Il incombe aux grandes puissances qui composent le P5+1 d’envoyer un ultimatum au régime iranien: signer l’accord sur le nucléaire ou faire face à un plan B.
Le régime iranien poursuit en effet le développement de son programme nucléaire. La semaine dernière, il a décidé de désactiver deux caméras de surveillance des Nations unies. La télévision d'État iranienne a rapporté que le gouvernement iranien a désactivé « les caméras du système de mesure en ligne de l'enrichissement […] ainsi que le débitmètre». Le régime iranien empêche ainsi le chien de garde nucléaire de l'ONU, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), de surveiller ses activités nucléaires, notamment l'enrichissement de l'uranium et l'utilisation de centrifugeuses.
Les autorités iraniennes soutiennent encore et toujours que la vocation de leur programme nucléaire est pacifique et qu’il ne sert pas à fabriquer une bombe atomique. Mais si cette affirmation est fondée – et si le régime n'a rien à cacher au sujet de son programme et de ses activités nucléaires –, pourquoi a-t-il débranché les caméras de surveillance placées par les Nations unies?
En effet, Téhéran a enrichi une importante quantité d'uranium à 60% de pureté; d’un point de vue technique, il ne reste qu'un petit pas à faire pour atteindre 90% de pureté, le niveau requis pour fabriquer une arme nucléaire. Cette démarche a incité la semaine dernière la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni à avertir que les actions du gouvernement iranien «alimentaient la méfiance sur ses intentions».
Inutile de s'attendre à ce que la Russie et la Chine fassent pression sur le gouvernement iranien pour qu'il coopère avec l'AIEA ou suspende ses activités nucléaires tant qu'un accord nucléaire n'aura pas été conclu. De plus, les dirigeants iraniens se sont montrés peu enclins à limiter leurs activités et leurs avancées en matière nucléaire. Ils ont notamment manifesté cette réticence lors des dernières négociations à Vienne.
Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne doivent donc envoyer ce message explicite au régime iranien: il se trouve dans l’obligation de conclure un accord nucléaire efficace, sous peine de payer le prix de son refus.
La conclusion d'un accord exige que le gouvernement iranien cède à ses exigences insensées et inutiles qui entravent considérablement la conclusion d'un accord avec les puissances mondiales. Parmi ces revendications illusoires, le régime iranien réclame que le Corps des gardiens de la révolution islamique soit retiré de la liste des organisations terroristes à l'étranger établie par les États-Unis. Cette condition ne relève pas des obligations de l'accord nucléaire initial conclu en 2015 (le Plan d'action global conjoint, ou PAGC). La désignation du Corps des gardiens de la révolution islamique n’est pas imputable au programme nucléaire de l'Iran et encore moins au PAGC. Elle est due aux activités terroristes de ce groupe, notamment son implication dans le financement et l'entraînement de groupes terroristes et de milices au Moyen-Orient.
En effet, l'accord sur le nucléaire devrait mettre un terme définitif au programme nucléaire iranien, supprimer le risque d'une course aux armements nucléaires dans la région et écarter la menace stratégique que représenterait la possession de la bombe atomique par ce pays aux ambitions hégémoniques; dans le cas contraire, on assisterait à un bouleversement de l'équilibre des forces.
L'accord nucléaire ne devrait pas non plus comporter de clauses qui le rendraient caduc. Ces dernières permettraient au régime iranien de reprendre l'enrichissement de l'uranium au niveau qu'il souhaite une fois terminée la période spécifiée dans l'accord.
Il convient également de restreindre le programme de fabrication des missiles balistiques par l’Iran qui est associé à son programme nucléaire. La communauté internationale a constaté que le nombre de ces missiles lancés par le régime iranien a considérablement augmenté après la conclusion de l'accord nucléaire de 2015, en dépit des dispositions de la résolution 1929 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui stipulent ce qui suit: «L'Iran s'abstient de toute activité liée aux missiles balistiques qui peuvent porter des armes nucléaires, même les tirs qui font appel à la technologie des missiles balistiques, et les États s'engagent à agir par tous les moyens nécessaires pour prévenir le transfert à l'Iran de technologies ou d'assistance technique liées à ces activités.»
Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne doivent donc envoyer ce message explicite au régime iranien: il se trouve dans l’obligation de conclure un accord nucléaire efficace, sous peine de payer le prix de son refus.
Dr Majid Rafizadeh
Si, dans les semaines à venir, le régime iranien refuse de signer l'accord sur le nucléaire qui contient ces dispositions, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne devront immédiatement passer au plan B. Le régime doit comprendre sans ambiguïté que les interventions militaires contre ses sites nucléaires seront envisagées dans le cadre de ce plan B. La communauté internationale doit interdire au régime des mollahs de se doter d'armes nucléaires. Prendre pour cibles les installations nucléaires du régime ralentirait sa progression vers l'armement nucléaire, sans pour autant l'en empêcher définitivement. Ce plan B devrait également prévoir le rétablissement des quatre cycles de sanctions onusiennes qui ont été levées en 2015 après la signature du PAGC.
Une seule solution s'offre à la communauté internationale: lancer un ultimatum au régime iranien selon lequel on recourra au plan B si Téhéran refuse de conclure un accord nucléaire concret.
Dr. Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard.
Twitter: @Dr_Rafizadeh.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com