BEYROUTH: Le Premier ministre libanais désigné Najib Mikati a tenu une première série de consultations parlementaires non contraignantes pour discuter de la formation du nouveau gouvernement du pays.
Alors que les consultations ont pris fin le 28 juin, Mikati devrait soumettre un projet gouvernemental au président Michel Aoun. La mission du nouveau gouvernement sera définie dans une brève déclaration ministérielle qui comprendra les questions urgentes susceptibles d'être examinées au cours des quelques mois restants de la présidence d'Aoun, laquelle prend fin le 31 octobre.
Si Aoun n'approuve pas le gouvernement proposé, le Liban sera confronté à une nouvelle impasse politique.
Ce scénario pourrait nuire davantage à la capacité du pays à s'attaquer aux problèmes urgents, «parce que nous n'avons plus le temps et les crises se succèdent et prennent de l'ampleur», explique un observateur politique.
Si Aoun bloque la proposition, «le mandat du nouveau gouvernement ne dépassera pas les deux mois».
«S'il faut que la déclaration ministérielle soit rédigée, approuvée et soumise au Parlement pour que le gouvernement obtienne le vote de confiance, cela signifie que le mandat ne durera que deux mois et que le gouvernement ne sera pas en mesure de résoudre les crises ni de lancer les 27 réformes administratives et financières nécessaires établies par le Fonds monétaire international.»
Le bloc du développement et de la libération, présidé par le chef du Parlement Nabih Berri, a appelé à «former le gouvernement le plus tôt possible».
Après la rencontre du bloc avec Mikati, le député Ali Hassan Khalil a déclaré: «Nous avons insisté sur la nécessité d'approuver le plan de redressement économique – qui n'a pas encore été soumis au Parlement selon les procédures constitutionnelles – tout en préservant l'intégralité des crédits des déposants.»
Le bloc de Berri a rappelé «l'importance de régler la question des centrales électriques loin des débats qui ont lieu ces derniers temps, et de procéder à la réorganisation du secteur.»
«Nous n'avons pas abordé la question de la forme du gouvernement parce que Mikati est conscient des rapports de force actuels, et ce qui nous importe, c'est que le gouvernement soit efficace», a expliqué Khalil.
Après avoir rencontré Mikati, le vice-président du Parlement Elias Bou Saab a affirmé qu'il était «désireux de former le gouvernement sans tarder, en collaboration avec le président Aoun.»
Bou Saab, membre du Courant patriotique libre (CPL) – un allié du Hezbollah – a évoqué la nécessité de «former un gouvernement de représentation politique» et a appelé le nouveau gouvernement à «communiquer avec le gouvernement syrien pour résoudre la crise des réfugiés syriens au Liban.»
Le nouveau gouvernement doit rapatrier les réfugiés syriens et relancer l'initiative koweïtienne pour restaurer les relations du Liban avec les pays du Golfe, a-t-il ajouté.
«Les Forces libanaises ne participeront pas au nouveau gouvernement», a déclaré le bloc des FL.
«Nous voulons un gouvernement qui rétablisse la décision de l'État et qui réhabilite les relations du Liban avec les autres pays», a précisé le député Georges Adwan.
Il a ensuite incité le Parlement à «élire un nouveau président de la République dans les plus brefs délais».
Le Rassemblement démocratique, groupe parlementaire affilié au Parti socialiste progressiste (PSP), a, lui aussi, déclaré qu'il ne ferait pas partie du nouveau gouvernement. Cependant, Taymour Joumblatt, président du bloc, a clarifié: «Nous aiderons à le former».
Quant au président du bloc du Hezbollah, le député Mohammed Raad, il a dit: «Nous ne sommes pas contre la participation de qui que ce soit au gouvernement, et nous tendrons la main à tout le monde.»
Avant que les consultations parlementaires ne commencent, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Cheikh Naim Qassim, a demandé que des amendements soient apportés au gouvernement intérimaire «afin de ne pas perdre de temps ni d'épuiser la formation du gouvernement en posant des conditions et des contre-conditions.»
«Que tous ceux qui veulent participer au gouvernement le fassent et coopèrent, ou que le Premier ministre désigné change certains ministres afin de ne pas tomber dans le piège des nouveaux noms, ce qui pourrait prendre beaucoup de temps», a-t-il dit.
Dans son sermon dominical, le patriarche maronite Mar Bechara Boutros al-Raï a fait part de son opposition au refus des blocs chrétiens de nommer un chef du nouveau gouvernement lors des consultations obligatoires de la semaine dernière. Il a appelé les partis politiques à coopérer avec Mikati «loin de toute condition qui ne serait pas adéquate pour cette période cruciale, ni pour le temps dont ils disposent.»
Il a insisté sur la nécessité de «former sans plus tarder un gouvernement national et de se concentrer sur la préparation de l'élection d'un président de secours pour sauver le pays, sachant que tout retard s'expliquerait par la volonté de nous détourner de ce devoir constitutionnel.»
Les deux plus grands partis chrétiens au Liban, les Forces libanaises et le Courant patriotique libre, n'ont pas désigné Mikati pour présider le nouveau gouvernement. Les observateurs politiques craignent que le parti d'Aoun, le CPL, ne tente d'imposer des conditions strictes à la formation d'un nouveau gouvernement.
Après leur rencontre avec Mikati, les députés réformateurs ont déclaré qu'ils ne participeraient pas au nouveau gouvernement. «Nous ne participerons à aucun gouvernement de quotas. Nous avons exigé un petit gouvernement d'indépendants avec des prérogatives exceptionnelles», a indiqué la députée Halimé el-Kaakour.
Le député indépendant Abdul Rahman Bizri, a pour sa part annoncé que «nous pourrions nous diriger vers un gouvernement parlementaire minoritaire».
«En tant que forces politiques indépendantes, nous avons fait des remarques sur les performances des gouvernements précédents, notamment ceux qui étaient dirigés par Mikati», a-t-il ajouté.
«Si ces gouvernements avaient réalisé des exploits, nous n'en serions pas là. Nous ne ferons pas obstruction, et nos rapports avec Mikati seront basés sur sa gestion des questions les plus urgentes.»
Parallèlement, les employés de la Banque Du Liban ont déclaré mardi journée de grève d'avertissement pour protester contre les poursuites législatives et les accusations du procureur général du Mont Liban, la juge Ghada Aoun, contre la BDL et ses employés.
Le syndicat de la BDL a menacé de lancer des grèves ouvertes qui paralyseraient le secteur bancaire libanais, à moins que le Conseil judiciaire suprême et le ministre de la Justice n'interviennent pour mettre fin aux actions de la juge.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com