Les dirigeants palestiniens doivent écouter leur peuple qui souhaite que l'aide américaine mette fin au conflit

La majorité des Palestiniens dans les territoires occupés souhaiteraient que les États-Unis jouent un rôle plus important dans la médiation de la paix entre Israël et la Palestine, selon un nouveau sondage d'opinion.

L’enquête panarabe Arab News / YouGov a également révélé que, comme le reste du monde arabe, ces mêmes Palestiniens s’opposaient à la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël, ainsi qu’à d’autres politiques de l’administration du président Donald Trump.

L’une des interprétations des résultats pourrait être que de nombreux Palestiniens ont perdu confiance en leurs dirigeants actuels qui ont refusé de participer aux récents efforts de paix menés par les États-Unis.

Les dirigeants palestiniens étaient absents de la conférence «De la paix à la prospérité» qui s’est tenue en 2019 à Bahreïn. Elle proposait un soutien financier de 50 milliards de dollars aux Palestiniens dans l’accord de paix. Ils ont également boycotté la présentation par la Maison-Blanche du plan de paix qualifié d’«accord du siècle».

Ils ont aussi critiqué les initiatives de paix conduites par les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn qui ont abouti, en septembre, à la signature avec les États-Unis et Israël des accords d'Abraham.

YouGov est une société internationale d'études de marché et d'analyses de données sur Internet, dont le siège social est au Royaume-Uni, avec des activités en Europe, en Amérique du Nord, au Moyen-Orient, ainsi que dans la zone Asie-Pacifique.

L'enquête a révélé un soutien important parmi les Palestiniens dans les territoires occupés pour une plus forte implication américaine dans le processus de paix. Pour 52 % d’entre eux, les États-Unis devraient jouer un «plus grand rôle», alors que 48 % y sont opposés.

Certains pourraient y trouver l’argument d’une contradiction dans l'esprit des Palestiniens, mais je ne vois pas les choses de cette façon. Cela montre que les Palestiniens veulent la paix, et qu'ils pensent que les États-Unis sont la seule puissance internationale qui peut y parvenir. Mais en même temps, en l'absence de progrès dans la résolution du conflit israélo-palestinien, ils ne sont pas favorables à des concessions unilatérales du côté arabe.

Le sondage aborde également des questions concernant la façon dont les Arabes perçoivent la prochaine élection présidentielle américaine, tandis que la vision globale de la paix est guidée par la conviction que, quel que soit le prochain président, les États-Unis doivent rester la voix dominante en faveur de la paix au Moyen-Orient et du rapprochement israélo-palestinien.

Nul besoin d’un sondage pour montrer que les Palestiniens sont profondément frustrés par la politique oppressive continue d'Israël et par l'inefficacité des dirigeants palestiniens, non seulement l'Autorité Palestinienne (AP) qui reçoit ses instructions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), mais aussi le Hamas qui s’aligne sur les positions radicales de l’Iran et du Qatar.

L’incapacité des dirigeants palestiniens à faire valoir les droits des Palestiniens s’est aggravée avec l’absence d’une stratégie de communication forte et efficace, non seulement pour promouvoir les principes fondamentaux de ces droits, mais aussi pour contrer les vastes campagnes de propagande d’Israël.

Israël dépense des millions chaque année pour promouvoir ses relations publiques offensives qui portent atteinte aux droits des Palestiniens, dissimulent la violence des forces de défense israéliennes et du mouvement des colons illégaux à l’égard des Palestiniens et marginalisent les droits des Palestiniens dans les médias occidentaux.

Pour la plupart des Américains, les médias – y compris le secteur du divertissement –, déterminent leur compréhension du conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens étant absents des campagnes d'information dans les médias, Israël est libre de façonner chaque problème à son avantage.

Les principaux médias font souvent état de la violence contre des cibles israéliennes, mais marginalisent ou ignorent la violence de l'armée israélienne et du mouvement des colons israéliens illégaux.

Des études ont également montré que les médias à grande diffusion excluent souvent les idées et les points de vue écrits par des éditorialistes propalestiniens et proarabes et présentent la question arabo-israélienne dans le contexte étroit d’un débat pro-israélien.

Avec une meilleure couverture médiatique, le public aurait une idée plus précise du conflit israélo-palestinien, et cela renforcerait la confiance des Palestiniens, non seulement dans le mouvement pour la paix mais aussi dans leurs propres dirigeants.

Une couverture médiatique faussée du conflit au Moyen-Orient permet aux dirigeants palestiniens de détourner les inquiétudes du peuple palestinien de leurs propres échecs vers d’autres problèmes guidés par l’émotion et la colère.

Les dirigeants palestiniens ne peuvent toutefois pas se cacher derrière la partialité des médias pour couvrir leurs échecs. Ils doivent davantage écouter leur peuple et cerner leurs problèmes en fonction de l’opinion ainsi que des intérêts supérieurs de la population palestinienne qui comprend les Palestiniens qui vivent en Israël, ceux qui sont sous occupation israélienne, et ceux qui font partie de la diaspora.

Ray Hanania est un ancien journaliste et chroniqueur politique primé par la Ville de Chicago. Il est joignable sur son site web à l'adresse www.hanania.com.

Twitter : @RayHanania

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com