KABOUL: Les talibans au pouvoir en Afghanistan se sont engagés samedi à ne pas entraver les efforts internationaux pour venir en aide aux dizaines de milliers de personnes affectées par le séisme.
Le tremblement de terre, d'une magnitude de 5,9, qui a frappé mercredi le sud-est du pays faisant plus de 1 000 morts et des milliers de sans-abri, est un test pour les talibans, revenus au pouvoir en août 2021, 20 ans après la fin de leur précédent régime.
Avant le séisme, l'Afghanistan souffrait déjà d'une profonde crise économique et humanitaire, la communauté internationale ayant fermé les vannes de l'aide financière qui portait le pays à bout de bras depuis deux décennies.
Par le passé, les talibans ont été accusés par des organisations humanitaires de détourner l'aide vers des régions où la population soutenait leur insurrection contre le gouvernement pro-occidental.
Samedi, Khan Mohammad Ahmad, un haut responsable taliban de la province de Paktika, la plus affectée par le séisme, a cependant promis de ne pas interférer dans le travail des agences de l'ONU et des ONG internationales.
"Que ce soit le PAM (Programme alimentaire mondial), l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance) ou toute autre organisation (...), la communauté internationale ou les Nations unies (...), ils feront la distribution (de l'aide) eux-mêmes", a-t-il déclaré.
Les talibans seront "toujours avec eux", prêts à apporter leur aide, a-t-il cependant souligné.
Le séisme est le plus meurtrier qu'ait connu l'Afghanistan en plus de deux décennies.
Cette tragédie est un défi logistique pour les talibans, qu'aucun pays n'a encore reconnus en raison notamment des restrictions aux droits des femmes.
«On a besoin de tout»
Malgré tout, la communauté internationale - y compris les pays occidentaux - s'est rapidement mobilisée et l'aide commence à arriver.
"De quoi n'a-t-on pas besoin? On a besoin de tout", a déclaré à l'AFP Said Wali, un rescapé, dans le district de Gayan, tout près de l'épicentre du séisme, à environ 200 km au sud-est de Kaboul.
"Nous sommes en vie, mais personne ne nous écoute et nous n'avons reçu aucune aide jusqu'ici", affirme-t-il.
La plupart des habitations dans son village bâti en briques de terre séchée n'ont pas résisté aux secousses telluriques, et ont été détruites.
"Nos lits et toutes nos affaires sont ensevelies sous notre maison (...) Il ne reste rien", ajoute-t-il. "Maintenant, on a besoin d'argent pour pouvoir acheter ce dont on a besoin: des vêtements, des matelas, de l'équipement. Il nous faut aussi de la farine et du riz".
En visite samedi dans le district de Gayan, le ministre de la Santé ne pouvait que constater le traumatisme : "La communauté entière est est profondément affectée, mentalement et psychologiquement", a déclaré Qalandar Ebad. "La situation est critique (...) La société est totalement abîmée ici."
«Dignes et forts»
Ramiz Alakbarov, le plus haut responsable de l'ONU dans le pays, salue lui au contraire le courage et la résilience des Afghans, après avoir visité la zone.
"Quels signes de détermination devant l'adversité, je dirais devant une adversité sans fin", a-t-il confié à l'AFP. "Des difficultés sans fin, une tragédie sans fin, et malgré tout ces gens sont si dignes, si forts. Et ils veulent surmonter tout ça, et ils se rassemblent en tant que communauté, que société", ajoute-t-il.
Les opérations de secours sont compliquées par l'isolement de la région et la pluie. Elle a provoqué des glissements de terrain, qui ont ralentit l'acheminement de l'aide et endommagé les lignes téléphoniques et électriques.
Des villages entiers sont détruits et selon les autorités, près de 10 000 maisons endommagées, où vivaient parfois jusqu'à une vingtaine de personnes.
Le gouvernement a fait appel à l'armée mais qui n'a que peu de moyens, peu d'hélicoptères, peu d'avions.
L'Afghanistan est fréquemment frappé par des séismes, en particulier dans la chaîne montagneuse de l'Hindu Kush, située à la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne.
Le séisme le plus meurtrier de son histoire récente (5.000 morts) remonte à mai 1998 dans les provinces de Takhar et Badakhshan (nord-est).
Malgré cela, les services de secours, déjà avant le retour des talibans, ne permettent pas au pays de faire face seul à une catastrophe naturelle majeure.