Polémique après les ratés organisationnels au Stade de France

Les supporters de Liverpool se tiennent à l'extérieur, incapables d'entrer à temps, ce qui a retardé le match avant le match de football final de l'UEFA Champions League entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris, le 28 mai 2022. (AFP)
Les supporters de Liverpool se tiennent à l'extérieur, incapables d'entrer à temps, ce qui a retardé le match avant le match de football final de l'UEFA Champions League entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris, le 28 mai 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 29 mai 2022

Polémique après les ratés organisationnels au Stade de France

  • Du côté de la majorité présidentielle, Aurore Bergé a tenu à «rappeler le contexte». «Cette finale aurait dû se tenir en Russie» et la France l'a organisée «en à peine trois mois»
  • La prestigieuse finale européenne, accueillie à Paris et remportée samedi par le Real Madrid contre Liverpool (1-0), a été marquée par des scènes de chaos et de désorganisation autour du Stade de France

PARIS: La polémique montait dimanche autour des responsabilités de chacun dans les couacs organisationnels de la finale de la Ligue des champions au Stade de France, avec des conséquences redoutées en terme d'image à deux ans des Jeux olympiques de Paris.


La prestigieuse finale européenne, accueillie à Paris et remportée samedi par le Real Madrid contre Liverpool (1-0), a été marquée par des scènes de chaos et de désorganisation autour du Stade de France, sans faire de blessés grave.  


Fait rarissime à ce niveau et pour des raisons purement logistiques, le coup d'envoi de la rencontre avait dû être retardé de 36 minutes. 


L'UEFA explique que le désordre a été causé par un problème de "billets contrefaits" causant des goulots d'étranglement et demande un "audit" en urgence auprès des instances du football et des autorités françaises.


Des supporters présents et des journalistes de l'AFP ont constaté avant le match la présence de bandes de jeunes et de fans de football locaux non identifiés tentant de s'introduire en force dans l'enceinte.


La police est intervenue, dispersant la foule et au passage les supporters, dont des familles, au gaz lacrymogène. 


Dès la fin du match, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a pointé du doigt samedi soir l'attitude de "milliers de supporters britanniques sans billet ou avec des faux billets qui ont forcé les entrées" du Stade de France.


"Les tentatives d'intrusion et de fraude de milliers de supporters anglais ont compliqué le travail des stadiers et des forces de police mais ne terniront pas cette victoire", a surenchéri la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

C1: 105 interpellations à Paris en marge de la finale

Cent cinq personnes ont été interpellées et 39 placées en garde à vue samedi soir à Paris lors de la soirée de finale de Ligue des champions, émaillée d'incidents autour de l'accès au Stade de France, selon un nouveau bilan du ministère de l'Intérieur.


De nombreux jeunes supporteurs avaient tenté d'escalader les grilles de l'enceinte pour tenter de forcer l'entrée. De brèves échauffourées ont alors opposé les forces de l'ordre qui repoussaient ces intrus, parfois en faisant usage de gaz lacrymogènes.


Un nombre indéterminé de spectateurs, pourtant munis de billets, n'ont pu accéder au stade qu'en fin de première période du match.


La préfecture de police de Paris avait indiqué dans un communiqué publié samedi soir qu'avant la rencontre "de nombreux supporters sans billets pour le match ou détenteurs de faux billets (avaient) ont perturbé l’accès au Stade de France, au niveau du périmètre de sécurité extérieur".

Une source proche du gouvernement a fait valoir dimanche que le problème venait de ces "milliers de faux billets" qui a créé des files d'attente aux portes du stade.


Concernant l'attitude des supporters, la préfecture de police de Paris a relevé dans un tweet samedi soir que l'évacuation des deux "fan zones" distinctes - pour les supporters du Real Madrid à Saint-Denis et pour ceux de Liverpool dans l'est de Paris - s'était déroulée "sans incidents majeurs", évoquant pour ces rassemblements une "bonne physionomie" générale de la soirée.


Un périmètre sécurisé avec écrans géants, boisson et animations avait été organisé par la préfecture sur le cours de Vincennes pour accueillir les quelques 40 000 supporters anglais des "Reds" non munis de billet. 


Malgré la défaite, l'évacuation de ce périmètre à haut risque s'est déroulé sans incident.


Selon le parquet de Paris, une vingtaine de personnes ont été placées en garde à vue, essentiellement pour des violences et des vols sur la voie publique à proximité des "fan zones". L'une des personnes interpellées est entendue pour avoir tenté de vendre des faux billets pour le match. 


La brigade des sapeurs pompiers de Paris a de son côté évoqué "une soirée plutôt calme" en termes de prises en charge. 

Supporters «exemplaires»
Les supporters de Liverpool, jugés peu problématiques depuis déjà 30 ans, ont été ulcérés par ces accusations et l'accueil à la française. 


"Nous sommes extrêmement déçus des problèmes d'accès et des violations du périmètre de sécurité qu'ont subis les supporters de Liverpool", a expliqué le club anglais dans un communiqué.


La police britannique de Merseyside-Liverpool présente au stade a évoqué sur Twitter des "circonstances choquantes" et défendu le comportement "exemplaire" des supporters des Reds pendant la rencontre, "la pire" à laquelle elle dit avoir jamais eu affaire en terme d'organisation.


Dans la "fan zone" de l'est parisien où ils étaient des dizaines de milliers à suivre la retransmission, les supporters britanniques n'ont pas posé de problème sécuritaire, ont constaté des journalistes de l'AFP. La marée rouge, après douze heures de ferveur et beaucoup de boisson s'est dispersé sans incident.


Les pompiers de Paris ont fait état d'une soirée "calme" au stade et dans les "fan zones", avec 238 interventions de services de secours pour des incidents mineurs, dont des intoxications au gaz lacrymogène. 


En marge de cette soirée, 105 personnes ont été interpellées, selon le ministère de l'Intérieur. Selon le parquet de Paris, une vingtaine de personnes ont été placées en garde à vue, essentiellement pour des violences et des vols. 

C1: «Stade de Farce», «soirée de chaos», la presse européenne critique l'organisation de la finale

"Stade de Farce", "soirée de chaos": sans éclipser le 14e sacre européen du Real Madrid, la presse européenne a des mots très durs dimanche sur l'organisation de la finale de la Ligue des champions marquée samedi par des incidents en dehors du Stade de France. 


Plus que sur la défaite de Liverpool (1-0), les médias britanniques insistent logiquement sur les graves défaillances constatées en marge de la rencontre en raison des difficultés d'accès à l'enceinte de Saint-Denis, qui ont retardé le coup d'envoi du match de plus de 30 minutes et provoqué des tensions à l'extérieur. 


Le tabloïd The Sun est le plus virulent avec un titre en français ("Stade de Farce") et le témoignage de Marvin Matip, le frère du défenseur des Reds Joel Matip, qui a raconté avoir dû se réfugier dans un restaurant avec sa femme enceinte pour échapper aux lacrymogènes dispersés dans leur direction.


Le Telegraph publie de son côté le récit accablant de Jason Burt, le chef de la rubrique football du journal. "J'étais devant la porte Y quand j'ai été pris dans les gaz lacrymogènes utilisés sans discernement par la police anti-émeute française au Stade de France. Je parlais à des supporters qui attendaient tranquillement, certains depuis trois heures, quand ils ont atteint mon visage, me piquant les yeux, mes lèvres et ma langue. J'ai vu qu'on en dispersait. Je n'arrivais pas à y croire (…) c'était absolument honteux", a-t-il raconté dans un billet.

«Ils doivent s'excuser»
Soulignant les "goulots d'étranglement" vers lesquels étaient dirigés les supporters des Reds pourtant arrivés deux heures et demi avant le coup d'envoi et les contrôles "insupportablement lents", Burt estime que "c'est une honte que l'UEFA ait accusé les supporters d'être arrivés tardivement. C'est tout simplement faux. Ils ont essayé de lancer leur version. Maintenant, ils doivent s'excuser".


Du côté espagnol, l'accent est surtout mis sur le 14e titre continental du Real Madrid. Le quotidien sportif Marca a ainsi rebaptisé ce sacre la "Decimocurtua", un jeu de mot entre le nom de l'infranchissable gardien belge Thibaut Courtois et le chiffre quatorze. 


"Avec neuf arrêts, Courtois a été le héros indiscutable de la finale", a souligné le journal le plus vendu d'Espagne dimanche à sa une.


Le gardien belge est partout, sur toutes les unes de la presse sportive espagnole, ce dimanche. "Courtois offre la Ligue des champions" au Real, s'est aligné le quotidien sportif catalan Mundo Deportivo, avec une grande photo du géant belge tenant la "Coupe aux grandes oreilles" à sa une.


Mais les incidents de la soirée tiennent également une large place dans les journaux ibériques.   

«Hordes de barbares»
Alfredo Relano, président d'honneur du quotidien sportif As et voix respectée du football espagnol, se montre très sévère dans un éditorial, dénonçant Liverpool et "ses hordes de barbares sans ticket d'entrée" qui "ont créé un scandale sans nom aux portes du stade, qui aurait bien pu provoquer une catastrophe, même si tout est heureusement rentré dans l'ordre avec le retard du coup d'envoi."

"Ces faits ne peuvent par rester impunis", a-t-il ajouté.  "Une honte: la finale a débuté avec une demi-heure de retard à cause du chaos aux accès du stade", a affiché le quotidien catalan Sport en bandeau de sa une, dimanche.

Les médias allemands s'interrogent aussi sur des défauts d'organisation de l'UEFA. "La soirée du chaos", écrit Bild, pour qui, sur le plan sportif, il s'agit de "la défaite la plus amère de Klopp", l'entraîneur allemand de Liverpool.

En Italie, la presse salue sans surprise la 4e C1 de "l'empereur" Carlo Ancelotti (Corriere dello Sport).

"Encore un match parfait, pour les choix, la gestion et la préparation. Il est le premier à arriver à quatre Ligue des champions. Une saison énorme, une fierté italienne, merci Carlo!", souligne la Gazzetta dello sport.


Le Corriere dello Sport revient comme toute la presse italienne sur le "flop de l'organisation" parisienne.


"Une mauvaise soirée en conclusion d'une triste saison pour la France, où se sont multipliés dans les stades les problèmes de sécurité et d'ordre public", écrit le journal romain.

«Image lamentable»
Pour Ronan Evain, directeur exécutif du réseau Football Supporters Europe, ce raté "pose la question de la capacité de la France à organiser des événements de cette taille-là".


"On continue de reproduire les mêmes schémas d'organisation qui ont déjà échoué dans le passé. Il y a un besoin très fort de moderniser l'approche de la sécurisation de ces rencontres", a t-il indiqué à l'AFP.


Trop peu ou pas assez ? Le dispositif sécuritaire – 6.800 policiers, gendarmes et pompiers et de très nombreux agents de sécurité privé - devait en tout cas servir de test pour la Coupe du monde de rugby, organisée par la France en 2023 et pour les JO de Paris, l'année suivante. 


Les scènes de désordre ont suscité les critiques de l'opposition.


Marine Le Pen a fait part d'un "sentiment d'humiliation". "Nous sommes regardés par le monde entier et l'intégralité des capitales qui ont vu cela ont constaté que la France n'était plus dans la capacité d'organiser de grandes manifestations sans que celles-ci dégénèrent", a estimé la présidente du Rassemblement national au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.


Même constat chez Jean-Luc Mélenchon. "L'image est lamentable, elle est inquiétante parce qu’on voit clairement qu'on n'est pas préparés pour des événements du type Jeux Olympiques", a lancé le dirigeant de La France Insoumise sur BFMTV.


Du côté de la majorité présidentielle, Aurore Bergé a tenu à "rappeler le contexte". "Cette finale aurait dû se tenir en Russie" et la France l'a organisée "en à peine trois mois", a plaidé sur RMC la député LAREM-Renaissance.


"Il n'y a pas eu de difficultés dans les fan zones", a-t-elle assuré, appelant à "regarder à froid ce qui s'est passé", pour ne pas tirer de conclusions erronées sur les faiblesses organisationnelles potentielles des autorités françaises avant les grandes échéances sportives à venir.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Short Url

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Short Url
  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Short Url
  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »