Coupés du monde: la nouvelle vie des habitants de Kherson sous l'occupation russe

A l'inverse d'autres villes occupées par les Russes, comme le port de Berdyansk, peu de drapeaux russes flottent sur les bâtiments de la ville de Kherson. (Photo : AFP)
A l'inverse d'autres villes occupées par les Russes, comme le port de Berdyansk, peu de drapeaux russes flottent sur les bâtiments de la ville de Kherson. (Photo : AFP)
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Publié le Mardi 21 juin 2022

Coupés du monde: la nouvelle vie des habitants de Kherson sous l'occupation russe

  • Les services de renseignement russe (FSB) et la Garde nationale russe opèrent en ville à Kherson
  • Les forces de Moscou tentent d'imposer l'utilisation du rouble russe à Kherson mais les habitants «paient obstinément en hryvnia», la devise ukrainienne

BRUXELLES : Des proches dont ils n'ont plus de nouvelles, des prix à la consommation qui montent en flèche: voici la nouvelle vie des habitants de Kherson (sud de l'Ukraine), coupés du monde, dans leur ville occupée par les Russes depuis les premiers jours de la guerre.

Les nombreux témoignages rapportés par les habitants à l'AFP, dont certains sont publiés dans cet article, n'ont toutefois pas pu être vérifiés de manière indépendante.

Alyona Laptchouk, 54 ans, a appris la mort de son mari, Vitaly, après plusieurs semaines de recherches. Son corps a été retrouvé dans une rivière.

Alors qu'il travaillait à Kiev, il avait décidé de rejoindre les rangs des unités de défense de la ville de Kherson au tout début de l'invasion russe.

Il avait disparu le 27 mars, trois semaines après que les Russes ont pris le contrôle de cette ville de 300 000 habitants avant la guerre.

"J'ai essayé de l'appeler, encore et encore. Ca sonnait dans le vide puis un jour, quelqu'un a arrêté mon appel complètement", raconte Mme Laptchouk au téléphone à l'AFP. "C'est là que j'ai compris qu'il y avait un problème", continue-t-elle.

Le même jour, trois voitures avec la lettre "Z" peinte sur le côté - symbole de l'armée russe en Ukraine - s'arrêtent à 1H00 du matin devant chez elle.

En sort son mari, difficilement reconnaissable, le visage en sang.

A l'intérieur de la maison, les militaires russes prennent téléphones et ordinateurs, son mari lui assurant qu'ils avaient promis "de ne pas toucher (sa) famille".

C'est la dernière fois qu'Alyona a vu son mari vivant.

"Ils ont ensuite mis des sacs sur ma tête, celle de mon mari et de mon fils aîné de 34 ans", raconte-t-elle.

"Je n'oublierai jamais le regard de Vitaly à ce moment-là. C'était la dernière fois que nos regards se sont croisés", dit-elle d'une voix triste.

Les trois membres de la famille sont interrogés. Alyona dit avoir été ensuite jetée sous un pont avec son fils, avant d'entendre de bouches russes: "Défoncez-le", en parlant de son mari.

Plus de deux mois plus tard, le 9 juin, on lui a annoncé que des pêcheurs avaient découvert le corps de Vitaly dans une rivière, les pieds attachés à une pierre.

La télévision russe désormais diffusée dans toute une région occupée du sud de l'Ukraine, dit l'armée russe

L'armée russe a annoncé mardi avoir connecté l'ensemble de la région de Kherson aux chaînes de télévision russes qui seront désormais accessibles "gratuitement" dans cette région conquise par Moscou dans le sud de l'Ukraine.

"Des spécialistes d'unités de transmission des forces armées russes ont connecté et reconfiguré vers la diffusion de chaînes russes le dernier des sept émetteurs de télévision de la région de Kherson", a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Il précise qu'environ un million d'habitants de la région ont maintenant accès "gratuitement" aux principales chaînes russes, notamment celles du groupe d'audiovisuel public VGTRK, qui relaie activement la ligne du Kremlin.

Frontalière de la péninsule annexée de Crimée, la région de Kherson a été conquise par l'armée russes dès les premiers jours de son offensive contre l'Ukraine lancée fin février.

Depuis, Moscou mène une politique de russification des territoires tombés sous son contrôle dans le sud de l'Ukraine : la monnaie russe, le rouble, a été instauré et des passeports russes commencent à être distribués.

Mardi, l'un des nouveaux responsables prorusses de la région de Kherson, Kirill Stremooussov, a affirmé que ce territoire pourrait être rattaché à la Russie "avant la fin de l'année".

"Nous allons avoir un référendum cette année. Et à l'issue de ce référendum, nous nous adresserons aux dirigeants de la Fédération russe pour qu'ils nous acceptent au sein de la Russie", a affirmé M. Stremooussov, cité par l'agence de presse publique TASS.

«Des contrôles partout»

Selon Tetyana, une habitante de Kherson qui a accepté de parler à l'AFP sans donner son nom de famille et en communiquant uniquement grâce à un VPN pour éviter les contrôles russes, les services de renseignement russe (FSB) et la Garde nationale russe opèrent en ville.

"Ils peuvent arriver et embarquer quelqu'un dans un bus sans explication", raconte-t-elle. "Certains en reviennent, d'autres disparaissent", affirme-t-elle. "Il y a des contrôles partout. Ils vérifient les papiers d'identité, les téléphones et les sacs".

Lors d'un voyage de presse organisé par Moscou ce mois-ci, un journaliste de l'AFP dit avoir vu peu de militaires russes présents dans le centre-ville, mais plusieurs checkpoints dans sa périphérie.

A l'inverse d'autres villes occupées par les Russes, comme le port de Berdyansk, peu de drapeaux russes flottent sur les bâtiments de la ville, a aussi constaté l'AFP.

Tetyana assure, elle, que des habitants de la ville ont peint des drapeaux ukrainiens dans les rues et accroché des rubans bleu et jaune, les couleurs nationales, aux arbres en signe de protestation.

"C'est très difficile pour les Russes d'empêcher tout ça. Ca finit toujours par revenir", dit-elle.

Selon elle, les forces de Moscou tentent d'imposer l'utilisation du rouble russe à Kherson mais les habitants "paient obstinément en hryvnia", la devise ukrainienne.

«Aucune aide et pas de travail»

Autre conséquence évoquée par les habitants de Kherson: l'inflation gapolante depuis le mois de mars.

A Skadovsk, à 80 km au sud de Kherson, le long de la mer Noire, une femme, qui a recquis l'anonymat, a affirmé à l'AFP que les prix "ont au moins triplé".

"Tout est cher, sauf le pain et quelques légumes. C'est difficile de se procurer des produits laitiers", ajoute-t-elle.

Les médicaments sont de nouveau disponibles dans la région, quoique difficiles à obtenir, après des pénuries au début de l'occupation russe. "Il n'y a aucune aide (des Russes) et il n'y a pas de travail", se désole-t-elle.

Certains habitants, dont Alyona, veulent croire que Kherson sera libérée par l'armée ukrainienne, repoussée aujourd'hui plus au nord, à quelques dizaines de kilomètres.

Son mari, Vitaly, a été enterré le 11 juin, sans sa famille, qui a fui Kherson.

"Quand Kherson sera libérée, je reviendrai et j'installerai un banc (à côté de sa tombe) et je pourrai de nouveau lui parler", affirme Alyona.


Gaza : le pape François appelle au « respect immédiat » de la trêve

Le  pape François (Photo AFP)
Le  pape François (Photo AFP)
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  • « J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.
  • « Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Le  pape François a appelé samedi au « respect immédiat » du cessez-le-feu à Gaza et a plaidé en faveur d'un renforcement de l'aide humanitaire ainsi que du retour des otages.

« J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.

« Merci à toutes les parties impliquées dans cet important résultat. J'espère que les parties respecteront immédiatement l'accord tel que convenu, et que tous les otages pourront enfin rentrer chez eux pour embrasser à nouveau leurs proches », a-t-il déclaré.

« Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

« Les Israéliens et les Palestiniens ont besoin de signes clairs d'espoir. J'espère que les autorités politiques des deux pays, avec l'aide de la communauté internationale, parviendront à une solution juste basée sur deux États », a-t-il encore déclaré. « Que chacun dise oui au dialogue, oui à la réconciliation, oui à la paix. »


La start-up Perplexity AI propose une fusion avec TikTok

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  • La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok,
  • Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA.

WASHINGTON : La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, alors que la plateforme est menacée de disparition dans quelques heures.

TikTok est sous le coup d'une loi qui prend effet dimanche et qui impose à sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, de vendre le réseau social sous peine d'interdiction.

ByteDance a jusqu'ici refusé d'envisager une cession et, vendredi, TikTok a annoncé qu'il se préparait à débrancher l'application à l'expiration de la limite fixée par une loi votée au Congrès américain en avril 2024.

Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA, a précisé la source.

Les titres de cette holding seraient distribués en partie aux actionnaires existants de Perplexity AI et de ByteDance, le solde allant à de nouveaux investisseurs prêts à acquérir une participation dans le nouvel ensemble.

Les actionnaires de ByteDance qui ne souhaitent pas participer à cette nouvelle structure verront leurs titres rachetés.

Environ 60 % du capital de ByteDance sont détenus par des investisseurs institutionnels, 20 % par les fondateurs de l'entreprise et 20 % par ses salariés.

La transaction proposée par Perplexity AI ne donne pas de montant pour TikTok, « mais je ne vois pas un accord intervenir avec une valorisation inférieure à 50 milliards de dollars », a expliqué la source proche du dossier.

Compte tenu de la nature de l'opération, très peu d'argent changerait effectivement de mains, l'idée étant d'attribuer aux parties prenantes des actions du nouveau conglomérat.

Cette union permettrait à Perplexity AI d'enrichir les contenus proposés à ses utilisateurs, selon la même source.

Lancé fin 2022 et soutenu par Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, Perplexity AI combine un assistant IA et un moteur de recherche pour trouver des informations sur Internet.

Il se positionne comme un concurrent des grands moteurs de recherche, en premier lieu Google.

En décembre, la start-up a effectué une nouvelle levée de fonds qui a valorisé l'entreprise à 9 milliards de dollars.

D'autres investisseurs ont fait part de leur intérêt pour TikTok.

L'homme d'affaires Frank McCourt est ainsi prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d'autres partenaires pour les activités américaines de l'application, en dehors de son puissant algorithme.

Samedi, Donald Trump a déclaré qu'il étudierait de près le dossier une fois investi à la présidence des États-Unis, et qu'un report de 90 jours de la mise en œuvre de la loi serait « probablement décidé ».


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.