Les derniers développements relatifs au programme nucléaire iranien indiquent que le régime de Téhéran a très probablement décidé de tout mettre en œuvre pour développer une capacité d'armement atomique.
Tout d'abord, bien que le Guide suprême, Ali Khamenei, continue d'affirmer que son gouvernement n'a aucun intérêt à développer des armes nucléaires et que le programme nucléaire iranien a été conçu à des fins pacifiques dès le départ, plusieurs révélations indiquent le contraire.
Certains dirigeants iraniens ont reconnu que le programme nucléaire du régime a toujours été conçu pour fabriquer des armes atomiques. Par exemple, l'ancien vice-président du Parlement iranien Ali Motahari a déclaré au mois d’avril: «Dès le début, lorsque nous nous sommes lancés dans l'activité nucléaire, notre objectif était de fabriquer une bombe et de renforcer les forces de dissuasion, mais nous n’avons pas réussi à conserver le secret sur cette question.»
En outre, l'ancien chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Fereydoun Abbassi Davani, a été le premier responsable iranien à admettre que son travail faisait partie d'un «système» conçu pour développer des armes nucléaires. Il a affirmé: «Lorsque la croissance globale du pays a commencé à impliquer des satellites, des missiles, des armes nucléaires et qu'elle a atteint de nouveaux seuils de connaissance, la question est devenue plus sérieuse pour eux.»
Par ailleurs, si nous examinons de près le dossier nucléaire du régime iranien, il devient évident que le secret et les activités clandestines ont toujours été des éléments importants du programme nucléaire du régime. Si le programme nucléaire iranien était réellement mis en place à des fins pacifiques, les dirigeants du pays auraient dévoilé l’ensemble des sites nucléaires et reçu une assistance technologique, comme le prévoit le traité de non-prolifération auquel l'Iran adhère toujours.
L'une des questions les plus alarmantes est que, ces derniers mois, l'establishment théocratique a restreint la capacité des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à surveiller ses activités nucléaires. Plus récemment, l'Iran a commencé à désactiver vingt-sept caméras. Juste avant cette mesure, les autorités avaient désactivé deux caméras de surveillance des Nations unies.
Ces décisions interviennent à un moment critique, alors que le régime iranien s'est considérablement rapproché de son statut d'État nucléaire. La semaine dernière, l'AIEA a reconnu que l'Iran n'était qu'à quelques semaines de disposer d'une «quantité significative d'uranium enrichi». Par cette déclaration, l'agence faisait référence à «la quantité approximative de matériel nucléaire avec laquelle la possibilité de fabriquer un dispositif explosif nucléaire ne peut être exclue».
En outre, les dirigeants iraniens refusent toujours de fournir des explications sur les sites nucléaires non déclarés identifiés par l'AIEA. Le directeur général de cette organisation, Rafael Grossi, a prévenu: «Nous devons nous réunir de toute urgence, si possible, pour voir comment traiter cette affaire. L'Iran n'a pas fourni d'explications techniquement crédibles au sujet des découvertes faites par l'agence sur trois sites non déclarés en Iran.»
Le secret et les activités clandestines ont toujours été des éléments importants du programme nucléaire du régime.
Dr Majid Rafizadeh
Au cours des deux dernières décennies, ce n’est que lorsque des sanctions économiques drastiques ont été imposées que le régime iranien aurait ralenti ou accepté de freiner son avancée nucléaire. Ces dernières menacent la mainmise des religieux au pouvoir et obligent ainsi les dirigeants à recalculer leurs priorités politiques. Par exemple, les quatre séries de sanctions imposées par les Nations unies avant l'accord nucléaire de 2015 étaient importantes, car les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des nations unies étaient de la partie. Les sanctions ont mis en danger l'emprise du clergé au pouvoir et elles ont finalement amené les dirigeants iraniens à la table des négociations entre 2013 et 2015.
Cependant, les sanctions unilatérales américaines actuellement en vigueur ne semblent pas affecter la principale source de revenus du régime iranien – les exportations de pétrole – de manière aussi significative. Le régime n'a cessé d'augmenter ses exportations de pétrole au cours de l'année dernière et il a désormais presque atteint les niveaux d'avant les sanctions. En réalité, le président Ebrahim Raïssi, qui a pris ses fonctions au mois d’août 2022, a déclaré lors d'une interview en direct sur la télévision d'État le mois dernier: «Les ventes de pétrole ont doublé. Nous ne sommes pas inquiets pour les ventes de pétrole.» L’une des raisons qui expliquent cette affirmation vient du fait que la Chine, malgré les sanctions américaines, a acheté une quantité record de pétrole à l'Iran.
Tous les signes indiquent que le régime iranien semble vouloir se doter de l'arme nucléaire. S'il y parvient, les conséquences sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient, et au-delà, seront importantes. Il est impératif que la communauté internationale agisse immédiatement.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.