Bannie depuis 45 ans, la plus célèbre pièce de théâtre du Kenya de retour au pays

Depuis quelques semaines, le théâtre de Nairobi résonne de tirades presque oubliées (Photo, AFP).
Depuis quelques semaines, le théâtre de Nairobi résonne de tirades presque oubliées (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 28 mai 2022

Bannie depuis 45 ans, la plus célèbre pièce de théâtre du Kenya de retour au pays

  • Près de 60 ans après son indépendance de la Grande-Bretagne en 1963, le Kenya reste le lieu d'immenses inégalités
  • L'élection présidentielle prévue en août aura pour principaux candidats deux multimillionnaires

NAIROBI: Depuis quelques semaines, le théâtre de Nairobi résonne de tirades presque oubliées: 45 ans après avoir été interdite et ses deux auteurs -dont le célèbre Ngugi wa Thiong'o- emprisonnés, la pièce la plus connue du Kenya fait son retour au pays.

La dernière représentation de "Ngaahika Ndeenda" ("Je me marierai quand je veux") sur le sol kényan remontait à 1977, interprétée par des ouvriers et paysans de la ville de Limuru, dans le centre du pays. La pièce n'aura été jouée que quelques semaines.

Les comédiens jouent une scène dans une pièce historique qui a été interdite pendant des années, dont le célèbre Ngugi wa Thiong'o, au Centre culturel du Kenya, Nairobi le 26 mai 2022 (Photo, AFP).
Les comédiens jouent une scène dans une pièce historique qui a été interdite pendant des années, dont le célèbre Ngugi wa Thiong'o, au Centre culturel du Kenya, Nairobi le 26 mai 2022 (Photo, AFP).

L'écho rencontré par ce récit évoquant l'exploitation des Kényans ordinaires par l'élite politique et économique du pays a déplu aux autorités, qui ont rapidement interdit la pièce et l'ensemble de l'oeuvre de Ngugi wa Thiong'o. L'écrivain et le co-auteur de la pièce, Ngugi wa Mirii, ont été arrêtés et emprisonnés.

Après un an dans la prison de haute sécurité de Kamiti, Ngugi wa Thiong'o est libéré.

Mais "ils (le gouvernement) m'ont ensuite pratiquement interdit d'obtenir un emploi", raconte-t-il à l'AFP dans une interview depuis la Californie, où il s'est exilé.

Il est revenu au pays en 2004, après que le Kenya a pris un virage démocratique, mais son séjour a tourné court.

Quelques jours après avoir été acclamé à son arrivée à l'aéroport, des hommes armés l'ont passé à tabac et ont violé sa femme dans leur appartement de Nairobi. Il n'a jamais été établi si cette attaque était un cambriolage violent ou si elle avait d'autres motifs.

"La pièce a eu toutes ces conséquences sur ma vie (...) Ma vie ne me laisserait pas l'oublier même si j'essayais", affirme l'auteur de 84 ans.

«Expérience spirituelle»

Né en 1938 dans une famille nombreuse de paysans du centre du Kenya, le plus célèbre écrivain du pays - et régulièrement pressenti pour le Nobel de littérature - a d'abord écrit en anglais.

Sa décision dans les années 1970 d'abandonner l'anglais au profit de sa langue maternelle, le kikuyu, a assis sa réputation d'écrivain engagé dans la défense des langues africaines.

A Nairobi, la pièce «Ngaahika Ndeenda», qui raconte l'histoire d'une modeste famille kényane luttant contre l'accaparement de ses terres par de riches compatriotes, est jouée en kikuyu (Photo, AFP).
A Nairobi, la pièce «Ngaahika Ndeenda», qui raconte l'histoire d'une modeste famille kényane luttant contre l'accaparement de ses terres par de riches compatriotes, est jouée en kikuyu (Photo, AFP).

A Nairobi, la pièce "Ngaahika Ndeenda", qui raconte l'histoire d'une modeste famille kényane luttant contre l'accaparement de ses terres par de riches compatriotes, est jouée en kikuyu, avec également quelques représentations en anglais.

"C'est une expérience spirituelle pour moi d'être sur cette scène", explique le comédien Mwaura Bilal, qui joue le rôle de Kiguunda, un agriculteur qui se bat pour son identité et son lopin de terre.

"Il y a un besoin humain intrinsèque de se relier à ce qu'on est, surtout en Afrique où on nous a appris que l'anglais, le français, l'allemand sont des marques de supériorité, d'intelligence", poursuit ce Kikuyu de 34 ans.

La production de la pièce, jouée jusqu'à fin mai, a nécessité une grande collaboration, souligne le metteur en scène britannique Stuart Nash.

"Ce n'est pas tant la langue qui a compliqué la tâche, mais plutôt le fait que n'étant pas Kényan ou Kikuyu, il y a un sous-texte culturel qui n'est pas toujours évident", explique-t-il. 

L'équipe s'est efforcée de restituer la pièce aussi authentiquement que possible, parsemant la version anglaise de phrases en swahili et les représentations dans les deux langues de chants traditionnels kikuyu.

«Rien n'a changé»

De l'aggravation des inégalités au traumatisme du racisme, les thèmes abordés par les dramaturges restent d'actualité au Kenya, et même au-delà.

Près de 60 ans après son indépendance de la Grande-Bretagne en 1963, le Kenya reste le lieu d'immenses inégalités. L'élection présidentielle prévue en août aura pour principaux candidats deux multimillionnaires.

L'actualité de la pièce n'échappe ni aux comédiens, ni au metteur en scène ni à son auteur.

"Je suis un activiste, je veux voir du changement", affirme Ngugi wa Thiong'o.

"Rien n'a changé", abonde Nice Githinji, qui incarne le personnage de Wangeci, une femme à la recherche d'une vie meilleure pour sa fille. "C'est peut-être pour cela que la pièce a été interdite, pour que rien ne change", estime cette comédienne de 36 ans.

Néanmoins, le retour triomphal au pays de la pièce est en soi source d'optimisme. 

Plus de quatre décennies après que Ngugi wa Thiong'o a pris la décision d'arrêter d'écrire de la fiction en anglais, renverser "la hiérarchie de la langue" reste au coeur de ses efforts pour lutter contre les inégalités.

Les enfants kényans sont toujours punis par les enseignants quand ils parlent leur langue d'origine au lieu de l'anglais à l'école.

"Il est très important d'insuffler la fierté de sa langue", estime Ngugi wa Thiong'o: "J'espère que nous pourrons continuer à lutter pour ce monde. Nous ne devons pas céder."


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).