WASHINGTON: Selon Rina Amiri, l'envoyée spéciale des États-Unis pour les femmes, les filles et les droits de l'homme en Afghanistan, les autorités américaines sont de moins en moins convaincues que les talibans vont revenir sur leur décision et permettre aux femmes et aux filles afghanes d’accéder à l’éducation, ou prendre des mesures pour améliorer la situation générale des droits de l'homme dans le pays.
Jeudi, lors d'une réunion d'information à laquelle Arab News a assisté, Rina Amiri a indiqué que Washington s'efforçait d'identifier les principaux problèmes qui ont des effets négatifs sur les femmes et les groupes minoritaires dans le pays.
«Nous sommes très inquiets de ce que nous considérons comme une aggravation constante de la situation des femmes et des droits de l'homme en Afghanistan», déclare-t-elle.
In Geneva met with High Commissioner for Human Rights @mbachelet, @SR_Afghanistan & @UNSRVAW to encourage focus & action at @UN_HRC session on the situation of women and girls, Hazaras, Hindus, Sikhs & civilians being targeted in Panjshir & other at-risk groups in Afghanistan. pic.twitter.com/yndp7aFZMG
— U.S. Special Envoy Rina Amiri (@SE_AfghanWGH) June 21, 2022
Elle ajoute que les États-Unis sont préoccupés par l'augmentation des attaques contre les groupes minoritaires dans le pays, notamment les communautés hazara, hindoue et sikhe. Un groupe affilié à Daech a revendiqué une attaque contre un temple sikh à Kaboul la semaine dernière, au cours de laquelle deux personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées.
Mme Amiri précise que les autorités américaines cherchent d'autres moyens de s'engager auprès du peuple afghan et de lui apporter une aide humanitaire, notamment à la suite du tremblement de terre dévastateur qui a frappé les régions montagneuses de l'est du pays aux premières heures de mercredi de cette semaine. Plus de mille personnes ont été tuées et des centaines de maisons et autres bâtiments ont été détruits.
Devastating situation in eastern Afghanistan. An already awful humanitarian situation for so many made worse by today’s earthquake. Sending my prayers & deepest condolences to all those who have lost loved ones. No people should have to endure this much hardship. https://t.co/8TXnPMKCh1
— U.S. Special Envoy Rina Amiri (@SE_AfghanWGH) June 22, 2022
Le gouvernement taliban, qui est sous le coup de sanctions américaines depuis qu'il a repris le contrôle du pays en août dernier à la suite du retrait des troupes américaines, a lancé un appel à l'aide internationale pour faire face à la crise humanitaire provoquée par le tremblement de terre. Les Nations unies se sont engagées à soutenir pleinement les efforts déployés pour aider les victimes et elles ont mobilisé leurs agences pour fournir une assistance.
Rina Amiri affirme que les sanctions américaines imposées au gouvernement taliban sont conçues de telle sorte qu'elles n'affectent pas les femmes ni les autres groupes vulnérables du pays.
Elle précise qu'après avoir pris le contrôle de l'Afghanistan, les talibans n’ont pas respecté leurs engagements antérieurs, soit de permettre aux filles d'aller à l'école et de continuer leurs études, et respecter les droits de l'homme de toutes les personnes en Afghanistan.
Also met with several Afghan women leaders in London to hear their concerns & exchange ideas for action. They challenged the narrative of improved security & access in Afghanistan when most live in a culture of fear & half the population is confined to their homes. pic.twitter.com/bGlWe73X5E
— U.S. Special Envoy Rina Amiri (@SE_AfghanWGH) June 21, 2022
Elle attribue les mesures les plus répressives à l'encontre des femmes aux éléments les plus radicaux du groupe au pouvoir, et elle souligne que la majorité des Afghans n'était pas d'accord avec les restrictions imposées aux droits des femmes.
La politique des talibans à l'égard des minorités entrave la capacité des États-Unis à aider l'Afghanistan, déclare Mme Amiri, mais elle ajoute que Washington a débloqué cent vingt-sept millions de dollars (1 dollar = 0,95 euro) pour l'aide humanitaire à la population du pays.
Elle indique qu'elle s’est rendue en Europe et dans la région du Golfe pour étudier les moyens par lesquels les États-Unis pourraient collaborer avec d'autres pays afin d’aider les femmes et les groupes minoritaires afghans, et elle appelle toutes les nations à tenir les talibans responsables de la situation critique des femmes dans leur pays.
«La situation en Afghanistan est la pire au monde en ce qui concerne les droits des femmes», conclut Rina Amiri.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com