HELSINKI: Le Parlement finlandais a voté mardi en faveur de l'adhésion à l'Otan avec une majorité écrasante de plus de 95%, permettant l'envoi de la candidature officielle du pays nordique au siège de l'alliance.
Au terme d'une session parlementaire de deux jours, le projet d'adhésion a été adopté par 188 voix pour, huit contre et aucune abstention, selon le résultat du scrutin.
Les candidatures de la Finlande et de la Suède, conséquence directe de l'invasion de l'Ukraine par Moscou, ont été officialisées respectivement dimanche et lundi.
Une majorité écrasante était attendue au Parlement finlandais, mais le score final va encore au-delà des dernières projections.
"C'est un résultat exceptionnel, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit si net. Le vote est clair, plus de discussion, ce (mardi) soir nous signerons notre lettre de candidature à l'Otan", a déclaré le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto à la télévision après le vote.
Otan: le président finlandais confiant d'obtenir l'accord de la Turquie
Le président finlandais s'est dit "optimiste" mardi sur le fait d'obtenir le soutien de la Turquie à l'adhésion de son pays et de la Suède à l'Otan, malgré les menaces de blocage du président Recep Tayyip Erdogan.
"Les derniers jours ont été un peu surprenants", a souligné Sauli Niinistö lors d'une visite d'Etat en Suède coïncidant avec l'annonce de la candidature des deux pays nordiques. Lors d'un appel le mois dernier avec le président Erdogan, ce dernier s'était dit "favorable" à l'entrée de la Finlande "et la semaine dernière il s'est dit +pas favorable+", a-t-il ajouté. "Cela signifie que nous devons continuer nos discussions. Je suis optimiste", a affirmé le président finlandais. "A l'aide de discussions constructives, j'ai confiance que la situation peut-être résolue", a-t-il poursuivi.Le président Erdogan a affirmé lundi soir que la Turquie ne "cèdera(it) pas" sur l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan après que les deux pays ont officialisé leur candidature.
Après ce feu vert parlementaire, Helsinki peut envoyer sa candidature au siège de l'Otan à Bruxelles, simultanément avec la Suède.
Cela aura "sans doute" lieu mercredi, selon M. Haavisto.
Stockholm, où le Parlement a été consulté lundi, est également prêt: la ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde a signé mardi matin l'acte de candidature suédoise, lors d'une cérémonie.
Jeudi, le président finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson doivent rencontrer le président américain Joe Biden à Washington, a annoncé la Maison Blanche.
Après un bond spectaculaire en faveur de l'adhésion dans l'opinion publique, la Suède et la Finlande ont jugé nécessaire de se placer à l'abri du parapluie otanien face à une Russie capable d'envahir militairement un de ses voisins.
L'Allemagne va «intensifier» sa coopération militaire avec la Suède et la Finlande, candidates à l'Otan
Le chancelier allemand Olaf Scholz a assuré mardi que son pays allait "intensifier" sa coopération militaire avec la Suède et la Finlande, qui cherchent des assurances de sécurité pour la période de transition jusqu'à leur intégration souhaitée dans l'Otan.
"Nous allons intensifier notre coopération militaire, notamment dans la région de la mer Baltique, et via des exercices communs", a affirmé M. Scholz lors d'une conférence de presse à Berlin.
Il a précisé que Suède et Finlande pourront compter sur le soutien de l'Allemagne, "surtout dans cette situation très particulière" précédant leur acceptation espérée au sein de l'Otan.
Dès à présent, "il est déjà clair que nos pays sont liés par l'obligation de s'entraider conformément à l'article 51 de la Charte des Nations Unies, de fournir toute l'aide et tout le soutien possibles pour se protéger mutuellement", selon M. Scholz.
Après près de deux siècles de neutralité puis de non-alignement militaire, la Suède et la Finlande, membres de l'UE, viennent d'officialiser leur candidature à l'Otan, conséquence directe de l'invasion russe de l'Ukraine.
"L'Allemagne s'engagera à ce que la procédure d'adhésion se déroule très rapidement", a ajouté le chancelier. M. Scholz s'est dit "confiant" de pouvoir atteindre ce consensus, malgré les menaces de blocage du président turc Recep Tayyip Erdogan.
"Nous voyons comment la Turquie agit, notamment dans la situation conflictuelle actuelle : elle a déjà apporté de nombreuses contributions constructives, avec la mise en œuvre des décisions concernant le passage du Bosphore, et je pense que nous pouvons garder cette confiance", a-t-il déclaré.
Les deux pays tourneraient ainsi la page de décennies de neutralité puis de non-alignement militaire.
L'adhésion, qui nécessite l'unanimité des 30 membres actuels de l'Otan, fait toutefois face à un obstacle inattendu depuis la fin de semaine dernière, avec l'opposition affichée par le président turc Recep Tayyip Erdogan.
La Turquie leur reproche - et surtout à Stockholm - de faire preuve d'une trop grande mansuétude vis-à-vis du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, bien qu'il soit sur la liste de l'UE des organisations terroristes.