CASABLANCA: Incertitudes et grande déception: c’est ce qui caractérise l’année 2022 au Maroc. Alors que les autorités monétaires du pays tablaient sur une croissance de 3%, ils viennent de revoir à la baisse cette prévision en raison de la succession de plusieurs facteurs exogènes auxquels le gouvernement marocain s’est trouvé confronté.
Parmi eux, il y a d’abord la forte sécheresse qui a frappé le pays et qui a eu des répercussions considérables sur le secteur agricole, dont dépend fortement la croissance, puisqu’il constitue 14% du PIB marocain. Ensuite, la reprise mondiale a eu un effet inflationniste sur les matières premières et le fret à l’international. Enfin, la guerre en Ukraine a bouleversé les prévisions du Maroc: elle a pris en otage l’approvisionnement du Royaume en céréales et a conduit à une forte hausse de la facture énergétique du pays.
En conséquence, la croissance de 2022 ne dépassera guère 1%, face à une inflation historique qui culminera à 5,3%. C’est ce qui ressort des dernières prévisions de la Banque centrale marocaine, Bank Al-Maghrib.
«Tirés principalement par la flambée des prix des produits énergétiques et alimentaires ainsi que par l’accélération de l’inflation chez les principaux partenaires commerciaux, les prix à la consommation ont connu une hausse sensible au cours des quatre premiers mois de l’année, avec une progression moyenne de 4,5% en glissement annuel. Cette tendance devrait se poursuivre à court terme, l’inflation devant atteindre, selon les projections de la banque, 5,3% pour l’ensemble de cette année, avant de redescendre à 2% en 2023», précise la Banque centrale à l’issue de la réunion de son conseil, le 21 juin dernier.
Par ailleurs, selon les estimations du département de l’agriculture, la production céréalière reculerait en 2022 de 69%, chutant à 32 millions de quintaux, en raison des conditions climatiques défavorables. La valeur ajoutée agricole devrait ainsi chuter de 15% cette année avant de s’améliorer de 12,9% en 2023, dans l’hypothèse d’une récolte céréalière moyenne de 75 millions de quintaux, estime Bank Al-Maghrib. «Ainsi, après le rebond remarquable de 7,9% enregistré en 2021, la croissance de l’économie nationale devrait, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, atteindre 1% cette année avant de remonter à 4% en 2023», conclut la Banque centrale.
De son côté, le Haut-Commissariat au plan (HCP) a publié le 30 juin 2022 sa dernière note d’information sur la situation économique nationale au premier trimestre 2022. On constate un net ralentissement de la croissance de l’économie nationale, qui se situe à 0,3% alors qu’elle était de 2% durant le même trimestre de l’année précédente. Les activités non agricoles ont affiché une augmentation de 2,5% et celles du secteur agricole une baisse de 14,3%, détaille le HCP.
«Tirée par la demande intérieure, cette croissance a été réalisée dans un contexte d’une forte inflation et d’une aggravation du besoin de financement de l’économie nationale», explique le HCP. À cause de l’inflation, la demande intérieure a accusé le coup: elle «a affiché un net ralentissement, passant de 6,8% durant le même trimestre de l’année précédente à 0,7%, contribuant ainsi pour 0,8 point à la croissance économique nationale, au lieu de 6,8 points», fait savoir la même source.