SINGAPOUR : Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a qualifié samedi de "provocatrice et déstabilisante" l'activité militaire de la Chine près de Taïwan, au lendemain de la mise en garde que lui a adressée son homologue chinois en affirmant que Pékin "n'hésiterait pas à lancer une guerre" si l'île déclarait son indépendance.
"Nous constatons une coercition croissante de la part de Pékin. Nous avons assisté à une augmentation continue de l'activité militaire provocatrice et déstabilisante près de Taïwan", a déclaré M. Austin lors du forum de sécurité "Dialogue de Shangri-la" à Singapour.
Un porte-parole du ministère chinois de la Défense a rapporté vendredi les propos tenus ce jour-là par le ministre Wei Fenghe lors d'une rencontre avec M. Austin en marge de ce forum: "Si quiconque osait séparer Taïwan de la Chine, l'armée chinoise n'hésiterait pas un instant à déclencher une guerre, quel qu'en soit le prix".
Selon le ministère chinois de la Défense, Pékin --qui considère l'île comme partie intégrante de son territoire-- "briserait en mille morceaux" toute tentative d'indépendance.
De son côté, Lloyd Austin a dit à Wei Fenghe que Pékin devait "s'abstenir" de toute nouvelle action déstabilisatrice dans cette région, selon le Pentagone.
Il a "réaffirmé l'importance de la paix et de la stabilité dans le Détroit (de Taiwan), une opposition à des modifications unilatérales du statu quo et a appelé (la Chine) à s'abstenir de toute nouvelle action déstabilisante envers Taïwan", selon la même source.
La Chine estime que cette île de 24 millions d'habitants est l'une de ses provinces historiques, même si elle ne la contrôle pas, et a accru la pression contre Taipei ces dernières années, menant par exemple des campagnes d'incursions dans la zone de défense aérienne de Taïwan.
Le 30 mai, la Chine a ainsi procédé à sa deuxième plus grande incursion de l'année, avec l'entrée, selon Taipei, de trente avions dans la zone d'identification de défense aérienne (Adiz, selon son acronyme en anglais) de l'île, dont 20 chasseurs. Le 23 janvier, 39 avions avaient pénétré dans l'Adiz.