Les réseaux sociaux sur la sellette après l'assassinat de Samuel Paty

La ministre en charge de la citoyenneté Marlène Schiappa a de son côté annoncé que le gouvernement réactivait « le groupe de contact permanent » mis en place en 2015 (Photo, AFP)
La ministre en charge de la citoyenneté Marlène Schiappa a de son côté annoncé que le gouvernement réactivait « le groupe de contact permanent » mis en place en 2015 (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 21 octobre 2020

Les réseaux sociaux sur la sellette après l'assassinat de Samuel Paty

  • Ce groupe de contact avait été créé par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, dans le cadre de la lutte contre la propagande de Daech
  • Les réseaux sociaux comme Facebook, par exemple, voudraient que ce soit le gouvernement, ou la justice, qui désigne explicitement et au cas par cas les contenus à éliminer

PARIS : Les réseaux sociaux, souvent utilisés pour diffuser des messages de haine, se retrouvent une nouvelle fois sur la sellette après l'assassinat du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, mais la peur de toucher à la liberté d'expression rend les initiatives difficiles.

Le Premier ministre Jean Castex a dit mardi vouloir créer un nouveau délit de « mise en danger par la publication de données personnelles » sur Internet.

« Nous ne pouvons plus nous résoudre à assister passivement au déchaînement de la haine sur les réseaux sociaux », a-t-il affirmé lors de la séance de questions au gouvernement.

La ministre en charge de la citoyenneté Marlène Schiappa a de son côté annoncé que le gouvernement réactivait « le groupe de contact permanent » mis en place en 2015 avec les principaux réseaux sociaux pour « une mobilisation et une réponse conjointe de l'Etat et des plateformes contre le cyber-islamisme ».

Ce groupe de contact avait été créé par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, dans le cadre de la lutte contre la propagande de Daech.

« Je veux que les réseaux sociaux prennent leur responsabilité » pour éliminer les contenus haineux, a-t-elle martelé mardi sur RTL, avant de recevoir les représentants français de Facebook, Google/YouTube, Twitter, Tiktok et Snapchat.

« L'idéologie islamiste », qui a inspiré le meurtre de Samuel Paty, « se propage beaucoup sur les réseaux sociaux », a souligné la ministre. « Il y a toute une série de jeunes qui ne se sont pas radicalisés dans une mosquée, ou en faisant une rencontre, ou en allant en prison. Mais qui se sont radicalisés tout seuls, dans leur chambre, devant un écran de téléphone ou d'ordinateur ».

Les professeurs du collège du Bois d'Aulne, collègues de Samuel Paty, ont également relevé le rôle des réseaux sociaux dans une déclaration publiée mardi. Ils n'incriminent pas directement les réseaux dans la mort de leur collègue, mais leur reprochent plutôt la constitution d'une ambiance générale délétère dans les établissement scolaires.

« Nous exprimons notre vive inquiétude face à l'impact des réseaux sociaux. La rapidité avec laquelle l'information est diffusée au plus grand nombre, et son aspect irréversible, sont un véritable fléau dans l'exercice de notre métier », déclarent-ils.

Faible marge de manoeuvre législative

La marge de manoeuvre législative du gouvernement et de la majorité est toutefois faible, après l'échec de la loi Avia contre les contenus haineux: elle obligeait les réseaux sociaux à retirer en moins de vingt-quatre heures les contenus « manifestement » illicites. Or le Conseil constitutionnel a retoqué le texte en juin, au nom de la défense de la liberté d'expression. 

Pour le Conseil, il était impossible d'imposer aux plates-formes de faire elles-mêmes le tri entre ce qui est « manifestement » illicite et ce qui ne l'est pas, au risque de les voir supprimer sans nuance tous les contenus qui leur sont signalés.

Les réseaux sociaux comme Facebook, par exemple, voudraient que ce soit le gouvernement, ou la justice, qui désigne explicitement et au cas par cas les contenus à éliminer.

Mardi, les responsables de Facebook France ont en tout cas affirmé la volonté du géant américain de « dialoguer et renforcer encore plus la collaboration avec les autorités, dont nous soutenons les efforts de toutes les manières possibles ».

« Nous ne cessons de renforcer nos règles » face aux contenus haineux « et avons massivement investi pour renforcer nos équipes et développer des technologies visant à éradiquer la haine sur nos plates-formes et à bâtir un internet plus sûr », a affirmé l'entreprise dans une déclaration transmise à la presse.

Pour un certain nombre d'experts, aucune solution ne pourra être trouvée sans que les plates-formes internet n'endossent une certaine part de responsabilité légale pour les contenus qu'elles diffusent, analogue à la responsabilité éditoriale en vigueur pour la presse.

Ils espèrent que la future directive européenne sur les services numériques (« Digital Services Act »), en préparation par la Commission européenne, permettra d'avancer en ce sens.


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.


L’Europe en rangs dispersés face à la déferlante Trump

Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
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  • Les Européens ont beau tenter de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour, selon un ancien diplomate français
  • Il craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, en raison de son manque de préparation

PARIS: Ça va mal pour l’Europe. C’est le constat que fait un ancien diplomate français, un peu plus d’une semaine à peine, après l’investiture du président Républicain Donald Trump pour un nouveau mandat à la Maison Blanche.

Durant son premier mandat (2017 à 2021), les dirigeants européens ont certes eu le loisir d’expérimenter ses méthodes brusques unilatérales et souvent provocantes.

Ils ont également compris que toutes ses décisions sont prises sur la seule base des intérêts des États Unis partant du fameux slogan « America first », faisant fi des accords internationaux et bilatéraux ainsi que des intérêts de ses propres alliés.

Pendant ces cinq années, Trump à avancé à la manière d’une déferlante, porté par un courant d’américains protestataires, que certains croyaient éphémère et voué à disparaître sous le poids des frasques présidentielles.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

- Arlette Khouri

Avec sa réélection pour succéder au président démocrate Joe Biden, force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé.

Au lieu de se dissiper, le courant protestataire s’est radicalisé, pour devenir un courant idéologique porteur d’une vision bien précise du monde et de la place suprémaciste  des États-Unis à la tête de ce monde.

Les européens ont eu beau tenté de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour assure l’ancien diplomate, qui craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, par son manque de préparation.

Or depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

Auparavant il avait assuré qu’il est en mesure de régler le conflit ukrainien en 24 heures dans l’ignorance la plus totale des intérêts européens et des menaces que cela peut impliquer au niveau de la sécurité du continent.

Sans tenir compte de leurs capacités économiques, il a sommé les pays européens de consacrer cinq pour cent de leurs revenus au budget de la défense, tout en laissant planer un doute sur l’avenir de l’engagement américain dans le cadre de la sécurité européenne.

Il a réitéré  à souhait son attachement à une mondialisation débridée, privilégiant les marchés et les produits américains, sans écarter une hausse exorbitante des droits de douanes sur les exportations européennes vers les États-Unis.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne.

- Arlette Khouri

Face à cela, souligne la source diplomatique, il faut une Europe homogène, et unifiée au sujet de l’attitude à adopter face au retour de Trump, mais cela est loin d’être le cas, puisque les rangs européens sont plus que jamais dispersés.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne, pour des raisons inhérentes à la mauvaise conjoncture politique aussi bien à Paris qu’à Bonn.

Selon la même source l’Europe diverge et hésite, entre une approche d’apaisement et une approche robuste et défensive.

La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen prône une approche latérale, qui consiste à proposer au président américain « des Deals » conçus de façon à donner à Trump l’impression d’être à son avantage.

La France, indique la source, cherche à dégager un minimum de dénominateurs communs entre les composantes européennes, et une approche commune à minima pour éviter à l’Europe, nombre de revers économiques et politiques dans les cinq années à venir.

Cela semble en tout cas  être l’objectif de la rencontre européenne informelle qui se tiendra à l’initiative de la France au Château Limont, le 3 février prochain, sans aucune garantie de succès, surtout que précise la source, certains pays d’Europe, dont l’Italie et la Pologne, courtisent Trump.

Par ailleurs, cette approche ne fait pas l’unanimité en France, où de nombreuses voix s’élèvent à la faveur d’une politique musclé face aux États-Unis, allant jusqu’à brandir le slogan « œil pour œil et dent pour dent », pour affronter l’agressivité Trumpiste.

La période est cruciale estime l’ancien diplomate, et à défaut d’unité et de préparation, les années à venir risquent d’être une sorte de « vallée de larmes », aussi bien pour l’Europe que pour le reste du monde, lorgné à travers le prisme abrupte et arbitraire du président américain.