PARIS: Les oppositions ont refusé jeudi l'idée d'une coalition de gouvernement mise sur la table par Emmanuel Macron la veille, l'enjoignant à "faire le premier pas" et proposer des mesures "très claires" pour les Français qui seront débattues au Parlement "au cas par cas".
A gauche, la députée Nupes-PS Valérie Rabault a estimé sur France Inter que "c'est lui qui est au pied du mur, pas nous (...) S'il reste sur son projet, il n'a pas de majorité absolue, et c'est lui qui est coincé, c'est lui qui va bloquer la France".
Le chef de l'Etat doit donc "poser des caps très clairs" au lieu de "renverser les rôles". "Il connaît parfaitement nos engagements. Nous voulons des choses très claires. Nous voulons le Smic à 1.500 euros net. Est-ce que oui ou non, il veut le rajouter dans son projet?", a-t-elle demandé, soulignant que le projet de loi sur le pouvoir d'achat qui doit être voté à l'été "ne peut pas être que des rustines rajoutées: ça doit être un vrai changement de cap là-dessus".
Le sénateur PS et porte-parole du parti Rachid Temal a plaidé pour "la vie démocratique, la vie parlementaire". Si Emmanuel Macron et la Première ministre Elisabeth Borne "veulent faire un accord avec la droite, qu'ils fassent un accord avec la droite. Sinon qu'ils viennent avec des textes devant le Parlement", notamment sur le pouvoir d'achat, et ensuite députés et sénateurs seront en mesure "de trouver des compromis", comme c'est déjà le cas aujourd'hui, a-t-il dit sur Public Sénat.
A droite, LR "refuse" un contrat de coalition "parce que non seulement c'est un non-sens au regard de nos idées et de nos valeurs, mais en plus, c'est ce qui nous amènera encore un peu plus vers l'abîme", a justifié le député LR et secrétaire général des Républicains Aurélien Pradié sur Public Sénat.
Kéké reconnaît d'anciens messages de soutien à Le Pen, assure avoir changé
La députée Nupes-LFI Rachel Kéké a reconnu avoir partagé il y a plusieurs années des messages de soutien à Marine Le Pen ou au régime syrien mais qui "ne reflètent absolument pas" son "combat politique" d'aujourd'hui.
Dans un message sur sa page Facebook mercredi soir, la nouvelle députée du Val-de-Marne, ancienne porte-parole de la longue grève des femmes de chambre à l'hôtel Ibis des Batignolles, qui a battu dimanche l'ex-ministre des Sports Roxana Maracineanu, dit subir depuis quelques jours "des attaques sur les réseaux sociaux, venant en particulier de l'extrême droite, visant à (la) déstabiliser et (la) décrédibiliser".
Elle lui est notamment reproché, selon des captures d'écran, d'avoir republié des messages de soutien à la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen, ou au régime du président Syrien Bachar al-Assad, accusé de "crimes contre l'humanité", après le conflit en Syrie en 2011 qui a fait un demi-million de morts.
Mme Kéké ne nie pas ces messages, mais affirme avoir changé.
"Il y a quelques années, j'ai repartagé sur Facebook des posts qui ne reflètent absolument pas qui je suis et ce que je défends aujourd'hui dans mon combat politique", écrit celle qui entend porter la voix des travailleurs "invisibles" à l'Assemblée.
"J'ai beaucoup appris de mon engagement syndical et de la lutte à l'Ibis Batignolles", ajoute-t-elle.
Elle affirme, "en tant qu'élue de La France insoumise et de la Nupes", partager "pleinement les combats et les valeurs de ces organisations qui ont composé cette belle union de la gauche".
"Il n'y a aucun terrain possible avec l'extrême droite. Les idées racistes, sexistes et LGBT-phobes doivent être combattues sans relâche. La lutte continue", conclut-elle.
Contactée par l'AFP, Mme Kéké n'a pas répondu.
Rachel Kéké "avoue avoir soutenu le régime d'El Assad (sic) et Mme Le Pen à la présidentielle en 2017. Elle a partagé des publications racistes et homophobes. Je rappelle que c’est un délit", a réagi sur Twitter son adversaire battue aux législatives Roxana Maracineanu.
"Mais elle nous assure avoir changé. Tout va bien. Ses électeurs jugeront", poursuit l'ancienne ministre.
Une coalition, "bien sûr que c'est non: nos députés ont été élus avec un mandat clair par leurs électeurs", qui est de "siéger dans l'opposition. On ne peut pas les trahir", a abondé le sénateur LR Bruno Retailleau. "Donc ce sera pour nous le cas par cas" sur le vote de textes à l'Assemblée nationale, a-t-il indiqué.
A l'extrême droite, le président par intérim du RN Jordan Bardella a estimé que c'est à M. Macron de "faire le premier pas" car "c’est lui qui a été battu dans les urnes dimanche dernier". "C’est donc à lui de dire aujourd’hui quel chemin est-il prêt à prendre, sur quels axes de son programme est-il prêt à reculer ou à renoncer pour faire un chemin vers les partis d’opposition qui ont été portés de manière démocratique à l’Assemblée nationale", a enjoint M. Bardella.