Huwaida Arraf ne ménage pas ses efforts pour tenter de remporter l’investiture démocrate dans le 10e district. Ce dernier, nouvellement créé dans le Michigan est divisé presque à parts égales entre les électeurs républicains et démocrates. Par conséquent, si Mme Arraf parvient à remporter les primaires démocrates du mois d’août, elle aura de bonnes chances de renforcer la voix arabe au Congrès.
Le district abrite également une importante communauté chaldéenne, des chrétiens du Moyen-Orient qui, s’ils ne se considèrent pas comme arabes, partagent la même culture et parlent la même langue. Cette communauté pourrait donner à Mme Arraf l’avantage dont elle a besoin pour permettre aux démocrates de remporter le district.
Si elle parvient à vaincre ses quatre autres concurrents démocrates lors des primaires, son rival républicain lors de l’élection de novembre sera probablement John James, qui a remporté l’investiture de son parti pour le Sénat américain en 2020 dans le Michigan, mais qui a perdu contre Gary Peters avec moins de 93 000 voix sur les 5,4 millions exprimées dans un champ de sept candidats.
Le principal obstacle auquel la candidate démocrate se trouve confrontée réside dans le fait qu’il s’agit d’une élection de mi-mandat et que, traditionnellement, ces élections sont dominées par le parti politique qui ne contrôle pas la Maison Blanche. Cette fois, les républicains devraient avoir l’avantage. Toutefois, cela pourrait être différent dans le Michigan, qui affiche un soutien croissant pour les démocrates.
Donald Trump a remporté cet État de justesse lors de l’élection présidentielle de 2016, battant Hillary Clinton de seulement 0,23%, soit environ 10 000 voix sur près des 6 millions exprimées. En 2020, Joe Biden a remporté le Michigan devant Trump avec une marge nettement plus importante – 2,8% –, ce qui montre que l’État semble pencher davantage vers les démocrates.
Dans des circonstances normales, voilà qui mettrait la candidate démocrate en très bonne position pour remporter le siège au Congrès – mais les circonstances ne sont pas normales.
Si la course au 10e district portait sur des questions traditionnelles, l’accent serait mis sur la lutte contre la criminalité, la montée en flèche des prix de l’essence, l’effondrement de l’économie, les soins de santé et l’amélioration de l’éducation. Mais Huwaida Arraf est une Américaine d’origine palestinienne. Elle est devenue la cible d’une vicieuse campagne de diffamation de la part d’une coalition nationale d’extrémistes pro-Israël et anti-arabes qui ont versé des centaines de milliers de dollars dans la caisse de campagne de John James. Ce financement essentiellement extérieur a donné à ce dernier un avantage de quatre contre un sur Mme Arraf en termes de financement, ce qui signifie qu’il peut mener une campagne électorale plus robuste.
Mme Arraf a déjà été accusée par des dirigeants juifs extrémistes d’être «antisémite» et même «terroriste» en raison de sa longue histoire de lutte pour les droits civils des Palestiniens en Israël et dans les territoires occupés. Elle est cofondatrice de l’International Solidarity Movement, qui cherche à obtenir un soutien mondial pour les droits humains des Palestiniens. Elle a également participé à l’organisation qui a pour nom la «flottille de la liberté pour Gaza» en 2010 afin de contester le blocus illégal imposé par Israël aux deux millions de civils qui vivent dans la bande de Gaza. Dix civils ont été tués lorsque la flottille a été attaquée par l’armée israélienne.
Mme Arraf est une militante des droits de l’homme et tous les électeurs, y compris les Chaldéens, peuvent compter sur elle pour défendre leurs droits. Elle pourrait se faire l’écho de leurs besoins et de ceux de toutes les autres circonscriptions du district.
Le fait que son mari soit juif discrédite les gens qui la taxent d’antisémitisme. Ces attaques sont fondées sur le principe erroné selon lequel toute critique du gouvernement israélien est antisémite. Ce n’est pas le cas. Le gouvernement d’Israël est un gouvernement étranger. Il n’est pas américain. Il a été accusé d’avoir tué de nombreux Américains, dont trente-quatre soldats, à bord de l’USS Liberty le 8 juin 1967.
Comme un grand nombre de Palestiniens et d’Arabes, Mme Arraf souhaite qu’Israël respecte les lois internationales. C’est une avocate spécialisée dans les droits civils, ce que les électeurs afro-américains du district sont susceptibles d’apprécier. M. James, qui est afro-américain, a repris l’entreprise familiale.
Le message de Mme Arraf aux électeurs porte avant tout sur ce qui les préoccupe: mettre fin à l’influence de l’argent sur la politique; fournir à tous des soins qui ne soient pas liés à l’emploi ou au revenu; assurer la pureté de l’air et de l’eau; faire payer les entreprises polluantes; lutter contre l’inflation en produisant dans le pays; empêcher les prix excessifs, soutenir les familles qui travaillent; enfin, protéger les communautés en adoptant des lois sur la sécurité des armes à feu et en investissant dans la santé mentale.
La candidate palestino-américaine est devenue la cible d’une vicieuse campagne de diffamation de la part d’une coalition nationale d’extrémistes pro-Israël et anti-arabes
Ray Hanania
En ce qui concerne la Palestine, le message de Mme Arraf est simple: liberté, droits de l’homme, dignité et égalité pour tous. «Ces droits sont refusés aux Palestiniens par le gouvernement israélien, qui occupe et colonise les terres palestiniennes, pratique l’apartheid et commet des crimes de guerre. Les contribuables américains ne devraient pas payer pour cela», déclare-t-elle.
C’est un message auquel les électeurs peuvent facilement s’identifier; il s’élève au-dessus de l’agitation extérieure et des mensonges des extrémistes pro-Israël, qui utilisent les fonds de campagne pour saper la lutte pour les droits en Palestine et au Moyen-Orient.
Ray Hanania est un ancien journaliste et chroniqueur politique plusieurs fois primé à l'hôtel de ville de Chicago. Il peut être contacté sur son site Internet personnel à l'adresse www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com