Un diplomate explique en quoi la crise des relations avec le monde musulman met l'Inde en danger

Un activiste en colère piétine une affiche de la porte-parole du Bharatiya Janata Party(BJP) à Bombay, en Inde, le 6 juin 2022, lors d'une manifestation contre ses propos blasphématoires sur le prophète Mahomet. (Reuters/Francis Mascarenhas)
Un activiste en colère piétine une affiche de la porte-parole du Bharatiya Janata Party(BJP) à Bombay, en Inde, le 6 juin 2022, lors d'une manifestation contre ses propos blasphématoires sur le prophète Mahomet. (Reuters/Francis Mascarenhas)
Des Indiens demandent l'arrestation de Nupur Sharma lors d'une manifestation dans la ville d'Ahmedabad, le 8 juin 2022. (AFP)
Des Indiens demandent l'arrestation de Nupur Sharma lors d'une manifestation dans la ville d'Ahmedabad, le 8 juin 2022. (AFP)
Des militants indiens brandissent le drapeau national dans la ville de Calcutta, le 7 juin 2022, alors qu'ils manifestent pour demander l'arrestation de Nupur Sharma, porte-parole du parti BJP, pour ses propos blasphématoires sur le prophète Mahomet. (Reuters)
Des militants indiens brandissent le drapeau national dans la ville de Calcutta, le 7 juin 2022, alors qu'ils manifestent pour demander l'arrestation de Nupur Sharma, porte-parole du parti BJP, pour ses propos blasphématoires sur le prophète Mahomet. (Reuters)
Des Pakistanais manifestent à Karachi, le 7 juin 2022, contre Nupur Sharma à cause de ses propos sur le prophète Mahomet. (Arif AlI / AFP)
Des Pakistanais manifestent à Karachi, le 7 juin 2022, contre Nupur Sharma à cause de ses propos sur le prophète Mahomet. (Arif AlI / AFP)
Des Indiens demandent l'arrestation de Nupur Sharma lors d'une manifestation dans la ville d'Ahmedabad, le 8 juin 2022. (AFP)
Des Indiens demandent l'arrestation de Nupur Sharma lors d'une manifestation dans la ville d'Ahmedabad, le 8 juin 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 09 juin 2022

Un diplomate explique en quoi la crise des relations avec le monde musulman met l'Inde en danger

  • Talmiz Ahmad affirme que l'Inde ne peut pas faire ce qu'elle veut de sa minorité religieuse tout en entretenant de bonnes relations avec les pays islamiques
  • L'ex-ambassadeur souligne que la crise doit être désamorcée étant donné les intérêts économiques considérables de l'Inde dans les pays du CCG

DUBAΪ: Le gouvernement indien dirigé par Narendra Modi est sans doute confronté à son test diplomatique le plus difficile depuis neuf ans qu'il est à la tête du pays, alors que le monde islamique bouillonne de colère et que les pays musulmans expriment leur indignation à la suite des remarques désobligeantes faites par une responsable du parti Bharatiya Janata Party (BJP) au pouvoir sur le prophète Mahomet lors d'un récent débat télévisé. 

Alors qu’au moins seize pays à majorité islamique ont exprimé leurs objections par des tweets, des déclarations officielles et des convocations de diplomates indiens, le BJP a été contraint de suspendre Nupur Sharma, porte-parole nationale du parti, et d'expulser un autre responsable pour avoir fait une capture d'écran de son commentaire offensant dans un tweet. 

Auparavant, les manifestations organisées dans la ville de Kanpur, dans le nord de l'Inde, pour protester contre ces propos, ont fait plus de quarante blessés lorsque le ministre en chef de l'État d'Uttar Pradesh, un nationaliste hindou pur et dur, s'en est pris aux manifestants. 

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Nupur Sharma, la porte-parole nationale du BJP, dont les propos haineux ont provoqué des affrontements en Inde et des protestations de la part des nations musulmanes dans le monde entier.  

Les remarques de Nupur Sharma, formulées le 27 mai au cours d'un débat télévisé sur un litige porté devant un tribunal, ont pris de l’ampleur lorsqu'un journaliste ainsi qu’un vérificateur de faits ont partagé sur Twitter un extrait de ses propos. 

Après son limogeage, elle a écrit qu'elle retirait ses remarques «sans condition» et qu'il n'a «jamais été dans son intention de blesser les sentiments religieux de quiconque». Mais nombreux sont ceux qui ont considéré ses excuses trop tardives. 

Un certain nombre de diplomates indiens à la retraite se sont depuis exprimés sur l'incident, avertissant que la crise des relations de l'Inde avec le monde islamique est grave, et ils ont exhorté le gouvernement Modi à faire une introspection au lieu de panser les blessures. 

Selon les anciens diplomates, le gouvernement Modi devrait se rendre compte qu'il ne peut pas continuer à faire ce qu'il veut chez lui en toute impunité et à entretenir de bonnes relations avec les pays islamiques ou occidentaux. 

«À de nombreuses reprises, nous avons assisté à des abus à l'encontre de la communauté musulmane de l'Inde et à des tentatives d'effacer l'héritage islamique du pays. La tradition veut que les autres pays ne s'immiscent pas dans les affaires intérieures d'un autre pays, mais abuser du saint Prophète, c'est une ligne à ne pas franchir», déclare à Arab News Talmiz Ahmad, diplomate indien à la retraite, auteur et commentateur politique.  

«À un certain moment, les gens à l'étranger vont dire: “Trop, c'est trop!” Je crois que ce moment est arrivé. Vous ne pouvez pas persécuter une communauté dans votre pays et prétendre que vous avez une haute stature morale à l'étranger. Cela ne fonctionne pas ainsi.» 

Le ministère indien des Affaires étrangères a publié un communiqué affirmant que les tweets et commentaires offensants «ne reflètent en aucun cas l'opinion du gouvernement. Ce sont les opinions d'éléments marginaux.» 

La première tâche du BJP au pouvoir est de désamorcer ce que l'opposition indienne considère comme une crise diplomatique dont elle est responsable. 

Appelant au «respect des croyances et des religions», le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré qu'il «réaffirme son rejet continu des préjugés contre les symboles de la religion islamique, et refuse de porter préjudice à toutes les figures et symboles religieux». 

Le ministère s'est félicité de l'action entreprise par le BJP pour suspendre Mme Sharma de son poste. 

Le Qatar a exigé que l'Inde présente des excuses pour ses commentaires «islamophobes» et a convoqué l'ambassadeur indien au ministère des Affaires étrangères, au deuxième jour d'une visite officielle du vice-président indien, Venkaiah Naidu, et d'une délégation d'entreprises visant à stimuler le commerce. 

Le Koweït a également convoqué l'ambassadeur indien, tandis qu'un supermarché de cet État du Golfe a retiré des produits indiens de ses rayons en signe de protestation contre ces propos. Les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn et l'Iran figurent parmi les autres pays du Moyen-Orient traditionnellement favorables à l'Inde qui ont fait connaître leurs objections de diverses manières. 

La mosquée égyptienne Al-Azhar a condamné les propos de Mme Sharma, les qualifiant de «véritable action terroriste qui contribue à pousser le monde entier vers des crises dévastatrices et des guerres sanglantes», et elle a exhorté les Nations unies à prendre des mesures pour protéger les droits des minorités en Inde dans un contexte qu'elle décrit comme «une intensification de la haine et des abus envers l'islam en Inde et contre les musulmans». 

Pour replacer les condamnations officielles dans leur contexte, Javed Ansari, grand reporter politique et commentateur indien, déclare à Arab News: «Le prophète Mahomet est la figure la plus vénérée et la plus sacrée de l'islam. C'est lui qui a diffusé la parole d’Allah et posé les jalons de la religion. C'est pourquoi les musulmans du monde entier, y compris en Inde, refusent de tolérer toute remarque désobligeante à son égard. S'ils acceptent en principe le droit à la liberté d'expression, ils estiment que cette liberté ne donne à personne le droit d'insulter ou de faire des remarques désobligeantes sur le Prophète. Ils considèrent que leurs sentiments et leurs croyances doivent être respectés.» 

Pour le gouvernement indien, on ne saurait trop insister sur le danger de laisser s'envenimer la colère du monde musulman. Le commerce annuel entre l'Inde et les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) s'élève à 87 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro). L'Arabie saoudite est le deuxième plus grand exportateur de pétrole vers l'Inde, après l'Irak, tandis que le Qatar fournit 40 % des besoins en gaz naturel de l'Inde. 

À l’échelle macroéconomique, selon M. Ahmad, les envois de fonds de la communauté indienne dans les pays du CCG génèrent des revenus qui couvrent plus d'un tiers des factures annuelles d'importation de pétrole du gouvernement indien. Il décrit les liens entre l'Inde et le bloc, qui englobent le commerce, la logistique, l'énergie et les investissements, comme étant substantiels, ajoutant que pour New Delhi, le véritable danger ne réside pas dans un boycott des produits indiens, mais dans un éventuel impact négatif sur le recrutement de travailleurs indiens. 

On estime que 8,5 millions d'Indiens travaillent dans le bloc du CCG, constituant la plus grande communauté d'expatriés dans chaque pays membre. Chaque année, ils envoient quelque 35 milliards de dollars en transferts de fonds qui font vivre 40 millions de membres de leur famille en Inde. On estime que chaque Indien employé dans le Golfe a au moins quatre ou cinq personnes qui dépendent de ses revenus à l'étranger. 

M. Ahmad souligne que les relations entre le Golfe et l'Inde remontent à cinq mille ans, et il indique qu'il était peu probable que le contrecoup diplomatique porte atteinte à long terme aux liens qui unissent l'Inde au golfe Arabique et à d'autres pays à majorité musulmane. 

«Les Indiens sont la première communauté du CCG et la communauté majoritaire dans certains pays, et ce parce que nous avons choisi l'adaptation et la modération, et complètement rejeté toute implication dans la politique locale. C'est la force de la communauté», indique M. Ahmad. 

«Je pense à titre personnel que le tir sera corrigé. Certains conseils et avertissements ont été donnés. Je pense que le redressement est en bonne voie et qu'il est susceptible de fonctionner des deux côtés dans un intérêt mutuel.» 

Cela dit, Talmiz Ahmad, ancien ambassadeur de l'Inde en Arabie saoudite, à Oman et aux EAU de 2000 à 2011, ajoute: «Dans le Golfe, nous avons certains des amis les plus chers de l'Inde. J'aurais souhaité que leurs hauts dirigeants et leurs diplomates aient discrètement conseillé à certains responsables indiens que les relations bilatérales subiront des conséquences négatives si des abus continus sont dirigés contre une certaine communauté dans le pays.» 

Pour sa part, il déclare: «Le parti au pouvoir en Inde devrait revoir en profondeur sa politique intérieure et convaincre les amis de l'Inde dans le monde musulman que des mesures adéquates sont prises. Nous devons revenir au scénario de l'Inde en tant que nation pluraliste, multiculturelle et modérée, démocratique et souple.» 

D'un autre côté, M. Ahmad estime que l'Inde a la chance d'avoir comme ministre des Affaires étrangères «un grand intellectuel et un diplomate très expérimenté, très respecté dans le monde et dans son pays» comme le Dr S. Jaishankar.  

«Je suis convaincu qu'il informera les pouvoirs en place qu'il est impossible de séparer la politique intérieure de la politique étrangère. L'une dépend de l'autre», souligne-t-il. 

Évoquant l'avenir, Talmiz Ahmad déclare: «Nos politiques étrangère et intérieure doivent être synchronisées. Nous devons revenir aux principes fondamentaux de cette nation, qui sont le pluralisme, le multiculturalisme, la modération et la souplesse.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".