En Irak, une communauté noire pluri-centenaire mais toujours à la marge

Adnan Abdelrahman (Photo, AFP).
Adnan Abdelrahman (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 juin 2022

En Irak, une communauté noire pluri-centenaire mais toujours à la marge

  • A 56 ans, M. Abdelrahmane fait partie d'une de ces troupes de musique populaire ayant fait la célébrité de Zubair dans tout le pays
  • Des militants tiennent cependant un tout autre discours

ZUBAIR: Adnane Abdelrahmane exhibe tambours et percussions dont il a appris à jouer dès l'âge de 12 ans. Dans un Irak patchwork de communautés et d'ethnies, il fait partie de cette minorité noire pluri-centenaire, gardienne des traditions musicales, mais reléguée en marge de la société.

Implantée dans la région de Zubair, près de Bassora dans l'extrême sud irakien, la communauté tire ses origines d'Afrique de l'Est. Ici, comme dans tous les villages reculés d'Irak, s'affichent à chaque coin de rue pauvreté et déliquescence des services publics, avec des routes poussiéreuses bordées de maisons borgnes en ciment.

Si des militants dénoncent la marginalisation de la communauté, parler à Zubair de racisme ou de discriminations froissent les habitants qui préfèrent en arabe l'euphémisme de "peau foncée" à l'emploi du mot noir.

A 56 ans, M. Abdelrahmane fait partie d'une de ces troupes de musique populaire ayant fait la célébrité de Zubair dans tout le pays et jusqu'au Koweït frontalier, à une trentaine de kilomètres seulement.

"A Zubair, on ne compte plus le nombre de troupes", dit à l'AFP le musicien, installé sur un matelas au sol dans son salon. "C'est une profession dont on hérite. Si quelqu'un meurt, son fils prend sa place, pour que l'art ne disparaisse pas", explique-t-il, ajoutant que dans sa famille, son oncle chantait et son père jouait du tambour.

Munis de darboukas, tambours et daf (grand tambour) en peau de chèvre, les musiciens animent notamment les mariages en menant la "zaffa", procession consistant à célébrer les mariés, en dansant et chantant.

M. Abdelrahman, qui se produit depuis quatre ans au sein d'une "Association du patrimoine", parrainée par le ministère de la Culture, reconnait que "la majorité" des artistes sont noirs mais assure ne pas ressentir de racisme.

«Discrimination positive»

Des militants tiennent cependant un tout autre discours.

"Ceux qui ont la peau foncée sont des citoyens de cinquième classe, même pas de seconde classe", déplore Majed al-Khalidy, employé dans une compagnie pétrolière de Bassora.

Le trentenaire réclame des opportunités d'emplois et logements dignes et dénonce la déscolarisation qui fait des ravages. Il fustige aussi des abus de langage, répandus même chez les clercs religieux, le terme "esclave" en arabe étant encore utilisé pour désigner un noir.

Historiquement la minorité noire -entre 250.000 et deux millions d'âmes, selon des estimations informelles- a des ancêtres venus du Kenya, d'Ethiopie ou encore du Soudan, indique à l'AFP l'historien Ibrahim Al-Marashi.

C'est dans la région de Bassora qu'arrivaient des esclaves pour réaliser "le travail éreintant d'assèchement des marais salants".

"Dans les écrits historiques, la première mention de la communauté remonte à 869 quand ils se sont révoltés", ajoute l'expert, en référence à la "rébellion des Zanj".

Ce soulèvement contre la dynastie arabe des Abassides a permis aux anciens esclaves d'établir pendant une quinzaine d'années leur propre cité, avant d'être défaits.

Aujourd'hui, Majed al-Khalidy croit en la "discrimination positive" dans le pays multiconfessionnel et multi-ethnique, et réclame l'inclusion de sa communauté au système actuel des quotas permettant à certaines minorités, chrétiens ou yazidis par exemple, d'élire un représentant au Parlement.

"Pour réclamer ses droits, il faut être proche des décideurs", justifie M. Khalidy. Car même s'il est antisystème, il reste réaliste dans un Irak où un tiers de la population de 41 millions vit dans la pauvreté et est dirigée par des partis clientélistes, dont les députés peuvent garantir des emplois publics.

«Long chemin»

Illustration d'un timide changement? La première chaîne d'information étatique compte depuis plus d'un an parmi ses présentatrices une jeune femme noire, Randa Abdel Aziz, qui désormais décline les interviews pour échapper au feu des projecteurs après avoir fait le buzz.

Sur son site Internet, l'ONG internationale Minority Rights Group (MRG) évoque "des taux disproportionnellement élevés d'analphabétisme et de chômage" dans une communauté largement confinée aux emplois d'ouvriers et de travailleurs domestiques.

"La discrimination se constate à tous les niveaux", reconnaît Saad Salloum, expert des questions de diversité religieuse et ethnique en Irak.

"Politiquement ils n'ont pas de représentation. Socialement certains stéréotypes restent enracinés dans la culture dominante. Economiquement la majorité vit sous le seuil de pauvreté", résume l'expert.

En 2013, Jalal Thiyab, fondateur de la première association de défense des droits de la minorité, avait été assassiné, peu après des élections locales à Bassora.

"Il reste un long chemin à parcourir afin de parvenir à l'égalité pour cette minorité et toutes les autres", estime M. Salloum.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".