Kani, légende du théâtre, revisite le destin de l'Afrique du Sud avec Shakespeare

L'acteur de théâtre et de cinéma sud-africain John Kani, 79 ans, qui est également auteur, metteur en scène et dramaturge, pose pour un portrait dans les coulisses du Johannesburg Theatre de Johannesburg, le 3 juin 2022 (AFP)
L'acteur de théâtre et de cinéma sud-africain John Kani, 79 ans, qui est également auteur, metteur en scène et dramaturge, pose pour un portrait dans les coulisses du Johannesburg Theatre de Johannesburg, le 3 juin 2022 (AFP)
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Publié le Dimanche 12 juin 2022

Kani, légende du théâtre, revisite le destin de l'Afrique du Sud avec Shakespeare

  • La dernière production de John Kani, «Kunene et le Roi», a été lancée avec la Royal Shakespeare Company, l'une des troupes de théâtre britanniques les plus célèbres du Royaume-Uni
  • Elle reprend aujourd'hui sa tournée en Afrique du Sud, que le Covid et son cortège de fermetures de théâtres avait interrompue

JOHANNESBURG, Afrique du Sud : Quand John Kani a débuté sa carrière dans les années 1960, il avait pour seule scène une fosse à serpents vide au bord d'un musée sud-africain fermé.

Aujourd'hui, sa dernière production, «Kunene et le Roi», a été lancée avec la Royal Shakespeare Company, l'une des troupes de théâtre britanniques les plus célèbres du Royaume-Uni, et jouée dans le West End, le quartier des grands théâtres de Londres.

Elle reprend aujourd'hui sa tournée en Afrique du Sud, que le Covid et son cortège de fermetures de théâtres avait interrompue.

John Kani a commencé à l'imaginer en 2018, en prévoyant de fêter «l'année suivante le 25e anniversaire de la démocratie en Afrique du Sud» et de «l'avènement de la nouvelle nation arc-en-ciel, non raciale et non-sexiste», explique le comédien, âgé de 79 ans.

La pièce met en scène Lunga Kunene, un infirmier noir d'âge mûr chargé de s'occuper d'un acteur blanc en train de mourir d'un cancer du foie, mais déterminé à vivre assez longtemps pour pouvoir jouer une dernière fois le rôle du vieux Roi Lear de Shakespeare.

«Je voulais créer une intrigue qui force l'un à ne pas pouvoir survivre sans l'autre», explique John Kani. Une pièce de théâtre sur le théâtre, irriguée par Shakespeare.

«Je me suis soudain retrouvé pris dans l'histoire de ces deux hommes, venus de camps opposés et qui voient l'Afrique du Sud différemment, et que seul l'amour de Shakespeare peut rapprocher». «Voilà comment le Roi Lear s'est retrouvé tissé dans leur histoire».

Les deux personnages déclament la tragédie shakespearienne, mettant en exergue le combat de Lear avec la mort. Dont des vers de Jules César, tirées de la pièce originale et d'une traduction en xhosa, la langue maternelle de Kani, qu'il avait jouée à l'école en 1959.

Dans la tournée en cours, Kani joue avec le prolifique acteur sud-africain Michael Richard.

«Lear apprend l'humanité au fil de la pièce», explique ce dernier. «Dans cette adaptation, mon personnage apprend l'humanité, comme l'a fait d'une certaine manière l'Afrique du Sud».

- De Mandela à Marvel -

La tragédie portée par la pièce de Kani est contre toute attente devenue réalité.

Dans la production britannique, il partageait l'affiche avec l'acteur sud-africain anobli Anthony Sher, spécialiste de Shakespeare. Et Sher est mort en décembre d'un cancer du foie, la même maladie qui finit par emporter son personnage dans la pièce de Kani. Son jeune frère était lui aussi mort d'un cancer du foie en 2019, au moment où la pièce se montait.

Tragique, la pièce n'en est pas moins parfois très drôle, et fera peut-être redécouvrir Kani à ses jeunes fans qui le connaissent surtout pour avoir joué le père de la Panthère Noire, un super-héros Marvel, en 2018, ou prêté sa voix au shaman mandrill Rafiki dans le remake du Roi Lion en 2019.

Mais en Afrique du Sud, il est surtout une légende du théâtre protestataire. Sa pièce des années 1960 dans la fosse aux serpents l'a amené à collaborer avec Athol Fugard, considéré comme l'un des plus grands auteurs de théâtre nationaux.

Ils ont défié les lois de ségrégation sous l'apartheid en se rencontrant en secret, en organisant des répétitions dans des classes ou garages, sous le harcèlement constant de la très redoutée police.

Ils se sont baptisés les comédiens du Serpent, jouant des classiques comme Antigone dans la fosse aux serpents d'un musée délaissé.

Au début des années 1970, Kani, Fugard et un autre comédien, Winston Ntshona, ont écrit de nouvelles pièces révélant la cruelle réalité de la vie sous l'apartheid.

En 1975, Kani et Ntshona ont gagné un Tony - l'oscar du théâtre - pour «Sizwe Banzi est mort», une pièce qu'ils ont jouée à New York.

Les trois acteurs ont également écrit «L'Ile» sur les conditions de détention à Robben Island, où Nelson Mandela et d'autres militants anti apartheid ont été emprisonnés.

Aujourd'hui, le théâtre sud-africain survit comme il le peut, avec un taux d'occupation des salles toujours limité à 50% par les mesures anti Covid.

Après cette pandémie et ses effets meurtriers à travers le monde, le public reçoit «Kunene et le Roi» d'une manière un peu différente, note Kani.

Avec le Covid, les gens «comprennent le processus» de la maladie et de la mort, dit-il. «Les Africains ont un grand respect pour la mort. Et s'ils comprennent le parcours (vers la mort), ils la voient comme la suite de la vie».


La durabilité à l’honneur à Médine pour la Journée mondiale des sols

Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
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  • Médine renforce ses efforts de conservation des sols face à la salinisation et au changement climatique grâce à des programmes durables et une meilleure gestion des ressources
  • La Journée mondiale des sols rappelle l’importance de protéger le patrimoine agricole et de soutenir les objectifs environnementaux de la Vision 2030

MÉDINE : Médine s’est jointe au monde pour célébrer la Journée mondiale des sols le 5 décembre, mettant en lumière l’importance de la conservation des sols pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La journée revêt une importance particulière à Médine en raison de sa riche histoire agricole, de la diversité de ses sols — allant de l’argile au sable en passant par les formations volcaniques Harrat — et de son lien historique avec la production de dattes.

Le sol de la région fait face à plusieurs défis, notamment la salinisation due à un déséquilibre de l’irrigation et au changement climatique, ajoute la SPA.

Les autorités y répondent par des programmes de protection des sols, l’amélioration des techniques d’irrigation et la promotion de pratiques agricoles durables.

Le sol joue un rôle essentiel dans la purification de l’eau, agissant comme un filtre naturel. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est une période opportune pour préparer les sols en vue du printemps, étendre les cultures et favoriser les récoltes, rapporte la SPA.

Le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture à Médine met en œuvre des initiatives visant à améliorer l’efficacité des ressources, renforcer la sensibilisation des agriculteurs et lutter contre la désertification. Les agriculteurs contribuent également en utilisant des fertilisants organiques et en recyclant les déchets agricoles.

La Journée mondiale des sols souligne la nécessité d’une collaboration entre les organismes gouvernementaux, les agriculteurs et les parties prenantes pour assurer la durabilité des sols, préserver le patrimoine agricole et soutenir les objectifs de développement durable de la Vision 2030.

Approuvée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture en 2013, la Journée mondiale des sols vise à sensibiliser au rôle crucial des sols dans la santé des écosystèmes et le bien-être humain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le rappeur français Jul, toujours champion du streaming en 2025, sort un double album

Jul, photo X, compte du rappeur.
Jul, photo X, compte du rappeur.
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  • Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril
  • Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026

PARIS: Numéro 1 des artistes les plus streamés dans l'Hexagone en 2025, le rappeur français Jul, originaire de Marseille (sud-est), sort vendredi "TP sur TP", un double album enregistré à Paris contenant des duos éclectiques, de Naza au groupe corse I Muvrini.

"Je fais tout à l'instinct, tout sur l'esprit du moment", confie Jul dans le documentaire qui accompagne cette sortie, disponible sur YouTube.

Le film plonge dans les coulisses de la création du disque lors de sessions d'enregistrement nocturnes dans un studio parisien, où il dit être venu chercher "une autre inspiration".

"J'ai toujours fait des bons albums avec la grisaille", sourit "le J", loin de Marseille, la ville dont il est devenu un emblème jusqu'à être, à l'arrivée de la flamme olympique sur le Vieux-Port en provenance de Grèce, l'un des premiers porteurs français des Jeux de Paris en 2024.

En une quinzaine de jours, cet artiste prolifique - une trentaine d'albums, au moins deux nouveautés par an depuis 2014 -, a bâti un double opus de 32 morceaux, via son label indépendant D'or et de platine.

"J'essaie d'innover, j'essaie de faire ce que j'aime", lâche le rappeur de 35 ans.

Le titre de l'album, "TP sur TP", s'inscrit dans son univers: "TP" signifie "temps plein", en référence au volume horaire des dealers et autres petites mains d'un trafic qui gangrène la cité phocéenne.

A ses yeux, sa musique n'évoque "que de la réalité", des instants de vie "que ce soit dans la trahison, que ce soit dans les joies, les peines". Comme des photos qui défilent sur un téléphone, "mes sons, c'est mes souvenirs à moi", compare-t-il dans le documentaire.

Parmi les duos figurent son ami Naza, la star américaine des années 2000 Akon ("Lonely") ou encore le trublion catalan du rap Morad.

Jul rend aussi hommage à ses racines familiales corses, avec "A chacun sa victoire", titre où il conte l'espoir aux côtés du célèbre groupe I Muvrini, et dans une autre chanson avec Marcu Antone Fantoni.

Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril. Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026.

En parallèle, son règne sur le classement des artistes les plus écoutés en streaming en France se poursuit: en 2025, il reste numéro 1 pour la cinquième année consécutive sur Spotify et la sixième année d'affilée sur Deezer, selon les données de ces plateformes publiées cette semaine.


A Notre-Dame de Paris, plus de 11 millions de visiteurs un an après la réouv

Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
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  • Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de visiteurs, dépassant largement sa fréquentation d’avant l’incendie
  • De nouveaux travaux extérieurs sont prévus au-delà de 2030, poussant l’établissement public à lancer un nouvel appel aux dons

PARIS: Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de personnes, qui se pressent pour admirer la pierre blonde et le mobilier épuré de l'édifice victime d'un incendie géant en 2019.

Le 7 décembre 2024, la cathédrale était rouverte après plus de cinq ans de travaux, en présence de chefs d’État dont Emmanuel Macron et Donald Trump, lors d'une cérémonie retransmise en mondovision.

Un an plus tard, "la cathédrale a accueilli plus de 11 millions de visiteurs venus du monde entier", soulignent ses responsables.

Maria Vega, Colombienne de 22 ans, n'envisageait pas un voyage à Paris sans passer par Notre-Dame. "C'est particulièrement important pour moi qui me suis récemment réengagée dans l'Eglise", explique la jeune femme qui s'émerveille d'une restauration "très précise": "La beauté et la simplicité sont frappantes."

Dany Tavernier, 55 ans, venue de Seine-et-Marne avec sa famille, visite pour la première fois la cathédrale restaurée: "C'est magnifique, on voudrait en voir plus, comme la +forêt+ de la charpente", dit-elle à la sortie de l'édifice.

La cathédrale a dépassé ses niveaux de fréquentation (estimés autour de 8 à 9 millions d'entrées) d'avant l'incendie du 15 avril 2019, qui avait ravagé la toiture et la charpente de ce chef d'œuvre de l'art gothique du XIIe siècle.

Un chantier titanesque, financé grâce à 843 millions d'euros de dons, a été nécessaire pour restaurer la cathédrale qui ne désemplit pas depuis sa réouverture.

Les files s'étirent toujours sur le parvis, surtout le week-end, mais "aujourd'hui, la queue est tout à fait satisfaisante", assure-t-on à la cathédrale.

Les visiteurs individuels peuvent entrer avec ou sans réservation, et toujours gratuitement, malgré l'idée d'une contribution de 5 euros avancée par la ministre de la Culture Rachida Dati. Une suggestion rejetée par le diocèse de Paris, au nom de la mission d'accueil inconditionnel de l’Église.

- Dons -

Face à l'afflux de visiteurs, on affiche toutefois à Notre-Dame une volonté de "réguler" les entrées, particulièrement pendant les offices, en fonction du nombre de visiteurs déjà présents. "Il est important de bien accueillir, que ce soit agréable pour tous de venir, pour prier et visiter, dans un environnement paisible", ajoute-t-on.

"Quand vous êtes à l'intérieur, vous pouvez vraiment prier, je viens de le faire pendant vingt minutes, vous n'entendez pas les gens autour", assure Melissa Catapang, 39 ans, venue de Dubaï, qui loue "la solennité" de l'endroit.

Car la cathédrale se veut aussi "pleinement lieu de prière" avec plus de 1.600 célébrations organisées cette année, et un véritable essor des pèlerinages: plus de 650, dont un tiers venus de l’étranger.

Il s'agit là d'un phénomène relativement nouveau, des pèlerins venant pour la Vierge, d'autres pour la couronne d'épines - une relique acquise par Saint Louis en 1238 -, d'autres encore mus par "l'espérance, le renouveau, la résilience".

La cathédrale compte poursuivre cette dynamique spirituelle et culturelle.

Jusqu'au 2 février, une crèche provençale d'une cinquantaine de santons est installée.

La couronne d'épines est désormais présentée en ostension tous les vendredis de 15H00 à 18H30 - alors qu'elle n'était jusqu'ici vénérée que le premier vendredi de chaque mois.

Les vitraux contemporains de l'artiste Claire Tabouret seront installés fin 2026 pour remplacer six des sept baies du bas-côté sud de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Mais dès mercredi, des maquettes grandeur nature seront exposées au Grand Palais.

Et s'il reste 140 millions d'euros sur les dons collectés, "il manque encore au moins l'équivalent" pour terminer la restauration d'un édifice qui n'était pas en bon état avant l'incendie, souligne l"établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d'ouvrage de la restauration, qui lance un appel aux dons.

Des travaux sur des parties extérieures "ont été engagés en 2025 et devront être programmés jusqu’au-delà de 2030", ajoute-t-on: après la restauration déjà lancée du chevet, il faudra se pencher sur la sacristie, les trois grandes roses de la cathédrale, les façades nord et sud du transept, le presbytère...

La Fondation Notre Dame espère elle lever 6 millions d'euros.