Sous le béton de Gaza, dorment des cités antiques

Un site archéologique à Gaza. L'archéologie est un sujet hautement politique en Israël et dans les territoires palestiniens, et les découvertes sont utilisées pour justifier les revendications territoriales de chaque peuple (Photo, AFP).
Un site archéologique à Gaza. L'archéologie est un sujet hautement politique en Israël et dans les territoires palestiniens, et les découvertes sont utilisées pour justifier les revendications territoriales de chaque peuple (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 27 juin 2022

Sous le béton de Gaza, dorment des cités antiques

  • La rumeur d'une grande découverte circule
  • Sur les réseaux sociaux, des Palestiniens postent des photos du site

JABALIA, Territoires palestiniens: L'histoire se déroule comme suit: fin janvier, des ouvriers s'échinent sur un chantier de construction dans la bande de Gaza lorsque Ahmad, un garde, aperçoit un étrange bout de pierre sortir de terre, vestige d'une nécropole romaine datant de 2.000 ans.

"Je croyais que c'était un tunnel", comme en creusent à travers ce territoire palestinien les combattants islamistes du Hamas pour tenter de déjouer l'armée israélienne, lance le jeune homme aux abords de ce nouveau site archéologique né d'un enchaînement étrange de circonstances.

Après la dernière guerre entre Israël et le Hamas, en mai 2021, l'Egypte a financé la reconstruction d'une partie de Gaza, enclave de 2,3 millions d'habitants sous blocus israélien depuis désormais 15 ans.

A Jabalia, dans le nord du territoire, les bulldozers égyptiens creusaient la terre sablonneuse afin d'ériger de nouveaux immeubles de béton pour des Gazaouis sans logement, lorsque Ahmad a aperçu des pierres étranges émerger du sol.

"J'ai alerté les contremaîtres égyptiens, qui ont tout de suite et contacté les autorités locales et demandé aux ouvriers d'arrêter (les travaux)", dit ce Palestinien qui préfère ne pas donner son nom complet.

La rumeur d'une grande découverte circule. Sur les réseaux sociaux, des Palestiniens postent des photos du site. Sous pression, le service des Antiquités de Gaza contacte les équipes de l'ONG française Première Urgence Internationale et de l'Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem (Ebaf).

Mission de ces aventuriers des arches perdues? Evaluer rapidement l'importance du site, le délimiter, pour éventuellement le protéger. Quelques jours plus tard, l'équipe menée par l'archéologue français René Elter débarque pour découvrir une nécropole romaine perdue depuis des siècles dans les entrailles de Gaza.

"Les premiers travaux ont permis d'identifier une quarantaine de tombes qui datent de la période romaine antique entre les Ier et IIème siècles après Jésus-Christ", explique à l'AFP l'archéologue.

"La nécropole est plus grande que ces 40 tombes et doit en compter entre 80 et 100", estime-t-il, notant avoir découvert une tombe décorée de "peintures polychromes représentant des couronnes et des guirlandes de feuilles de lauriers" et des "jarres destinées à des libations funéraires".

Cette nécropole était adjacente à la ville romaine d'Anthédon, second port de Gaza à l'époque, sur la route d'Ascalon, qui est aujourd'hui la ville israélienne d'Ashkelon, située à la sortie de l'enclave palestinienne.

«Trésors» de Gaza

En Israël et dans les Territoires palestiniens, l'archéologie est un sujet hautement politique, de nombreuses découvertes ayant été instrumentalisées pour justifier les revendications de chacun des peuples.

Si l'Etat hébreu dispose d'un arsenal d'archéologues qui rend compte d'un nombre impressionnant de trésors antiques, ce secteur reste largement en friche à Gaza.

"Pourtant, il n'y a pas de différences entre ce que l'on peut trouver à Gaza et de l'autre côté de la barrière, c'est la même grande histoire", dit M. Elter. "A Gaza, beaucoup de sites ont disparu à cause du conflit et des chantiers de construction, mais le territoire est un immense site archéologique qui nécessite de nombreuses équipes d'experts."

Des piquets et des grillages ont été plantés autour de la nécropole romaine, surveillée en permanence par des gardes pendant que les ouvriers continuent de faire pousser les étages de béton dans les édifices voisins en construction.

"Nous tentons de lutter contre le trafic d'antiquités", explique Jamal Abou Rida, directeur des services archéologiques locaux qui assurent la protection la nécropole jusqu'en janvier 2023 en espérant trouver des bailleurs pour financer les fouilles.

A Gaza, la population est plus habituée à enterrer les morts qu'à les déterrer. Depuis la prise du contrôle en juin 2007 par le Hamas, ce micro-territoire appauvri a connu quatre guerres, et des tensions à répétition.

"L'image de Gaza est souvent associée à la violence, mais son histoire regorge de trésors archéologiques qu'il faut protéger pour les générations futures", dit Jihad Abou Hassan, directeur local de l'ONG Première Urgence.

Autre défi important à Gaza: la pression démographique. En 15 ans, la population dans de ce territoire d'à peine 362 km2 est passée de 1,4 à 2,3 millions d'habitants, d'où la construction effrénée de nouveaux immeubles.

"Certains évitent de rapporter aux autorités s'il y a une découverte archéologique sur un chantier par peur de ne pas être dédommagés" en cas d'arrêt des travaux, explique M. Abou Hassan. Résultat: "nous perdons chaque jour des sites archéologiques", d'où l'importance d'une "stratégie de défense du patrimoine" pour préserver l'histoire et former des archéologues locaux, souligne-t-il.

Au cours des dernières années, son ONG a contribué à former 84 techniciens en archéologie afin de préparer la relève et offrir des perspectives d'emploi alors que le chômage dépasse les 60% chez les jeunes.

Pierres vs. pierres 

Un des rares succès en la matière est la préservation du monastère byzantin de Saint-Hilarion, le plus grand du Proche-Orient, où les archéologues ont identifié un atrium, des bains et un large ensemble ecclésiastique, dont quatre églises superposées.

Ouvert depuis quelques années au public ce site témoigne de l'époque où Gaza était une terre de passage, des pèlerins originaires de tout le monde méditerranéen s'y arrêtant sur leur route vers des monastères du Sinaï égyptien ou Jérusalem.

"Nous recevons environ 14.000 visiteurs par an, dont des écoliers", se félicite l'archéologue palestinien Fadel al-Otol, 41 ans, qui s'est passionné pour les ruines antiques à l'adolescence en squattant un site au pied d'un camp de réfugiés avant d'approfondir ses recherches en France.

"Enfant, pendant l'Intifada, je cherchais des cailloux pour les lancer sur les militaires (israéliens). Aujourd'hui, je cherche des pierres pour prouver aux militaires que nous avons une grande histoire", raconte-t-il en déambulant sur le site de Saint-Hilarion.

Et là Fadel, à quoi rêves-tu? "Que nous fassions toutes les fouilles sur tous les sites de Gaza et qu'ils soient tous accessibles au public, afin de montrer l'histoire et la culture de Gaza au monde entier (...) car si rien n'est fait des sites disparaîtront à jamais".


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).