WASHINGTON: Cruciales pour lutter contre le changement climatique, les énergies renouvelables le sont aussi pour la sécurité nationale, comme le montre l'invasion russe de l'Ukraine, a assuré vendredi Joe Biden à une conférence des grandes économies sur le sujet.
Le président américain avait convoquée cette réunion virtuelle, rassemblant 23 pays mais avec de grands absents, en pleine crise énergétique.
M. Biden, en difficulté aux Etats-Unis face à l'inflation galopante notamment tirée par la hausse des prix du carburant, répète depuis des semaines que la Russie et son invasion de l'Ukraine sont les premières responsables de cette crise qui a vu sa cote de popularité déjà en berne plonger vers de nouveaux abysses.
"L'attaque brutale et non provoquée de la Russie contre sa voisine, l'Ukraine, a alimenté une crise énergétique mondiale et rendu encore plus clair le besoin d'atteindre une sécurité énergétique fiable et de long terme", a-t-il dit en ouverture de ce forum auquel il a convié les principales économies du monde mais auquel ni l'Inde, émettrice majeure, ni la Russie ne participent.
Et, nouvelle illustration des difficultés diplomatiques compliquant la coopération internationale dans la lutte contre la crise climatique, la Chine n'y est représentée que par son émissaire sur le climat, et non par son président Xi Jinping, a précisé la Maison Blanche.
Objectifs pas incompatibles
Disant craindre que les objectifs de limitation du réchauffement "n'échappent à notre portée", Joe Biden a prévenu vendredi que "la fenêtre d'action se (refermait) rapidement".
Malgré l'apparente contradiction entre les tentatives actuelles d'augmenter la production d'hydrocarbures pour faire baisser les coûts à la pompe et la nécessité de lutter contre la crise climatique, le dirigeant américain a assuré que ces objectifs, ainsi que celui de mettre un terme à la dépendance aux exportations de gaz et pétrole russes, n'étaient pas nécessairement incompatibles.
C'est la troisième fois que Joe Biden réunit le Forum des grandes économies sur le climat et l'énergie (MEF).
Cette conférence "s'inscrit dans le cadre des efforts du président pour utiliser tous les moyens dont il dispose pour s'attaquer à la crise climatique mondiale, répondre de façon urgente à la hausse des prix exacerbée par la guerre russe en Ukraine et mettre les Etats-Unis et leurs alliés sur la voie de la sécurité énergétique et alimentaire durable", expliquait peu avant un responsable américain.
Il devait s'agir de la plus grande réunion sur le sujet de dirigeants avant la prochaine conférence climat de l'ONU, en novembre en Egypte.
«Révolution»
Egalement convié, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a lancé une attaque en règle contre l'industrie des combustibles fossiles, l'accusant de tenir "l'humanité à la gorge" et d'avoir "exploité les mêmes tactiques scandaleuses que l'industrie du tabac des décennies auparavant".
"Je compte sur vos gouvernements pour mettre fin à l'ère des énergies fossiles. La révolution des énergies renouvelables commence maintenant", a lancé le chef des Nations unies aux dirigeants participant au sommet.
Un appel qui risque de se heurter à la difficile réalité économique pour Joe Biden: les Américains paient actuellement en moyenne 5 dollars le gallon (3,78 litres) d'essence, contre 3 dollars un an plus tôt, une configuration catastrophique pour le démocrate à quelques mois d'élections cruciales.
Lors d'une précédente édition du MEF en septembre 2021, les Etats-Unis et l'Union européenne avaient promis de réduire leurs émissions de méthane, un gaz à effet de serre, et cet engagement avait été repris lors de la COP26 par 115 pays mais pas par la Chine, la Russie, ou l'Inde.
Une réduction des émissions de méthane, responsable d'environ 30% du réchauffement de la planète, est cruciale pour permettre de respecter les objectifs de l'accord de Paris de limiter le réchauffement bien en dessous de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible +1,5°C.