L'Ukraine dit reprendre du terrain près de Kherson, Zelensky s'adresse aux Européens

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Publié le Lundi 30 mai 2022

L'Ukraine dit reprendre du terrain près de Kherson, Zelensky s'adresse aux Européens

  • Dans son point de situation publié dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée ukrainienne affirme avancer dans la région de Kherson, du côté des villages de Andriyivka, Lozove et Bilohirka
  • Les forces russes, qui se sont repliées de la région de Kharkiv, ont continué leur progression ce week-end en direction des villes clefs de Severodonetsk

KHARKIV: L'Ukraine affirme reprendre du terrain dans la région de Kherson, aux mains des Russes depuis le début de l'invasion, au moment où le président Volodymyr Zelensky doit s'adresser lundi aux dirigeants européens réunis à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à son pays.

"Kherson, tiens bon, nous sommes proches!", affirme l'état-major ukrainien sur sa page Facebook.

Dans son point de situation publié dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée ukrainienne affirme avancer dans la région de Kherson, du côté des villages de Andriyivka, Lozove et Bilohirka.

Le bulletin de lundi matin ne donne pas de précision quant à Kherson, mais indique que les forces russes ont fait venir des forces spéciales à Mykolayiv, la ville voisine, "dans le dessein de mener des actions offensives pour récupérer des positions perdues".

Aucun commentaire côté russe n'a été fait dans un premier temps concernant les affirmations de Kiev faisant état de "la construction de lignes défensives" par les troupes russes autour de Kherson.

Cette contre-offensive ukrainienne sur Kherson intervient alors que les nouvelles autorités de la ville, désignées par le Kremlin, ont d'ores et déjà exprimé le souhait d'être rattachées à la Russie, laquelle a annoncé qu'elle allait permettre aux habitants de demander un passeport russe via "une procédure simplifiée".

Si Kherson retombait aux mains de Kiev, ce serait une avancée symbolique forte, cette région ayant été entièrement conquise par l'armée russe depuis son offensive lancée le 24 février.

A cela s'ajoute le fait que Kherson est stratégiquement située dans le sud de l'Ukraine, près de l'embouchure du Dniepr sur la mer Noire.

Visite à Kiev de la nouvelle ministre française des Affaires étrangères

La nouvelle cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, effectuait lundi son premier voyage en Ukraine pour "témoigner de la solidarité de la France à l'égard du peuple ukrainien (...) face à l'agression russe", a indiqué lundi le Quai d'Orsay.

C'est la responsable française de plus haut rang à visiter l'Ukraine depuis le début de l'attaque russe le 24 février.

La ministre s'entretiendra avec le président Volodymyr Zelensky et son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, "pour évoquer en particulier le blocage des exportations de céréales et d'oléagineux d'Ukraine qui soulève des risques réels d'insécurité alimentaire", a précisé le communiqué. 

La ministre se rendra aussi à Boutcha, ville de la banlieue de Kiev où ont eu lieu des massacres de civils imputés aux troupes russes. Elle y "remettra du matériel de sécurité civile (camions de pompiers et ambulances)" aux autorités.

Mme Colonna avait réservé mardi dernier à l'Allemagne sa première visite à l'étranger. Elle avait souligné qu'"aucun des pays du G7 (n'était) en guerre contre la Russie" mais appelé à "encore renforcer notre soutien à l'Ukraine dans la durée, sur tous les plans".

Elle avait aussi évoqué l'idée d'Emmanuel Macron d'une "communauté politique européenne", susceptible d'accueillir l'Ukraine ou la Grande-Bretagne.

Le président Zelensky doit s'adresser lundi aux dirigeants européens réunis à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à son pays.

Nouvelles sanctions au menu 

Le président ukrainien doit parler lundi au début du sommet européen, par visioconférence depuis Kiev. De nouvelles sanctions contre Moscou sont au menu de cette réunion des Vingt-Sept.

Outre l'embargo pétrolier, le paquet de sanctions vise l'exclusion de banques russes du système financier international Swift, une aide à l'Ukraine allant jusqu'à neuf milliards d'euros en 2022.

Cette adresse du président Zelensky intervient au lendemain de sa visite très médiatisée dimanche à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est du pays. Une sortie inédite depuis l'invasion russe de fin février.

"Nous défendrons notre terre jusqu'au bout. Ils n'ont aucune chance", a déclaré M. Zelensky dimanche, allant à la rencontre de militaires sur le terrain, en gilet pare-balles et treillis, et visitant les décombres de bâtiments détruits à Kharkiv.

Médiation au point mort

Les tentatives de médiation entre Moscou et Kiev sont au point mort.

Ce week-end encore le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont eu un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, l'enjoignant d'entamer des "négociations directes sérieuses" avec Kiev.

Les forces russes, qui se sont repliées de la région de Kharkiv, ont continué leur progression ce week-end en direction des villes clefs de Severodonetsk, pilonnée sans relâche, et Lyssytchansk, sa ville jumelle, dans le Donbass.

Situées de part et d'autre de la rivière Siversky Donets, elles sont menacées d'encerclement par les forces russes et les séparatistes prorusses, qui cherchent à établir un contrôle complet sur le bassin minier du Donbass.

"Du côté de Donetsk, l'agresseur se concentre sur des opérations offensives pour encercler nos troupes à Lyssytchantsk et Severodonetsk", précise le bulletin de l'armée ukrainienne de lundi matin.

Le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, avait revendiqué quant à lui samedi soir avoir pris le contrôle de Severodonetsk, ville qui comptait 100.000 habitants avant la guerre.

Le maire de Severodonetsk, Olexander Stryuk, a alerté sur l'aggravation de la situation sanitaire dans sa ville privée d'électricité depuis plus de deux semaines et vidée de ses habitants. Les "bombardements constants" compliquent beaucoup l'approvisionnement, notamment en eau potable, des milliers d'habitants encore sur place.

Alors que l'Ukraine, grande puissance agricole, ne peut plus exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, Vladimir Poutine a assuré, lors de sa conversation avec ses pairs français et allemands, que son pays était "prêt" à aider une exportation "sans entraves" des céréales de l'Ukraine.

les Russes avancent vers le centre de Severodonetsk, situation «très difficile»

Les forces russes ont progressé vers le centre de Severodonetsk, ville dans l'Est de l'Ukraine, pilonnée depuis des semaines et où se déroulent désormais des combats de rue, a annoncé lundi le gouverneur de la région.
"Les Russes avancent vers le milieu de Severodonetsk. Les combats se poursuivent, la situation est très difficile", a indiqué sur Telegram Serguiï Gaïdaï, à la tête de la région de Lougansk.
Selon lui, deux personnes ont été blessées lundi lorsque leur voiture a été prise pour cible, et se trouvent désormais "en sécurité". Trois médecins sont portés disparus, selon la même source.
"L'infrastructure critique de Severodonetsk est détruite, 60% du parc de logements ne peut pas être restauré", a poursuivi M. Gaïdaï.
Il a ajouté que la route reliant Severodonetsk à la ville jumelle de Lyssychansk puis à celle de Bakhmout plus au sud était trop "dangereuse" pour permettre l'évacuation des civils et le transport d'aide humanitaire.
Dimanche, M. Gaïdaï avait signalé qu'un assaut russe sur Severodonetsk était en cours avec des combats de rue. Il avait également indiqué que la situation à Lyssychansk s'était "largement aggravée".
Severodonetsk, ville de 100.000 habitants avant la guerre, est pilonnée à l'artillerie depuis des semaines par l'armée russe et les séparatistes prorusses qui combattent à ses côtés. Des dizaines de civils y ont tués.
Severodonetsk et Lyssytchank sont situées à plus de 80 km à l'est de Kramatorsk, devenu le centre administratif du Donbass ukrainien depuis que les séparatistes soutenus par Moscou se sont emparés de la partie orientale de ce grand bassin houiller en 2014.

Blocage hongrois

A Bruxelles, à la veille du sommet de l'UE, les représentants des Vingt-Sept ont examiné dimanche une nouvelle proposition qui exempterait temporairement un oléoduc clé pour la Hongrie d'un embargo progressif de l'UE sur le pétrole russe, afin de tenter de lever le blocage sur leur 6e paquet de sanctions contre Moscou.

Ces nouvelles sanctions sont pour l'instant bloquées par la Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer et dépendant du pétrole acheminé de Russie par l'oléoduc Droujba, qui lui fournit 65% de sa consommation.

Parallèlement, les Occidentaux continuent à revoir leurs politiques de défense face à la menace russe.

Le chef adjoint de l'Otan, Mircea Geoana, a estimé dimanche que l'Alliance n'était plus tenue par ses anciens engagements envers Moscou de ne pas déployer ses forces en Europe orientale.

Dans l'Acte fondateur sur les relations entre l'Otan et la Russie, signé il y a 25 ans, les Russes s'étaient "engagés à ne pas agresser les voisins, c'est ce qu'ils sont en train de faire, et à tenir des consultations régulières avec l'Otan, ce qu'ils ne font pas", déclaré M. Geoana.

Selon lui, l'Acte fondateur "ne fonctionne simplement pas, à cause de la Russie", et l'Otan n'a désormais plus "aucune restriction" pour se doter d'une "posture robuste sur le flanc est".

Et en Allemagne, gouvernement et opposition conservatrice ont trouvé dimanche soir un accord pour faire une entorse aux règles budgétaires imposées par la constitution, afin de débloquer 100 milliards d'euros pour moderniser l'armée.

Une voiture piégée explose à Melitopol, les autorités prorusses accusent Kiev

Une voiture piégée a explosé lundi matin à Melitopol, faisant deux blessés, a indiqué l'administration prorusse de cette ville du sud de l'Ukraine occupée par les forces russes, qui accuse Kiev d'être derrière cet "attentat".
"Vers 08H00 du matin une voiture piégée a explosé dans le centre de la ville", a écrit l'administration de la cité située près de la mer d'Azov, faisant état de deux blessés, des "bénévoles qui apportaient de l'aide humanitaire" âgés de 25 et 28 ans.
Une enquête est en cours, selon cette source.
"C'est un acte terroriste cynique du régime de Kiev, un acte destiné à effrayer les habitants de notre ville, un acte dirigé contre les civils", a accusé Galina Daniltchenko, la nouvelle maire de la cité installée par les forces russes, citée par l'agence russe Ria Novosti.
"C'est une situation horrible, et le régime de Kiev ne peut se faire à l'idée que les habitants de Melitopol ne veulent plus avoir à faire avec ce pouvoir de Kiev, nous voulons vivre une nouvelle vie, une autre vie, une vie pacifique", a-t-elle ajouté.
Melitopol a été conquise par les forces russes dans les premiers jours de l'offensive de Moscou en Ukraine. Le 11 mars, son maire, Ivan Fedorov, avait été enlevé par les Russes, avant d'être libéré quelques jours plus tard. Une administration prorusse a ensuite été installée dans la cité.
Le 23 mai, Andreï Chevtchik, le maire installé par Moscou d'Energodar, autre ville du sud de l'Ukraine accueillant la plus grande centrale nucléaire d'Europe, avait été blessé dans une explosion avec deux de ses gardes du corps.
Selon le Comité d'enquête russe, une "bombe artisanale" avait été placée dans une armoire électrique dans l'entrée d'un immeuble résidentiel.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait estimé qu'il s'agissait d'un "attentat" commis par des "nationalistes" ukrainiens.
Les villes de Melitopol et d'Energodar appartiennent à la région ukrainienne de Zaporijjia, en grande partie occupée par Moscou. Elle est voisine de celle de Kherson, entièrement sous contrôle russe, dont l'annexion par la Russie semble se dessiner.
Le contrôle par la Russie du littoral de la mer d'Azov (Kherson, Zaporijjia et Donetsk), y compris le port de Marioupol, permet de constituer un pont terrestre pour relier le territoire russe à la péninsule de Crimée, qu'elle a annexée en 2014.


Amnesty International exhorte la Belgique à mettre fin aux violations des droits des demandeurs d'asile

Des demandeurs d'asile dorment dans une rue du centre de Bruxelles, en Belgique, le 28 octobre 2022. (Reuters)
Des demandeurs d'asile dorment dans une rue du centre de Bruxelles, en Belgique, le 28 octobre 2022. (Reuters)
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  • La Belgique fabrique activement une crise du sans-abrisme. Sans intervention urgente, cette crise va s'aggraver
  • L'organisation a interrogé des personnes, dont des Palestiniens, qui naviguent dans le système d'asile du pays.

LONDRES : Amnesty International a condamné jeudi la Belgique pour avoir rejeté les demandes d'asile de milliers de personnes, les "forçant à devenir des sans-abri".

Amnesty a accusé ce pays membre de l'UE de "discrimination à l'encontre des hommes célibataires racialisés", ce qui a eu "un impact sur la vie, la dignité et les droits de l'homme des demandeurs d'asile".

L'organisation a ajouté : "À ce jour, les tribunaux nationaux et internationaux ont ordonné plus de 12 000 fois aux autorités belges d'accueillir des demandeurs d'asile.

"La Belgique a toujours refusé de se conformer pleinement aux jugements, bien que ceux-ci soient définitifs et juridiquement contraignants.

Amnesty a interrogé des personnes qui se sont retrouvées sans domicile fixe alors qu'elles naviguaient dans le système d'asile belge depuis 2021. Nombre d'entre elles ont déclaré qu'en plus de se voir refuser un logement, l'accès aux soins de santé est un problème majeur.

Sayed, qui a voyagé depuis l'Afghanistan, a passé du temps dans un squat à Bruxelles avec d'autres migrants sans-abri d'octobre 2022 à 2023.

"Au début, c'était assez bien, il y avait des toilettes et des douches, et certaines personnes apportaient de la nourriture l'après-midi ", a-t-il expliqué à Amnesty.

"Mais peu à peu, le centre s'est complètement transformé en cimetière. Les douches et les toilettes étaient cassées, avec le temps... L'urine arrivait jusqu'à l'endroit où l'on dormait."

Selon lui, les Belges ordinaires et les organisations caritatives locales ont été accueillants, mais l'État ne l'a pas été. "Les gens ressentaient notre douleur, mais pas les autorités", a-t-il ajouté.

Les réfugiés palestiniens Ahmet et Baraa, qui ont fui la guerre de Gaza l'année dernière, ont également été contraints de vivre dans un squat.

"Il faisait froid... Vous pouvez être affamé et personne ne le saura. Personne ne vous aidera", a déclaré Ahmet. "J'ai perdu beaucoup de parents et d'amis (à Gaza). Ma mère est gravement blessée, ainsi que mes frères et ma sœur. Je me suis mis à leur place : Je dois juste survivre."

Baraa a déclaré qu'il souhaitait simplement "une vie simple, des droits fondamentaux, un travail, de la nourriture dans (mon) estomac et vivre comme une personne normale. Nous avions une vie à Gaza, mais nous n'avions pas la sécurité nécessaire et c'est pour cela que nous sommes partis. C'est pourquoi nous sommes venus ici : pour trouver un endroit sûr".

Amnesty International craint que la Belgique ne continue d'exacerber le problème après que son nouveau gouvernement se soit engagé à adopter "la politique migratoire la plus stricte possible".

Amnesty a exhorté le gouvernement à "fournir immédiatement des places d'accueil en nombre suffisant et à veiller à ce que toutes les personnes demandant l'asile bénéficient d'un logement adéquat".

"Il doit veiller à ce que les personnes aient accès à des services de santé adéquats, y compris à un soutien psychologique spécialisé, quelle que soit leur situation en matière de logement.

L'organisation a également demandé à l'Union européenne de "veiller à ce que la Belgique rétablisse le respect" de ses obligations légales à l'égard des demandeurs d'asile, "notamment en lançant des procédures d'infraction si nécessaire".

Eva Davidova, porte-parole d'Amnesty International Belgique, a déclaré que "l'incapacité du pays à fournir un accueil n'est pas due à un manque de ressources mais à un manque de volonté politique".

Elle a ajouté : "Le gouvernement précédent a eu amplement le temps de résoudre la situation des sans-abri et ne l'a pas fait.

"Le gouvernement actuel se préoccupe davantage de réduire le nombre de personnes qui reçoivent l'asile que de s'attaquer aux préjudices réels infligés aux demandeurs d'asile qui se trouvent actuellement dans le pays.

"L'ampleur et la durée du mépris persistant de la Belgique pour les décisions de justice soulèvent des questions quant à la manière dont les détenteurs de droits peuvent espérer demander des comptes au gouvernement belge, en particulier les personnes marginalisées et racialisées comme celles qui sont affectées par cette situation.

Mme Davidova poursuit : "La Belgique fabrique activement une crise du sans-abrisme qui aura un impact négatif durable sur la vie et la dignité des personnes, tandis que la société civile est laissée à elle-même pour ramasser les morceaux.

"Sans une intervention urgente, cette crise s'aggravera, violant davantage les droits des demandeurs d'asile et érodant à la fois les pays et l'engagement de l'UE en faveur des droits de l'homme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tarifs douaniers américains: Trump impose des prélèvements de 10% aux pays du CCG

Les droits de douane sont depuis longtemps une pierre angulaire de la stratégie économique de Donald Trump, ancrée dans son programme «America First». (Shutterstock)
Les droits de douane sont depuis longtemps une pierre angulaire de la stratégie économique de Donald Trump, ancrée dans son programme «America First». (Shutterstock)
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  • Alors que le CCG a été épargné par les pénalités les plus sévères, d'autres nations arabes ont été plus durement touchées
  •  La Syrie et l'Irak ont été frappés par des droits de douane de 41% et 39% respectivement

RIYAD: Les pays du Conseil de coopération du Golfe seront soumis à des droits de douane américains de 10% dans le cadre de la nouvelle politique commerciale de Donald Trump, qui vise à remédier à ce qu'il appelle des pratiques déloyales de longue date.

Alors que le CCG a été épargné par les pénalités les plus sévères, d'autres nations arabes ont été plus durement touchées: la Syrie et l'Irak ont été frappés par des droits de douane de 41% et 39% respectivement, suivis par la Libye à 31%, l'Algérie à 30%, la Tunisie à 28% et la Jordanie à 20%.

L'Égypte, le Maroc, le Liban et le Soudan ont reçu la même base de 10% que le CCG, ce qui reflète leurs liens commerciaux relativement stables avec les États-Unis, notamment en ce qui concerne les exportations de pétrole et de produits pétrochimiques.

Hamza Dweik, responsable du négoce chez Saxo Bank, a déclaré à Arab News: «Les secteurs non énergétiques du CCG les plus vulnérables aux nouveaux droits de douane sont l'électronique, l'automobile, la construction, la vente au détail et les biens de consommation.»

Il a ajouté: «Ces industries dépendent fortement des biens importés, et l'augmentation des coûts due aux droits de douane pourrait entraîner une hausse des prix pour les consommateurs et une baisse de la compétitivité sur le marché.»

M. Dweik a également averti que le secteur des services financiers de la région pourrait être confronté à des défis, car l'incertitude mondiale accrue pourrait perturber les flux d'investissement et avoir un impact sur les marchés financiers régionaux.

Des préoccupations ont été soulevées concernant l'impact potentiel d'un tarif de base sur les chaînes d'approvisionnement du CCG, notamment dans les secteurs des métaux, des produits chimiques et de l'industrie.

Selon M. Dweik, des représailles mondiales ou des retombées commerciales sont possibles et pourraient affecter indirectement les économies du Golfe.

«L'incertitude politique et la possibilité de changements rapides pèsent lourdement sur les marchés mondiaux, y compris ceux du CCG. La région devrait se concentrer sur la diversification des relations commerciales et le renforcement des liens avec les régions non touchées afin d'atténuer les pertes potentielles», a-t-il ajouté.

Le pétrole exempté de droits de douane

La Maison Blanche a confirmé que les importations de pétrole et de gaz seraient exemptées des nouveaux droits de douane, ce qui constitue un soulagement notable pour les exportateurs du Golfe. Cette décision, qui s'applique également aux importations d'énergie en provenance du Canada, du Mexique et de l'Europe, vise à éviter de perturber les marchés américains de l'énergie et de faire grimper les prix des carburants.

Pour le CCG, cette exemption protège le secteur d'exportation le plus important de la région, puisque le pétrole et le gaz représentent plus de 60% des exportations de l'Arabie saoudite vers les États-Unis et restent un pilier essentiel du commerce entre le Golfe et les États-Unis.

Étant donné la dépendance du CCG à l'égard des exportations de pétrole, tout ralentissement économique mondial causé par les tensions commerciales pourrait avoir un impact négatif sur les prix du pétrole, ce qui exercerait une pression supplémentaire sur leurs économies, a déclaré M. Dweik, avant d'ajouter: «L'exonération permet d'atténuer certains de ces effets, en veillant à ce que la principale source de revenus de ces pays reste relativement stable malgré les perturbations commerciales plus générales.»

Les droits de douane sont depuis longtemps une pierre angulaire de la stratégie économique de Donald Trump, ancrée dans son programme «America First» visant à protéger les industries nationales et à réduire les déficits commerciaux.

Le président a relancé cette approche avec de nouveaux droits d'importation radicaux, arguant que les pratiques commerciales déloyales ont désavantagé les travailleurs américains pendant des décennies.

Les pays les plus durement touchés par la hausse des droits de douane – notamment la Chine, l'Union européenne, l'Australie et le Japon – ont vivement critiqué cette décision et plusieurs d'entre eux ont déjà imposé des droits de rétorsion sur les produits américains. Ces mesures radicales ont suscité l'inquiétude dans le monde entier, alimentant les craintes d'une montée du protectionnisme, de perturbations de la chaîne d'approvisionnement et du risque d'une guerre commerciale plus large.

Bien que les pays du CCG ne soient pas parmi les plus durement touchés, les analystes ont averti que les exportateurs de la région pourraient encore être confrontés à une augmentation des coûts, à des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et à une augmentation des frictions commerciales, en particulier dans des secteurs tels que l'aluminium, les produits pétrochimiques et les biens industriels.

Risque indirect du CCG lié aux droits de douane américains

Selon une analyse réalisée en février par S&P Global Market Intelligence, des pays comme l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – qui maintiennent des taux de change fixes par rapport au dollar américain – sont particulièrement vulnérables au resserrement des conditions monétaires, car la Réserve fédérale américaine pourrait maintenir des taux d'intérêt élevés pour contenir les pressions inflationnistes résultant des perturbations commerciales.

Un dollar plus fort pourrait éroder la compétitivité des exportations et affaiblir les balances commerciales de ces économies ancrées. Le rapport met en garde contre le fait que des taux d'intérêt américains durablement élevés puissent également réduire les flux de portefeuille vers la dette des marchés émergents, ce qui pourrait déclencher des sorties de capitaux et des pressions sur les liquidités, en particulier dans les pays surendettés tels que l'Égypte et la Tunisie.

Bien que la situation de l'Égypte se soit améliorée grâce aux investissements du Golfe et à un programme du Fonds monétaire international, un cycle prolongé de resserrement des taux américains pourrait compromettre cette reprise.

En outre, si les prix du pétrole chutent dans un contexte de ralentissement économique mondial, les exportateurs de pétrole du CCG pourraient être contraints de retarder leurs dépenses d'infrastructure, ce qui exercerait une pression sur les programmes de diversification à grande échelle.

Le géant du transport maritime Maersk a mis en garde contre les retombées mondiales des nouveaux tarifs douaniers américains, avertissant que l'escalade des tensions commerciales pourrait perturber les chaînes d'approvisionnement et augmenter les coûts d'expédition dans le monde entier.

Pour la région du CCG, qui dépend fortement du commerce maritime pour ses exportations pétrolières et non pétrolières, ces perturbations représentent un risque important. Si les exportations de pétrole du Golfe vers les États-Unis restent exemptées, des secteurs comme l'aluminium, les produits pétrochimiques et les biens industriels pourraient être indirectement touchés par le ralentissement de la demande mondiale et l'augmentation des coûts de fret.

M. Dweik a fait remarquer que le CCG pourrait bénéficier de l'évolution de la structure du commerce mondial, en particulier si les droits de douane américains restent concentrés sur les concurrents d'autres régions.

Réaction du marché des actions du CCG

Selon les données de Bloomberg, les marchés boursiers régionaux du CCG ont largement baissé à la suite de l'annonce des tarifs douaniers.

Le principal indice d'Arabie saoudite, le Tadawul All-Share Index, a chuté de 72,78 points, soit 0,61%, tandis que le marché parallèle Nomu a baissé de 0,77% à 12h20, heure saoudienne. Les Émirats arabes unis ont connu les plus fortes baisses, l'indice d'Abu Dhabi ayant chuté de 2,86% et l'indice DFM de Dubaï de 2,64%.

L'indice MSX 30 de la Bourse d'Oman a perdu 0,76%, l'indice Bahrain Bourse All Share a chuté de 0,50% et l'indice général de la Bourse d'Amman en Jordanie a baissé de 1,70%.

En revanche, le Qatar a fait figure d'exception, tous les principaux indices affichant une évolution positive. La bourse du Qatar a gagné 0,46%, reflétant probablement la confiance des investisseurs dans le positionnement économique diversifié du pays et une exposition directe moindre aux risques de la politique commerciale américaine.

Alors que les exportations de pétrole de la région restent exemptes des nouveaux tarifs douaniers, le sentiment du marché semble avoir été affaibli par les préoccupations concernant les impacts indirects sur des secteurs clés tels que les métaux, l'industrie manufacturière et les biens industriels. Cette réaction souligne la sensibilité croissante des investisseurs à l'escalade des tensions commerciales mondiales et à leurs retombées potentielles sur les économies régionales.

Mesures prises par le CCG pour atténuer les risques liés aux droits de douane américains

Bien que les derniers droits de douane américains visent principalement la Chine, le Mexique et le Canada, les exportateurs du CCG ne peuvent pas se permettre de rester passifs. Les États-Unis ayant explicitement lié leur politique commerciale à la sécurité nationale et revu tous les accords commerciaux mondiaux dans le cadre d'un «plan équitable et réciproque», les entreprises basées dans le Golfe sont de plus en plus exposées.

Selon le rapport de mars de PwC sur le commerce, les droits de douane récemment annoncés sur l'aluminium et l'acier s'appliqueront à tous les pays, y compris les Émirats arabes unis, Bahreïn et Oman, et primeront sur les accords de libre-échange existants. Le rapport prévient également que les réductions de droits de douane ne s'appliqueront plus à ces produits, ce qui augmentera les coûts pour les exportateurs du CCG et affectera la compétitivité sur le marché américain.

PwC recommande aux entreprises du CCG d'évaluer d'urgence leur exposition en modélisant l'impact des coûts, en réexaminant les classifications commerciales et en exploitant des outils tels que les zones de libre-échange et les stratégies d'optimisation douanière.

Les entreprises devraient également renforcer la conformité commerciale, investir dans des solutions numériques pour la chaîne d'approvisionnement et explorer la diversification des marchés pour réduire la dépendance à l'égard des États-Unis.

Alors que l'environnement commercial mondial évolue vers des politiques plus protectionnistes, le rapport conclut qu'une approche «attentiste» n'est plus viable pour la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'émissaire spécial de Poutine se rend à Washington pour améliorer les relations bilatérales

Cette combinaison d'images créées le 30 mars 2025 montre le président américain Donald Trump à la Maison Blanche le 24 mars 2025 à Washington, DC et le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 18 mars 2025. Le 30 mars 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI et Maxim Shemetov / AFP)
Cette combinaison d'images créées le 30 mars 2025 montre le président américain Donald Trump à la Maison Blanche le 24 mars 2025 à Washington, DC et le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 18 mars 2025. Le 30 mars 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI et Maxim Shemetov / AFP)
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  • Il s'agit de la première visite d'un haut responsable russe à Washington depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.
  • Dans son communiqué, il a jugé « crucial pour le monde entier » le « dialogue » entre Moscou et Washington, tout en reconnaissant que son « rétablissement n'est pas un processus facile ».

WASHINGTON : L'émissaire économique spécial du président russe Vladimir Poutine, Kirill Dmitriev, a annoncé qu'il tiendrait jeudi « des réunions » à Washington avec des représentants de l'administration Trump, alors que les États-Unis et la Russie sont en plein rapprochement.

Il s'agit de la première visite d'un haut responsable russe à Washington depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, alors que le président américain Donald Trump affirme vouloir trouver une issue en négociant avec Moscou.

Elle survient au lendemain de l'annonce par M. Trump de droits de douane significatifs visant de nombreux pays, mais pas la Russie, déjà soumise à des sanctions américaines en raison de la guerre et qui n'est officiellement plus un partenaire commercial important selon Washington.

« Les 2 et 3 avril (...), je dois tenir des réunions à Washington avec des représentants de l'administration du président Donald Trump », a annoncé Kirill Dmitriev sur Telegram. 

Des médias américains ont annoncé son arrivée sur le sol américain dès mercredi, mais la Maison Blanche n'a pas confirmé sa venue à ce stade. Il n'a pas été précisé s'il s'était déjà entretenu avec des représentants américains.

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a refusé de donner « des détails » de ce déplacement organisé « sur instruction du président » Vladimir Poutine. Le patron du puissant Fonds souverain russe, M. Dmitriev, ne s'exprime pas sur les discussions en cours concernant l'Ukraine.

Dans son communiqué, il a jugé « crucial pour le monde entier » le « dialogue » entre Moscou et Washington, tout en reconnaissant que son « rétablissement (...) n'est pas un processus facile ». « Mais chaque réunion, chaque conversation franche, nous permet d'avancer », a-t-il assuré.

De son côté, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a qualifié de « dynamique » le dialogue avec les États-Unis « sur les irritants » qui dure depuis plusieurs semaines, évoquant « quelques progrès » mais « pas de percées » à ce stade. 

- Trump « furieux » -

Les sanctions américaines visant l'économie russe et les perspectives de coopération économique devraient ainsi figurer au programme des discussions.

Le 13 mars dernier, c'était Steve Witkoff qui s'était déplacé en personne à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine au Kremlin. Sa visite n'avait toutefois pas permis d'aboutir à une trêve sans conditions des combats en Ukraine, comme le proposait Donald Trump et comme le validait le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Depuis, le locataire de la Maison Blanche s'est dit « très énervé, furieux » contre son homologue russe, après que Vladimir Poutine eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans M. Zelensky, dans le cadre du processus de paix. 

Dans la foulée, il a menacé la Russie de sanctions secondaires visant son pétrole si Moscou et Washington ne parvenaient pas à un accord rapide sur la question ukrainienne. 

Kirill Dmitriev est, lui, personnellement sous sanctions américaines depuis 2022 et a dû obtenir une suspension temporaire de ces restrictions pour obtenir un visa et se rendre aux États-Unis.

Il figurait parmi les négociateurs russes lors des pourparlers russo-américains qui se sont tenus le 18 février en Arabie saoudite, première rencontre de ce genre entre Russes et Américains, quelques jours après le premier appel officiel entre Vladimir Poutine et Donald Trump depuis le retour de ce dernier à la Maison Blanche en janvier.

Fin février, une autre réunion russo-américaine a eu lieu à Istanbul concernant le travail des ambassades, après de multiples expulsions de diplomates des deux côtés depuis plusieurs années.

Né à Kiev sous l'URSS, Kirill Dmitriev connaît très bien les États-Unis où il a fait carrière. Il a travaillé auparavant pour la banque Goldman Sachs à New York, ainsi qu'au sein du cabinet de conseil McKinsey. Il est diplômé de l'université de Stanford et de la prestigieuse Harvard Business School.

Dans les années 2000, il a dirigé une division du fonds d'investissement USA-Russie, mis en place en 1995 par le président américain Bill Clinton pour dynamiser l'économie russe, alors en proie à des difficultés.