LA MECQUE: L’université islamique Imam Mohammed ben Saoud (IMSIU) a l’intention de lancer l’année prochaine le premier programme de licence en cinéma et théâtre dans une université saoudienne.
Le prince Saad ben Saoud ben Mohammed al-Saoud, doyen de la Faculté des médias et de la communication, affirme que cette décision est exceptionnelle en raison de son impact direct sur l’industrie du cinéma et du théâtre, et qu’elle est conforme aux coutumes et à la culture saoudiennes.
Le prince Saad indique à Arab News que la Faculté des médias et de la communication de l’IMSIU est l’une des plus grandes facultés du Royaume. Elle est la dernière à lancer de nouveaux départements de médias et à répondre aux nouvelles spécialisations dans ce domaine. Il y a quelques années, la faculté a inauguré le département de marketing et de publicité et le département graphique et multimédia, ainsi que des départements traditionnels tels que le journalisme, la radio et la télévision, et les relations publiques.
La licence en cinéma et théâtre est le programme le plus récent à avoir été lancé, précise-t-il. Ce programme s’inscrit dans le cadre de la Vision 2030 du Royaume sur la qualité de vie, l’importance du divertissement et des arts, et l’investissement dans ces derniers.
Le prince Saad déclare que, selon les dernières statistiques, l’Arabie saoudite figurait parmi les quinze premiers pays au monde en termes de recettes cinématographiques et était le premier pays du Moyen-Orient à réaliser des bénéfices dans le domaine du cinéma. Il décrit le marché du cinéma dans le Royaume comme étant un marché prometteur et très important pour la réalisation des objectifs économiques. Il devrait permettre de réaliser des milliards de riyals saoudiens (1 riyal saoudien = 0,25 euro) de bénéfices et de créer des milliers de possibilités d’emploi pour tous les Saoudiens.
Cet énorme marché était incompatible avec les mesures et les infrastructures académiques des universités saoudiennes. C’est pourquoi la Faculté des médias et de la communication s’est mobilisée pour institutionnaliser cet important domaine académique et économique.
«Nous avons pris des mesures à cet égard pour enseigner, former et diplômer des cadres qualifiés afin qu’ils travaillent dans ces emplois avec des qualifications nationales spécialisées dans ce domaine brut», explique-t-il.
Le prince Saad mentionne que les plus grands experts saoudiens, arabes et internationaux ont été recrutés dans le processus de création. L’un des arbitres les plus importants de ce programme est Andres Vicente Gomez, un producteur de films espagnol à l’origine de nombreux films internationaux, dont Born a King. Le prince Saad ajoute que le programme est structuré et préparé selon les plans d’études les plus modernes et que les meilleurs universitaires saoudiens y travailleraient, notant que certains d’entre eux ont étudié le cinéma dans les plus prestigieuses universités américaines et européennes, et ont présenté leurs films à Hollywood.
«Nous sommes un pays culturel ouvert sur le monde et nous recevons des séries et des films américains, arabes, turcs et coréens qui ne sont pas compatibles avec nos coutumes et notre culture. Nous avons une spécificité culturelle qui nous distingue des autres, ce qui nous a poussé à faire la lumière dans notre vision sur un programme qui traite de la réalisation, du tournage et de l’écriture du scénario», note-t-il.
«C’est ainsi que nous progressons vers la création d’une culture de la conscience qui correspond à cette spécificité afin de produire un film saoudien aux mains de cadres saoudiens qui expriment ce que nous sommes, notre culture, nos aspirations, notre patrimoine et notre identité. Nous visons à exporter tout cela au monde entier pour servir de soft power saoudien à l’étranger et utiliser l’influence culturelle.»
Selon le prince Saad, certaines personnes sont allergiques au mot «cinéma», qui signifie l’image vivante ou cinétique. Au lieu de recevoir de l’étranger des documents et des films qui ne sont pas culturellement compatibles, on pourrait les remplacer par des contenus permettant de diffuser des vertus, des principes et des valeurs morales morales.
La voie du cinéma n’est pas contradictoire avec les valeurs du conservatisme, mais les protège et les présente dans un modèle qui sert la communauté, explique-t-il avant de souligner que l’IMSIU, à sa fondation, était basée sur la charia, les sciences religieuses et la langue arabe, qui sont des disciplines dont «nous sommes fiers». Cependant, l’IMSIU est désormais considérée comme une université prestigieuse et complète qui comprend tous les domaines de spécialisation, notamment la médecine, les sciences, l’ingénierie, l’administration publique et l’informatique.
Le prince Saad estime que la licence en cinéma obtenue à l’IMSIU sera meilleure que celle obtenue de toute autre université, car les étudiants de l’IMSIU seront mieux préparés en ce qui concerne les idéaux, la morale et les principes de la religion islamique, et seront plus en contact avec les sciences religieuses que les autres étudiants. Par conséquent, cela les prépare mieux à servir la religion et la société, et contribuerait à des productions qui donneraient lieu à des programmes historiques et culturels et à des films dignes de l’industrie cinématographique.
«Dès que la faculté a annoncé la création du département de cinéma et de théâtre, les premiers étudiants souhaitant s’inscrire pour la prochaine année universitaire se sont présentés», dit-il.
Le prince Saad ajoute qu’il s’attend à ce que cette industrie contribue de manière positive «au patrimoine et à la culture saoudiens».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com