BEYROUTH: Le confinement dû au coronavirus entraîne une hausse des crimes d'extorsion sexuelle au Liban, selon un responsable de la sécurité.
Les chiffres obtenus des Forces de sécurité intérieure libanaises montrent que ces crimes ont considérablement augmenté ces derniers mois. Les autorités ont reçu 47 plaintes en juillet et 96 en août. Le nombre de personnes arrêtées cette année a atteint 133.
Le responsable de la sécurité, de la Division des relations publiques de la Direction générale des forces de sécurité intérieure, affirme que les victimes de ce type d'extorsion sont âgées de 11 à 60 ans, et que le pourcentage de victimes féminines reste supérieur à celui des hommes.
«Ces incidents se répètent, et les auteurs ne sont pas nécessairement toujours libanais», a déclaré le responsable à Arab News. «Les crimes ont augmenté avec le nombre de personnes dans les logements, entre quarantaines et confinement. De plus, jeunes et moins jeunes ont recours aux médias sociaux.
Malgré les nombreuses mises en garde contre la prise de photos et de vidéos à caractère sexuel, et avec toute la pression exercée sur les victimes, l’extorsion arrive quand même car le leurre initial peut changer de formes.
«Les auteurs de ces crimes donnent à leurs victimes de l’amour et de l’attention, ce qui les incite à se sentir en sécurité», a expliqué le responsable. «Il ne faut pas longtemps pour convaincre les victimes masculines, tandis que les femmes recherchent généralement une grande émotion pour pouvoir faire confiance, ce qui prend plus de temps. Habituellement, ces femmes souffrent de conditions sociales difficiles, et le début du processus d'extorsion peut prendre plus de temps qu'avec les victimes masculines».
La plupart des auteurs des opérations d'extorsion sexuelle ont des antécédents, et se lancent dans les fraudes parce qu'elles sont lucratives, selon le responsable.
Le dernier crime enregistré par le Bureau de lutte contre les délits d'information et de protection de la propriété intellectuelle au sein de l'unité de police judiciaire concerne une femme libanaise. Elle était menacée de publication de photographies intimes par une personne qu'elle avait rencontrée sur Facebook.
Une relation amoureuse aurait eu lieu entre eux, et elle lui avait envoyé des photos et des vidéos privées. Il a alors menacé de les diffuser à moins qu'elle ne lui envoie de l'argent, des cartes de recharge de téléphone portable, et de nouvelles images et vidéos intimes d'elle. Il a également contacté et menacé l'un de ses proches, qui a fini par lui envoyer plus de 20 cartes de recharge et de l'argent.
Le brigadier Fadl Daher, spécialiste en criminologie et sanctions, et professeur d'études sociales criminelles, affirme qu'il y a trois raisons fondamentales commettre ce type de crime.
«Le motif financier est à la base. Ces crimes ont recours, dans la plupart des cas, à la diffamation, et ils deviennent plus fréquents lorsque la surveillance et les poursuites sont réduites et que l’auteur pense qu’il n’aurait pas de comptes à rendre», a-t-il expliqué. «Le coronavirus a gardé la famille à la maison, mais chaque personne a ses propres médias sociaux et tout se fait dans le secret».
Daher a déclaré que la pauvreté et le besoin obligent les gens à recourir à tous les moyens pour obtenir un rendement, et que l'extorsion via les médias sociaux est l'une de ces méthodes. La difficulté d'arrêter des personnes qui utilisaient les médias sociaux pour commettre leurs crimes était quatre fois plus élevée que pour les crimes physiques».
«Le danger de ces crimes est qu'ils peuvent viser des enfants et des mineurs», a-t-il ajouté. «Il faut de filet de sécurité sociale qui accord la clémence à la victime, pour qu’on puisse découvrir ces crimes et en parler. Dans le passé on ne voulait pas évoquer les tabous pour y remédier, ou lancer de campagne pour briser le silence. A présent, on demande aux victimes d'appeler le numéro dédié ce qui n’est pas utile. Un mécanisme intégré de traitement psychologique, judiciaire et social est nécessaire».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com