dans un communiqué
  • Ces derniers mois, responsables iraniens et égyptiens ont ostensiblement augmenté les contacts, notamment entre ministres des Affaires étrangères

LE CAIRE: Le Caire et Téhéran oeuvrent à un "développement des relations bilatérales" en vue d'un rapprochement, a indiqué mercredi la diplomatie égyptienne dans un communiqué, alors que l'Iran est engagé dans un processus d'apaisement régional avec plusieurs pays arabes.

Ces derniers mois, responsables iraniens et égyptiens ont ostensiblement augmenté les contacts, notamment entre ministres des Affaires étrangères. En mai, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait présenté ses condoléances à l'Iran pour la mort dans un accident d'hélicoptère de son président Ebrahim Raïssi et le chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian.

Mercredi, le ministre des Affaires étrangères égyptien Sameh Choukri s'est entretenu au téléphone avec son homologue iranien par intérim Ali Bagheri.

"Les deux ministres ont convenu de l'importance de poursuivre le développement des relations bilatérales, afin de résoudre toutes les questions en suspens, en vue de restaurer des relations à la normale", a indiqué un communiqué publié par la diplomatie égyptienne.

Les deux hommes ont décidé de "maintenir le rythme des consultations au sujet de l'évolution des relations bilatérales", mais aussi concernant les "moyens de résoudre la crise actuelle dans la bande de Gaza", selon le communiqué.

A ce sujet, M. Choukri a "présenté les efforts déployés par la médiation égyptienne/qatarie, avec le soutien des Etats-Unis, pour parvenir à un accord de trêve", ajoute le texte.

Après des décennies de tensions, l'Iran a amorcé un processus de normalisation de ses relations avec plusieurs pays arabes à la suite de l'accord conclu en mars 2023 avec l'Arabie saoudite pour la réouverture de leurs ambassades.

Les relations entre Téhéran et Le Caire sont tendues depuis la Révolution islamique de 1979 et la reconnaissance d'Israël par l'Egypte. Mais les liens n'ont jamais été totalement coupés.

Déjà en mai 2023, le guide suprême iranien Ali Khamenei se disait favorable à une reprise des relations entre son pays et l'Egypte, affirmant n'avoir "aucune réserve" à ce sujet. 


Yasar Yakis, ex-ministre turc des Affaires étrangères et chroniqueur d’Arab News, n’est plus

L’ancien ministre turc des Affaires étrangères et éminent chroniqueur d’Arab News, Yasar Yakis, est décédé mercredi à l’âge de 86 ans. (Photo Wikimedia Commons)
L’ancien ministre turc des Affaires étrangères et éminent chroniqueur d’Arab News, Yasar Yakis, est décédé mercredi à l’âge de 86 ans. (Photo Wikimedia Commons)
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  • Ancien diplomate, Yasar Yakis a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement constitué par le Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002
  • M. Yakis rédigeait régulièrement des tribunes pour Arab News depuis février 2017

ANKARA: Yasar Yakis, ancien ministre turc des Affaires étrangères et éminent chroniqueur d’Arab News, est décédé mercredi à l’âge de 86 ans.

M. Yakis suivait depuis quelque temps un traitement contre le cancer dans un hôpital privé d’Ankara.

Ancien diplomate, Yasar Yakis a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement constitué par le Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002. Le gouvernement saoudien lui a attribué l’Ordre du roi Abdelaziz (1er degré) en 1992 pour sa contribution à l’amélioration des relations entre l’Arabie saoudite et la Turquie.

«À une époque où la politique mondiale manque d’adultes, les poids lourds du calibre de Yasar Yakis nous manqueront certainement», écrit Faisal J. Abbas, rédacteur en chef d’Arab News.

«En tant que chroniqueur pour notre journal, il apportait toujours une nouvelle perspective, un contexte et une voix rationnelle à notre couverture. Il nous manquera beaucoup. Toutes nos condoléances à sa famille», ajoute M. Abbas.

M. Yakis rédigeait régulièrement des tribunes pour Arab News depuis février 2017. Il possédait une vaste connaissance du monde et de longues années d’expérience en tant que diplomate en chef de son pays, ainsi qu’une connaissance approfondie des affaires arabes.

Né en 1938, Yasar Yakis a été affecté pour la première fois à l’étranger en tant que vice-consul au consulat général d’Anvers, en Belgique. Tout au long de sa carrière, il a occupé divers postes, dont ceux d’ambassadeur à Riyad, à Rome, au Caire, à Damas et à Lagos, et de représentant permanent de la Turquie auprès de l’Otan à Bruxelles. Il a été membre associé principal au St. Antony’s College de l’université d’Oxford entre 2012 et 2014.

En 1985, M. Yakis a fondé et présidé le Comité permanent pour la coopération économique et commerciale de l’Organisation de la coopération islamique (Comcec).

En 1988, il est nommé ambassadeur de Turquie à Riyad, puis ambassadeur au Caire et représentant permanent de la Turquie auprès de l’Office des Nations unies et d’autres organisations internationales à Vienne. De 1992 à 1995, il occupe le poste de sous-secrétaire adjoint aux affaires économiques.

Il a pris sa retraite du ministère des Affaires étrangères en 2001 et s’est lancé dans la politique en tant que membre fondateur de l’AKP, où il a occupé les fonctions de vice-président et de membre du Conseil central de décision et d’administration. Il a été élu au Parlement en 2002 et a été rapidement nommé ministre des Affaires étrangères la même année.

Connu comme un éminent intellectuel parlant couramment le français, l’anglais et l’arabe, M. Yakis était souvent cité dans les médias turcs et arabes grâce à ses réflexions objectives et approfondies, étayées par son expérience diplomatique.

Il était souvent présent aux événements organisés par les ambassadeurs à Ankara. Il était toujours accompagné de sa femme rayonnante, et leur amour indéfectible était évident aux yeux de tous.

Le plus frappant dans ces rencontres, c’était son écoute attentive et sa capacité à apprendre de chacun tout en partageant humblement sa propre expérience diplomatique avec les autres.

Il a récemment rédigé ses mémoires, dans lesquelles il détaille sa vie privée et son expérience diplomatique de plusieurs décennies. Il a une fille unique, Ayse Basak Yakis, qui est professeure associée au King’s College de Londres.

Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne et chef de la délégation qui se rendait en Turquie entre 2006 et 2011, a écrit sur la plate-forme X : «C’était un homme remarquablement sage et cultivé, toujours ouvert à la discussion avec les ambassadeurs étrangers. Il m’a beaucoup appris.»

Ozdem Sanberk, l’un des diplomates turcs les plus expérimentés et ancien ambassadeur au Royaume-Uni, a effectué ses six premiers mois de service militaire avec M. Yakis à Istanbul. Dans un entretien accordé à Arab News, M. Sanberk raconte que Yasar Yakis profitait de son temps libre pour lire des romans classiques du monde entier.

«Il nous disait qu’en raison de sa situation familiale, il n’avait pas pu lire tous les classiques russes dès son plus jeune âge. Il a donc ressenti le besoin de compenser en lisant beaucoup. Il a également demandé à effectuer son deuxième service militaire dans la partie est de la Turquie afin de se concentrer davantage sur la lecture. Il a même fait transporter ses livres sur le dos d’un cheval jusqu’à l'endroit où il devait effectuer son service militaire. Il avait un grand talent pour l’apprentissage de nouvelles langues et une soif insatiable d’apprendre. Il possédait une profondeur intellectuelle remarquable», se souvient M. Sanberk.

Ce dernier a affirmé que le ministère turc des Affaires étrangères avait perdu l’un de ses plus éminents experts du Moyen-Orient. «Yakis était diplomate dans certains des pays les plus importants du Moyen-Orient et de la région du Golfe», rappelle-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Iran: deux candidats ultraconservateurs se retirent de la course présidentielle

Les partisans du candidat à la présidentielle iranienne et ancien négociateur nucléaire ultraconservateur Saeed Jalili lèvent ses portraits et ses drapeaux nationaux lors d'un rassemblement devant l'université de Téhéran, dans la capitale, le 26 juin 2024, à l'approche de la prochaine élection présidentielle iranienne. (Photo, AFP)
Les partisans du candidat à la présidentielle iranienne et ancien négociateur nucléaire ultraconservateur Saeed Jalili lèvent ses portraits et ses drapeaux nationaux lors d'un rassemblement devant l'université de Téhéran, dans la capitale, le 26 juin 2024, à l'approche de la prochaine élection présidentielle iranienne. (Photo, AFP)
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  • Le maire de Téhéran, Alireza Zakani, a indiqué sur X qu'il ne participait plus au scrutin en fin de matinée, après le retrait de Amir Hossein Ghazizadeh-Hashemi, annoncé par le ministère de l'Intérieur
  • Le seul candidat réformateur, le député Massoud Pezeshkian, fait partie des favoris de l'élection après avoir reçu le soutien des principales forces réformatrices et modérées

TÉHÉRAN: Deux candidats ultraconservateurs se sont retirés jeudi de la course à l'élection présidentielle de vendredi, laissant quatre candidats en lice pour un scrutin qui s'annonce indécis.

Le maire de Téhéran, Alireza Zakani, a indiqué sur X qu'il ne participait plus au scrutin en fin de matinée, après le retrait de Amir Hossein Ghazizadeh-Hashemi, annoncé par le ministère de l'Intérieur.

Ils étaient largement distancés par les autres candidats, selon les sondages, pour cette élection destinée à remplacer le président Ebrahim Raïssi, mort dans un accident d'hélicoptère le 19 mai.

Dans son message, M. Zakani, maire de la capitale depuis 2021, a exhorté les deux candidats conservateurs les mieux placés, l'ultraconservateur Saïd Jalili, et le président conservateur du Parlement Mohammad Bagher Ghalibaf, à "s'unir" pour représenter "les forces révolutionnaires" de la République islamique.

Un troisième candidat conservateur, Mostafa Pourmohammadi, est également toujours en lice.

M. Hashemi, ex-vice-président de Ebrahim Raïssi, a justifié son retrait par sa volonté de "préserver l'unité des forces de la révolution".

Le seul candidat réformateur, le député Massoud Pezeshkian, fait partie des favoris de l'élection après avoir reçu le soutien des principales forces réformatrices et modérées.

Il est "honnête, juste et attentionné", a salué cette semaine l'ancien président réformateur Mohammad Khatami (1997 à 2005), qui a appelé à voter pour lui, à l'instar de l'ex-président modéré Hassan Rohani (2013 à 2021).

Dans un message posté sur X, M. Ghalibaf a remercié MM. Zakani et Ghazizadeh-Hashemi pour avoir accepté "les demandes des forces révolutionnaires pour l'unité".

Il a affirmé se maintenir "jusqu'à la fin" afin qu'un "gouvernement efficace et révolutionnaire soit formé".

Quelque 61 millions d'électeurs sont appelés à se rendre dans les bureaux de vote, qui ouvrent vendredi à 08H00 (04H30 GMT).

Si aucun des candidats ne rassemble plus de la moitié des suffrages, un second tour se tiendra le 5 juillet, ce qui n'a été le cas que lors d'une seule présidentielle, en 2005, depuis l'avènement de la République islamique il y a 45 ans.

Cette élection est suivie avec attention dans les capitales étrangères alors que l'Iran, poids-lourd du Moyen-Orient, est au coeur de plusieurs crises géopolitiques, de la guerre à Gaza au dossier nucléaire, dans lesquelles il s'oppose aux pays occidentaux.

Quel que soit le résultat, ce scrutin devrait avoir des répercussions limitées car le président a des pouvoirs restreints: il est chargé d'appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans et au pouvoir depuis 35 ans.

 

 


Plus de la moitié des Soudanais confrontés à "une insécurité alimentaire aiguë"

La guerre qui oppose depuis plus d'un an l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de neuf millions de personnes, selon l'ONU, dans ce pays du nord-est de l'Afrique. (Photo, AFP)
La guerre qui oppose depuis plus d'un an l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de neuf millions de personnes, selon l'ONU, dans ce pays du nord-est de l'Afrique. (Photo, AFP)
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  • Selon les projections du rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se basent les agences de l'ONU, ce chiffre inclut "plus de 755.000" Soudanais confrontés à la "famine"
  • Par ailleurs, plus de 8,5 millions de personnes sont en situation d'"urgence", dernier palier avant la famine

PORT-SOUDAN : Plus de la moitié des Soudanais, soit 25,6 millions de personnes, sont confrontés à "une insécurité alimentaire aiguë" en raison du conflit qui ravage le Soudan depuis avril 2023, a indiqué jeudi un rapport appuyé par l'ONU.

Selon les projections du rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se basent les agences de l'ONU, ce chiffre inclut "plus de 755.000" Soudanais confrontés à la "famine", le niveau le plus élevé de l'échelle IPC.

Par ailleurs, plus de 8,5 millions de personnes sont en situation d'"urgence", dernier palier avant la famine.

La guerre qui oppose depuis plus d'un an l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de neuf millions de personnes, selon l'ONU, dans ce pays du nord-est de l'Afrique.

Il existe "un risque de famine dans 14 zones" du Darfour (ouest), du Kordofan (sud-ouest), d'al-Jazira (centre) et de la capitale Khartoum et ses environs, selon la même source.

Dans ces régions les plus affectées par le conflit, "la situation est particulièrement critique pour les populations piégées par la guerre", affirme le rapport.

La famine est définie par l'IPC comme "un état de privation alimentaire extrême". "Des niveaux d'inanition, de décès, de dénuement et de malnutrition aiguë critiques sont manifestes ou risquent de le devenir".

L'accès des organisations humanitaires au Soudan est "insuffisant" et une partie de la population risque de "mourir de faim", avait déjà averti début juin le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi.

Dans les zones les plus affectées du conflit, "l'envoi d'argent depuis l'étranger et les système d'entraide locaux", dont les nombreux groupes de défense de la démocratie qui organisent l'entraide au Soudan, "ont largement contribué à éviter une détérioration plus grave encore de la sécurité alimentaire" des populations, souligne le rapport de l'IPC.

Les deux belligérants ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils, bombardé des zones habitées et bloqué l'aide humanitaire.

Des groupes de défense des droits humains ainsi que les Etats-unis ont aussi accusé les paramilitaires de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité.