PERPIGNAN: Commémoration de l'exode des Français d'Algérie en 1962 pour la mairie RN de Perpignan, "Liberté, égalité, Méditerranée" pour la gauche et SOS Racisme: deux visions de l'indépendance de l'Algérie s'opposent fin juin dans la cité catalane.
A l'occasion du 60e anniversaire des accords d'Evian, de vendredi à dimanche, la ville de Perpignan et le Cercle algérianiste ont programmé expositions, conférences et témoignages pour rendre hommage aux rapatriés et "rétablir l'histoire" dans une ville "emblématique dans l'accueil des pieds-noirs et des harkis", souligne le maire Louis Aliot.
Il regrette "les pages tronquées", selon lui, dans les manuels d'histoire sur la présence française en Algérie.
"On oublie trop souvent les gens simples qui travaillaient en Algérie, insiste le maire de Perpignan, élu en 2020. On ne peut pas être dans l'accusation unilatérale de la France, il faut rappeler l'apport de la France. Il suffit de voir l'état de l'Algérie aujourd'hui, on ne peut pas dire que ce soit glorieux".
Le départ des pieds-noirs "vers la mère-patrie, oui, c'est un exode, ils ont tout abandonné, ils sont partis une main devant, une main derrière, un grand traumatisme", met en avant le vice-président du Rassemblement national, qui a raflé dimanche les quatre sièges des Pyrénées-Orientales à l'Assemblée nationale.
Parmi les temps forts, la mairie de Perpignan inaugurera un square Mourad Kaouah, député de 1958 à 1962, arrivé à Perpignan en 1962, et proche de Jean-Marie Le Pen.
En 1962, 12 000 pieds-noirs et 12 000 harkis sont arrivés à Perpignan, une ville d'environ 80 000 habitants à l'époque.
En réaction, la gauche locale et SOS-Racisme ont imaginé un festival nommé Nostre Mar ("notre mer" en catalan), avec des conférences et des animations du 27 juin au 3 juillet.
"On trouvait dramatique une manifestation basée sur des ressentiments mémoriels, on avait envie de proposer une offre culturelle qui parle de l'unité du monde méditerranéen", explique Nicolas Lebourg, historien, spécialiste de l'extrême-droite et co-organisateur du festival.
"Nous voulons porter un autre discours, dit-il, une vision plurielle et positive de la relation entre les peuples de la Méditerranée. Il n'y a pas que les réfugiés et la guerre d'Algérie".
Pour les organisateurs de Nostre mar, il s'agit d'une première édition d'un festival qu'ils aimeraient ancrer dans les Pyrénées-Orientales, carrefour entre la France et l'Espagne, avec l'objectif d'en faire "un haut-lieu de l'antiracisme".
Après la campagne présidentielle et un "assaut des racismes les plus décomplexés", SOS-Racisme affirme vouloir "remettre au cœur de la place publique le combat culturel contre le racisme et l'antisémitisme".
"La mémoire de l'antisémitisme y a même subi l'attaque d'un révisionnisme voulant réhabiliter le maréchal Pétain. Il était temps d'agir, et de le faire ici", souligne l'association de défense des droits de l'homme.