Les Britanniques fêtent les 70 ans de règne de leur reine bien aimée, une page d'histoire

Un grand concert suivra à Buckingham Palace en soirée, avec quelque 22 000 personnes (Photo, AFP).
Un grand concert suivra à Buckingham Palace en soirée, avec quelque 22 000 personnes (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 juin 2022

Les Britanniques fêtent les 70 ans de règne de leur reine bien aimée, une page d'histoire

  • Les célébrations commenceront jeudi par la traditionnelle parade militaire annuelle du Salut aux couleurs
  • La famille royale, limitée aux seuls membres qui ont des fonctions officielles et leurs enfants, doit alors apparaître au balcon de Buckingham Palace autour de la souveraine

LONDRES: Avec force fanfares et fêtes, les Britanniques célèbrent à partir de jeudi les 70 ans de règne de la reine Elizabeth, moment historique pour une monarque immensément populaire mais de plus en plus absente pour raisons de santé.

Jamais aucun souverain britannique n'a régné aussi longtemps. Il est peu probable qu'un autre atteigne une telle longévité : Charles, le prince héritier a 73 ans, son fils William bientôt 40 ans.

La dimension historique et patriotique de ce jubilé de platine s'affiche à travers hommages, magazines commémoratifs, expositions, rétrospectives, émissions spéciales, concerts et concours en tout genre. Pour ce long week-end de quatre jours, les rues sont pavoisées, avec de grands portraits de la reine, les façades décorées, jusque dans les campagnes anglaises, et les marchés vendent souvenirs tricolores et vaisselle à son effigie.

Dans un message publié par le palais de Buckingham mercredi, la reine a remercié tous ceux qui se sont impliqués dans les célébrations de son règne, espérant que les festivités "créent d'heureux souvenirs".

Alors que se prépare tranquillement en coulisses la succession avec son héritier le prince Charles, la reine a affirmé "être inspirée par la bienveillance" à son égard et a appelé les Britanniques à "se tourner vers l'avenir avec confiance et enthousiasme".

Balcon

Les célébrations commenceront jeudi par la traditionnelle parade militaire annuelle du Salut aux couleurs, que la reine de 96 ans inspectait jadis à cheval, suivie d'un survol aérien par 70 appareils de la Royal Air Force.

La famille royale, limitée aux seuls membres qui ont des fonctions officielles et leurs enfants, doit alors apparaître au balcon de Buckingham Palace autour de la souveraine, un moment très attendu.

Car depuis six mois, sa santé inquiète les Britanniques : depuis une nuit à l'hôpital en octobre, elle a annulé quasiment toutes ses apparitions officielles, remplacée par le prince Charles, y compris pour le discours solennel du trône au Parlement le 10 mai.

Frêle, la souveraine, rentrée mardi à Windsor après quelques jours de repos dans son château écossais de Balmoral, a du mal à marcher et s'appuie sur une canne. La reine a cependant fait plusieurs apparitions surprise récemment, souriante et détendue, à un show équestre - elle est passionnée de chevaux -,  à l'inauguration de la nouvelle ligne de métro qui porte son nom, et la semaine dernière à la célèbre exposition horticole du Chelsea Flower Show à Londres, en voiturette électrique.

Les célébrations du jubilé de platine en chiffres

Plus de 200 000 événements, des millions de participants, un milliard de spectateurs: les Britanniques s'apprêtent à fêter de manière grandiose les 70 ans de règne de la reine Elizabeth II du 2 au 5 juin. Voici un tour d'horizon chiffré.

Plus de 1 500 militaires

Donnant le coup d'envoi des festivités, environ 1 500 militaires ainsi que 400 musiciens et 250 chevaux défileront jeudi dans le centre de Londres, entre le palais de Buckingham et la place Horse Guards Parade, pour le Salut aux couleurs ("Trooping the Colour") marquant traditionnellement l'anniversaire officiel de la souveraine, selon le ministère de la Défense. Cette parade avait été annulée deux années de suite en raison de la pandémie.

70 avions

Environ 70 avions de l'armée britannique, dont la patrouille acrobatique de la Royal Air Force, les Red Arrows, survoleront le palais de Buckingham durant six minutes jeudi pour clore le défilé militaire, alors que les principaux membres de la famille royale apparaîtront au balcon. Le nombre exact d'appareils dépendra toutefois de la météo et d'éventuels engagements opérationnels, a indiqué le ministère.

124 coups de canon

Des coups de canon seront tirés jeudi à la mi-journée à Londres et à travers tout le Royaume-Uni, ainsi que depuis les navires de la Royal Navy en mer. L'anniversaire officiel d'Elizabeth II - née le 21 avril - coïncidant cette année avec celui de son couronnement le 2 juin 1953, une double salve de 124 coups de canon seront tirés de la Tour de Londres. Il y en aura 82 depuis Hyde Park, non loin du palais de Buckingham.

2 800 signaux lumineux

Plus de 2 800 signaux lumineux seront allumés jeudi soir au palais de Buckingham et dans tout le Royaume-Uni, ainsi que dans les îles anglo-normandes, l'île de Man et les territoires britanniques d'outre-mer.

Il y aura aussi des illuminations dans les 54 capitales du Commonwealth, des Tonga et Samoa dans le Pacifique Sud au Belize dans les Caraïbes. Des ponts enjambant la Tamise à Londres seront illuminés, tout comme l'emblématique BT Tower dans la capitale, ainsi que plusieurs cathédrales en Angleterre.

Sur les côtes françaises faisant face à l'Angleterre, les bâtiments symboliques seront illuminées jeudi soir.

16,5 tonnes

Une messe d'action de grâce est prévue vendredi à la cathédrale Saint-Paul de Londres. A cette occasion sera sonnée la cloche du Grand Paul (Great Paul Bell), la plus grande du pays avec ses 16,5 tonnes, ce qui se produit très rarement.

5 000 travailleurs essentiels

Samedi, quelque 22 000 personnes - dont 5 000 "travailleurs essentiels" pendant la pandémie  - sont attendues pour un grand concert au palais de Buckingham, la BBC Platinum Party. Parmi les têtes d'affiche il y aura les rockeurs de Queen + Adam Lambert, la légende de la Motown Diana Ross, Alicia Keys, Nile Rodgers et le ténor italien Andrea Bocelli.

10 000 artistes, 1 milliard de spectateurs

En clôture dimanche, une autre grande parade rendra hommage à la monarque et à la diversité du peuple britannique. Elle rassemblera 10 000 artistes et bénévoles. En comptant toutes formes de diffusion dans le monde entier, le spectacle devrait être vu par un milliard de personnes, selon les organisateurs.

Pique-niques

Quelque 200 000 événements locaux sont prévus, d'après le gouvernement: projections, fêtes de rue et surtout dizaines de milliers de déjeuners festifs en plein air qui devraient rassembler des 10 millions de personnes.

Parmi elles il y aura des membres de la famille royale comme le prince Charles et son épouse Camilla, attendus au stade de cricket The Oval, dans le sud de Londres.

L'un de ces déjeuners, à Windsor, où réside désormais la reine, tentera de battre le record mondial de la plus longue tablée.

Plus de 600 déjeuners sont aussi prévus dans les pays du Commonwealth et ailleurs dans le monde, notamment au Canada, au Brésil ou en Nouvelle-Zélande.

«Dignité»

"Nous étions extrêmement inquiets pour sa santé récemment, mais grâce au ciel elle a pris soin d'elle", se réjouit Phyllis Losh, 79 ans. Cette habitante du village de Bidford-on-Avon (centre de l'Angleterre) se souvient avec émotion de son couronnement en 1953, quand son père avait spécialement acheté une petite télévision en noir en blanc.

"Elle fait tout avec tellement de dignité", ajoute-t-elle.

Vendredi, une messe aura lieu à la cathédrale Saint-Paul de Londres. Très impopulaires au Royaume-Uni, le  prince Harry et sa femme Meghan, installés depuis deux ans en Californie, devraient y assister, tout comme le prince Andrew, qui a payé de millions de dollars pour mettre fin à une plainte pour agressions sexuelles.

Samedi, la reine était attendue à la 243e édition du prestigieux Derby d'Epsom, mais selon la presse, il est improbable qu'elle fasse le déplacement pour ces courses hippiques.

Un grand concert suivra à Buckingham Palace en soirée, avec quelque 22 000 personnes, et parmi les têtes d'affiche Alicia Keys, Queen + Adam Lambert, Diana Ross et Andrea Bocelli. Charles et William y rendront hommage à leur mère et grand-mère qui devrait regarder le concert à la télévision.

Dimanche, des millions de Britanniques participeront à des milliers de déjeuners de quartier et fêtes de rues en l'honneur de la reine, parenthèse joyeuse pour oublier brièvement l'inflation galopante et les scandales politiques à répétition.

Les pubs ont été autorisés à fermer plus tard. Les ventes de vin pétillant, de Dubonnet (apéritif apprécié de la reine) et de gâteaux Victoria Sponge Cake ont déjà explosé.

Pour Robert Lacey, auteur de nombreux ouvrages sur la monarchie, "les fêtes locales sont aussi importantes que les cérémonies télévisées sur le Mall", la grande artère qui mène au palais de Buckingham. "Elles sont l'exemple de comment la Grande-Bretagne se voit à travers la monarchie, en tant que véhicule de notre histoire, de nos traditions et de nos valeurs", dit-il à l'AFP.

Les quatre jours de célébrations se termineront par une immense parade à Londres. Les 10 000 participants rendront hommage à une souveraine qui a traversé imperturbable les époques et les crises, symbole d'unité et dernière monarque planétaire, dont les Britanniques apprécient le sens du devoir et parfois l'humour. Un sondage pour The Sun la situait cette semaine à 91,7% d'opinions favorables, contre 67,5% pour le prince Charles avec lequel se prépare la succession.

Le balcon de Buckingham Palace, au coeur des grands moments de la monarchie

Couronnements, mariages, grands événements: depuis plus d'un siècle, le balcon de Buckingham Palace à Londres est essentiel à l'image de la famille royale britannique. Il sera une fois encore extrêmement scruté lors des fêtes du jubilé de platine cette semaine.

Pour les célébrations historiques des 70 ans de règne de la reine Elizabeth II, la souveraine de 96 ans a tranché: seuls les membres de la famille qui "travaillent" pour la monarchie pourront saluer la foule au balcon jeudi, lors de la traditionnelle parade militaire du Salut aux couleurs qui ouvrira les festivités. Au total 18 personnes, beaucoup moins que lors d'apparitions passées.

Exit le prince Harry et son épouse Meghan, qui ont pris leurs distances avec la monarchie, mais viendront pourtant au Royaume-Uni de Californie avec leurs deux enfants. Ecarté le prince Andrew, fils cadet de la souveraine, privé de toute fonction officielle depuis des accusations d'agressions sexuelles à New York, dont il s'est débarrassé en mars en payant plusieurs millions de dollars à son accusatrice.

Après deux années compliquées pour la famille royale, le balcon, drapé de rouge et or pour les grandes occasions, ne saurait souffrir aucune tension.

Vitrine

Au fil des ans, il est devenu la vitrine de la monarchie britannique. Initialement pilier de son interaction avec les foules massées derrière les grilles du palais, ses images font désormais le tour du monde.

C'est la reine Victoria qui avait inauguré cette nouvelle façon de saluer ses sujets en 1851, pour l'exposition universelle.

Sept ans plus tard, la famille apparaît au balcon pour le mariage de sa fille aînée, la princesse Victoria.

Depuis le balcon a rythmé tous les grands moments de la famille royale et du pays.

Le 4 août 1914, la foule y réclame George V alors que le Royaume-Uni vient de déclarer la guerre à l'Allemagne. En novembre 1918, des milliers de Londoniens y acclament le roi et la reine après l'armistice.

Puis ce sont les mariages royaux, les jubilés, les couronnements... En 1935, une princesse Elizabeth de 9 ans y salue la foule pour les 25 ans de règne de son grand-père George V. Deux ans plus tard, elle salue encore du balcon pour le couronnement de son père George VI.

Le 8 mai 1945, le Premier ministre Winston Churchill y marque avec la famille royale la victoire des Alliés.

La princesse Elizabeth y revient en 1947 pour son mariage avec le prince Philip; puis, désormais reine, pour son couronnement en 1953.

Rien n’est laissé au hasard dans ces apparitions surmédiatisées : la reine, au centre, est traditionnellement habillée de couleurs vives, les hommes du premier cercle s'affichent en grande tenue militaire et les femmes avec des chapeaux sophistiqués.

Certains s'y sont permis des audaces nouvelles, comme le prince Charles et la princesse Diana échangeant un baiser après leur mariage en 1981, ensuite copiés par le prince Andrew et Sarah Ferguson, puis par le prince William et Kate.

Ce n'est pourtant pas l'image de la famille qui compte, mais celle de la  monarchie.

"La reine a tout au long de son règne privilégié le régalien sur les considérations familiales et personnelles", explique Marc Roche, auteur de plusieurs livres sur la monarchie. "Pour elle, il est essentiel de projeter la monarchie au balcon, pas la famille".

La souveraine, qui a du mal à marcher, pourrait y apparaître jeudi après la parade, lors du survol de 70 appareils de la Royal Air Force.

Mais elle pourrait aussi faire une deuxième apparition au balcon dimanche, avec ses trois héritiers les princes Charles, William et George, 8 ans, affirme le quotidien The Mirror. Alors que la succession se prépare,  elle "veut que le monde voit battre le cœur de sa famille et l’avenir de la monarchie", explique le journal.

A moins que sa santé ne contrarie ces plans.

"Si nous ne voyons pas la reine durant le jubilé, des millions de personnes seront déçues" dit à l'AFP Arthur Edwards, qui la photographie depuis 1977 pour The Sun.

"Ils viennent à Londres pour le concert et la fête, mais ce qu'ils veulent vraiment voir, c'est la reine".


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
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  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

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Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

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3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

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Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

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Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

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3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
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  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

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«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

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L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
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  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.