Des places de la «révolution» au Parlement, le parcours de deux élus libanais

L'ophtalmologue Elias Jarade à gauche, et Firas Hamdane, avocat de profession. Tous deux ont été élus députés. (AFP).
L'ophtalmologue Elias Jarade à gauche, et Firas Hamdane, avocat de profession. Tous deux ont été élus députés. (AFP).
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Publié le Jeudi 19 mai 2022

Des places de la «révolution» au Parlement, le parcours de deux élus libanais

  • La percée des candidats indépendants au Liban aux législatives de dimanche est inédite
  • Parmi ceux issus du mouvement de contestation de 2019, Firas Hamdane, l'avocat et militant druze de 35 ans, et Elias Jarade, un chirurgien ophtalmologue chrétien de 55 ans

KFEIR : En 2020, Firas Hamdane a été grièvement blessé par balle dans la répression d'une manifestation antipouvoir près du siège du Parlement à Beyrouth. Deux ans plus tard, il s'apprête à siéger à la nouvelle assemblée comme représentant du mouvement de contestation.

La percée des candidats indépendants aux législatives de dimanche est inédite.

Parmi ceux issus du mouvement de contestation de 2019, Firas Hamdane, l'avocat et militant druze de 35 ans, et Elias Jarade, un chirurgien ophtalmologue chrétien de 55 ans.

Leur exploit: ils ont réussi à décrocher des sièges acquis depuis trois décennies aux alliés du puissant mouvement armé musulman chiite Hezbollah au Liban sud.

Dans la maison familiale de M. Hamdane entourée d'oliviers et de pins dans le village de Kfeir, amis et proches sont là chaque jour depuis le scrutin. Certains répondent aux appels téléphoniques continus, d'autres rappellent à l'élu ses entretiens avec les médias et des proches s'inquiétant pour sa santé lui demandent de se reposer. 

M. Hamdane, lui, savoure sa victoire.

"A tous ceux qui ont participé aux manifestations et subi la répression de la classe politique des années durant, je leur dis que l'une des victimes se trouve désormais au Parlement pour porter la voix de ceux qui sont à l'extérieur et réclamer leurs droits."

Une allusion à lui-même.

"Ma candidature aux législatives est le résultat d'un parcours qui a commencé au premier jour des manifestations contre le pouvoir (...) jusqu’à ma blessure" durant les protestations de 2020. 

«Reconstruire l'Etat»

M. Hamdane a participé à la "révolution", la contestation inédite lancée en octobre 2019 pour réclamer le départ d'une classe politique inchangée depuis des décennies et accusée de corruption, d'inertie et d'incompétence.

Le mouvement a été réprimé mais a continué pendant quelques mois au fur et à mesure que le pays s'enfonçait dans une crise socio-économique sans précédent, imputée à la classe dirigeante restée jusque-là sourde aux appels internationaux à des réformes nécessaires pour toute aide financière. 

Le 4 août 2020, d'énormes quantités de nitrate d'ammonium stockées sans mesures de précaution au port de Beyrouth explosent faisant plus de 200 morts. Ce drame est largement attribué à l'incurie des dirigeants. 

Des protestations vont éclater pour conspuer le pouvoir. Elles seront aussi réprimées par des tirs de grenaille ou des balles en caoutchouc selon des ONG.

Firas Hamdane faisait là aussi partie des protestataires. Il a été grièvement blessé et opéré à cœur ouvert. Mais les médecins n'ont pu extraire les éclats dans son cœur.

"Nous avons mené la bataille (...) avec l'objectif de rétablir les droits des citoyens, de montrer que l'opposition existe au Liban sud et de briser l'hégémonie politique. Et nous avons réussi."

Selon lui, il faut "reconstruire un Etat de droit" pour "rétablir la confiance dans le pays devenu un pays de mort et de migration".

De nombreux Libanais ont choisi l'exil après la crise marquée par une dégringolade de la monnaie nationale, des restrictions bancaires étouffantes et l'appauvrissement de la population.

«L'espoir, après le désespoir»

Le père de Firas Hamdane, le général de brigade à la retraite Ismaïl Hamdane, ne cache pas sa fierté. "Les responsables doivent comprendre que le changement a commencé."

Quelques kilomètres plus loin, dans le village d'Ibl Al-Saqi, la famille d'Elias Jarade se charge d'accueillir proches et amis dans la maison pleine de fleurs.

Le nouvel élu n'y était pas car s'occupant de ses patients à Beyrouth.

Diplômé de Harvard aux Etats-Unis, M. Jarade divise son temps entre le Liban et les Emirats arabes unis. 

Entre deux opérations, il répond aux questions de l'AFP.

"Beaucoup m'ont demandé: 'vous êtes un médecin connu et intègre, que faites-vous?'", dit-il en allusion à sa candidature. "Comme si la politique n'était pas réservé aux professionnels et honnêtes gens!"

Père de deux filles, M. Jarade espère pouvoir donner à la jeune génération "de l'espoir après... le désespoir".

"Nous sommes la révolution et un modèle. Nous disons à tous: libérez-vous" des partis traditionnels.

Malgré cette victoire, les deux députés sont conscients de la difficulté de leur tâche. 

"Nous ne sommes pas issus de familles politiques ou nanties, nous sommes des gens ordinaires qui travaillent et vivent dans la dignité", lance Firas Hamdane, dont l'une des ambitions est de pouvoir mettre fin à l'impunité, très répandue dans le pays.

Son collègue Elias Jarade abonde. "Nous ne serons peut-être pas une planche de salut, mais nous créerons une lueur d'espoir (...) pour construire le Liban dont nous rêvons."


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).