LÉON, Nicaragua: Un trésor d'orfèvrerie liturgique baroque créée par Luigi Valadier, un artiste franco-italien du XVIIIe siècle, est exposé pour la première fois dans son intégralité dans la cathédrale de Leon, à environ 90 km au nord-ouest de la capitale nicaraguayenne.
Le parcours qui a mené jusqu'au Nicaragua ces 25 pièces de cuivre doré ou argenté reste un mystère. Parmi ces objets figure un ostensoir (pour présenter une hostie consacrée à l'adoration des fidèles) béni par le pape Clément XIII. Cette pièce monumentale est utilisée depuis près de trois siècles par les évêques de Leon, qui ignoraient jusqu'ici sa valeur.
"C'est exceptionnel que 25 œuvres de Valadier (1726-1785) soient ici (...) c'est l'ensemble le plus important au monde de ses œuvres", assure l'historien de l'art italien Xavier Salomon, qui les a redécouvertes et authentifiées. Aucun autre pays du continent américain n'en possède, selon l'expert.
Selon la documentation, les œuvres -notamment des ostensoirs, des candélabres, des reliquaires et un calice finement ouvragé - avaient été envoyées durant la période coloniale espagnole au Mexique où l'on perdait leur trace. Les experts les croyaient perdues ou détruites.
"C'est incroyable (...), ces œuvres ont été conservées au Nicaragua durant presque 300 ans. Elles ont survécu à des guerres, à des révolutions, des tremblements de terre", s'enthousiasme Xavier Salomon, spécialiste de Luigi Valadier, né en Italie de parents français et devenu l'un des plus célèbres orfèvres de son époque en Europe, avant de se suicider en se jetant dans le Tibre.
A l'heure actuelle, ne restent que 400 pièces connues de son œuvre, mais "à l'origine il devait y en avoir des milliers", selon l'expert européen. Celui-ci a authentifié les pièces grâce à un sceau de Valadier sur un calice ainsi que des "documents qui décrivent les œuvres" conservés à Rome et un inventaire de 1771 du trésor de la cathédrale de Leon.
Seules ont survécu les œuvres qui avaient été envoyées hors de Rome : au XIXe siècle, "le pape avaient ordonné la fonte de toutes les pièces en or ou en argent de l'Église pour financer la défense contre les troupes de Napoléon Bonaparte", explique M. Salomon.