Il est temps pour l'humanité de commencer à prendre soin de la planète

Ce qu'il faut maintenant, c'est une action mondiale dynamique et concertée (Photo, AFP).
Ce qu'il faut maintenant, c'est une action mondiale dynamique et concertée (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 03 juin 2022

Il est temps pour l'humanité de commencer à prendre soin de la planète

Il est temps pour l'humanité de commencer à prendre soin de la planète
  • Les solutions et technologies liées au climat existent et sont de plus en plus accessibles
  • Il faut dès maintenant une action mondiale dynamique et concertée, à partir du second semestre 2022

En pleine préparation de la Journée mondiale de l'environnement, dimanche, la Terre fait face à une triple urgence.
Alors que la pollution empoisonne une grande partie de notre air, de notre terre et de notre eau, nous découvrons également que la dégradation de l'habitat ainsi que d'autres contraintes qui y sont liées signifient qu'environ un million d'espèces sont menacées d'extinction.
Pourtant, aussi importants que soient ces deux enjeux, le plus gros problème environnemental est sans doute le réchauffement climatique, car le climat se réchauffe trop rapidement pour que les personnes et la nature s'y adaptent. C'est le défi climatique qui sera au centre de la conférence de l'ONU sur le climat à Bonn, qui commence lundi, après les réunions préparatoires de cette semaine, six mois seulement après la COP26 à Glasgow.
Comme on le verra dans l'ouest de l'Allemagne, la bonne nouvelle est que les solutions et technologies liées au climat existent déjà et sont de plus en plus accessibles. Cependant, l'action collective et transformatrice nécessaire est freinée, notamment par l'impact de la guerre en Ukraine.
Ce conflit a mis en lumière, en particulier en Europe, le concept de sécurité énergétique, révélant la profonde dépendance d'une grande partie du continent aux approvisionnements russes en combustibles fossiles. En mai, l'Union européenne a annoncé un embargo pétrolier partiel de même qu’un nouveau plan énergétique pour tenter de résoudre ce problème.


«À la veille de la conférence des Nations unies sur le climat à Bonn, l'action collective et transformatrice nécessaire est retardée»
Andrew Hammond


L'embargo sur le pétrole approuvé mardi entraînera l'interdiction d'environ 90% du pétrole russe d'ici à la fin de l'année. Cela a été convenu deux semaines seulement après que l'UE a défini un nouveau plan énergétique «RePowerEU» avec un objectif global visant à éliminer le gaz russe de l'équation énergétique européenne avant 2027, et de deux tiers avant la fin de 2022.
La Commission européenne affirme que 95 % des 300 milliards d'euros de financement de ce plan iront à la transition énergétique, accélérant le Green New Deal, dont 86 milliards d'euros pour les énergies renouvelables et 27 milliards d'euros pour les infrastructures d'hydrogène vert. Cela ouvrira également la porte à des dizaines de nouveaux grands projets d'infrastructure de combustibles fossiles.
Les opposants au plan énergétique, notamment le président britannique de la COP26, Alok Sharma, craignent que la Commission européenne ne remplace la dépendance à l'égard du pétrole et du gaz russes par des importations d'autres pays en investissant par exemple des milliards dans des terminaux d'importation de gaz en Allemagne, en Finlande et aux Pays-Bas, ainsi que des pipelines en Croatie, en Pologne, en Grèce, en Espagne et en Italie. L’UE ouvre les possibilités d’une augmentation des achats de gaz naturel auprès de pays comme les États-Unis, l'Égypte, Israël et les États du Golfe, produisant ainsi plus de biométhane et faisant fonctionner les centrales au charbon plus longtemps.
C'est dans ce contexte – et l'échec du monde à respecter jusqu'ici le calendrier de réduction des émissions de dioxyde de carbone fixé à Paris en 2015 – que la conférence de Bonn se réunit. L'ONU précisera une fois de plus que seules des actions urgentes et inédites peuvent éviter d'aggraver les risques de sécheresse, de chaleur extrême et d'inondations à travers le monde.

Aussi, l'ampleur de ce défi est-elle énorme et grandissante. Des actions accessibles et réalisables doivent être prises par les gouvernements, les entreprises et les particuliers, alors que le monde cherche à redresser la situation selon les termes de l’accord de Paris de 2015, qui a le potentiel d'être renforcé.
Le défi est que les hausses de température ne dépassent pas 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, comme le prévoit l'accord de Paris. L'ONU avertit toutefois qu'il existe désormais un risque très élevé que, compte tenu des émissions actuelles et des engagements nationaux, le réchauffement climatique dépasse nettement ce chiffre.
Alors que la différence entre une hausse de 1,5 °C et plus peut sembler sans conséquence pour certains, la différence, selon l'ONU, est considérable. À titre d’exemple, la part de la population mondiale soumise au stress hydrique pourrait être inférieure de 50 % avec un réchauffement global de 1,5 °C, comparativement à 2 °C. Par ailleurs, selon les prévisions, 99 % des coraux pourraient être perdus avec une hausse de température de 2 °C, contre peut-être 10 % à 1,5 °C.
Ce qu'il faut maintenant, c'est une action mondiale dynamique et concertée, à partir du second semestre 2022, dans la mesure où la feuille de route pour aller de l'avant est déjà claire. En premier lieu, la mise en application de l'accord de Paris sera plus efficace à travers des lois nationales, là où cela est politiquement réalisable, car il est difficile d’aller à l’encontre de la loi.     
Alors que les engagements pris à Paris en 2015 ne sont pas suffisants, l’accord a mis en place les cadres juridiques nationaux qui sont des éléments essentiels pour mesurer, déclarer, vérifier et gérer les émissions de gaz à effet de serre. À l'avenir, l'ambition doit être que ces cadres soient reproduits dans plus de pays encore et soient progressivement renforcés.
À l'approche de la Journée mondiale de l'environnement, nous devons redoubler d'efforts pour transformer nos économies et nos sociétés afin de les rendre plus inclusives, justes et connectées à la nature, en passant de la destruction de la planète à sa guérison. Il est peut-être encore temps si nous agissons maintenant pour aider collectivement à créer et mettre en œuvre, avec les gouvernements, les entreprises et d'autres organisations, ce qui pourrait devenir la pierre angulaire du développement durable, en appliquant pleinement l’Accord de Paris.

Andrew Hammond est un associé auprès de LSE IDEAS à la London School of Economics.
NDLR: Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section sont personnelles et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com