BEYROUTH: Une trentaine d'ONG ont appelé mardi au renouvellement de l'autorisation transfrontalière permettant d'acheminer de l'aide humanitaire au nord de la Syrie, dans une lettre ouverte au Conseil de sécurité de l'ONU.
Le point de passage de Bab al-Hawa à la frontière syro-turque est le seul par lequel les secours de l'ONU peuvent être acheminés vers la région d'Idleb tenue par les rebelles sans passer par les zones contrôlées par le régime syrien.
L'autorisation pour ce point de passage en vigueur depuis 2014 arrive à expiration le 10 juillet et nécessitera un vote du Conseil de sécurité, début juillet, lors duquel la Russie, soutien de Damas, menace d'opposer son veto.
"L'ampleur de la crise exige une nouvelle autorisation de l'assistance transfrontalière pour un minimum de 12 mois. L'inverse indiquerait aux Syriens que le Conseil est prêt à accepter des souffrances et des pertes de vie inutiles", indique la lettre envoyée à l'ONU et consultée par l'AFP.
Par ce lieu ont transité l'an dernier près de 10 000 camions chargés d'aide humanitaire à destination de la région d'Idleb, ultime bastion djihadiste et rebelle de Syrie où vivent environ trois millions de personnes dans des conditions précaires.
Pour les observateurs, Moscou cherche à faire du maintien de cet accès humanitaire une monnaie d'échange dans le contexte de la guerre en Ukraine.
La lettre a été signée par 32 ONG, dont le Conseil norvégien pour les réfugiés, le Comité international de secours, Save the Children et Oxfam International.
"Les crises convergentes et les chocs économiques, notamment la sécheresse, l'inflation, l'effondrement économique dans les pays voisins et la pandémie de Covid-19, ont aggravé une situation humanitaire déjà désastreuse", poursuit la lettre.
"En conséquence, plus de 14,6 millions de Syriens dépendent aujourd'hui de l'aide humanitaire pour survivre, dont 4,1 millions de personnes vivant dans le nord-ouest qui dépendent largement de l'aide humanitaire transfrontalière ".
La Russie a déjà fait savoir le 20 mai, par son ambassadeur adjoint à l'ONU, Dmitry Polyanskiy, qu'elle ne voit pas "de raisons de poursuivre ce dispositif" qui "viole la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie".
Plus de 80% de la population du nord-ouest de la Syrie dépend de ce dispositif pour sa survie, selon l'ONU.
Les ONG qui fournissent l'aide humanitaire hésitent à passer par les zones sous contrôle du régime syrien, toujours sous sanctions, pour acheminer les aides.